​La fin de l'histoire ou le début des conflagrations ?

En 1992, l'économiste politique Francis Fukuyama écrivait un livre marquant, "La Fin de l'Histoire". Illusionné par la chute des deux contre-modèles américains, à savoir le maoïsme et le marxisme-léninisme, inspiré par la réunification allemande et l'unité militaire contre l'Irak lors de la première guerre du Golfe de 1991, ce chercheur en lévitation reaganienne concluait à la suprématie du modèle anglo-américain.


Neuf ans plus tard, les attentats du World Trade Center, combinés à l'émergence de superpuissances qui rejettent l'occident sur de multiples arrière-plans religieux et ethniques, démontrent la naïveté des thèses et des prédictions de Fukuyama.


Le monde se disloque, et l'ancrage américain de l'Europe pourrait se rompre sous une seconde présidence de Trump, tandis que les fissures politiques entre les pays européens vont s'élargir à l'aune de la guerre ukrainienne. L'Europe ne s'est pas construite, et ses dépendances et hétérogénéités vont contribuer à révéler une divergence franco-allemande, et évidemment un ressentiment des pays de l'Est qui constateront, comme la Pologne en 1939, que l'Ouest européen les abandonne. Le monde se fracture aussi avec cet assemblage hétéroclite des pays du BRICS+ qui rejette le modèle occidental, sans comprendre que l'impotence à affirmer la nécessité de la paix dans le monde le disqualifie.

Et puis, plus généralement, le monde onusien de 1945 et ses casques bleus se sont évaporés. On ne cherche plus la paix, on tolère les guerres en exprimant "sa plus grande préoccupation" (ce qui signifie qu'on ne fait rien), et on observe un massacre à Gaza à tel point que certains pays, alors qu'ils pourraient intervenir, se contentent de faire un pont aérien pour apporter de la nourriture et des médicaments à des civils dont l'existence est menacée, comme lors du pont aérien de Berlin en 1948.


Où est notre sens de la justice ? De la paix ? De l'honneur ?


Parfois, disait Camus, il ne faut pas mettre son fauteuil dans le sens de l'histoire.

Toutes les guerres d'aujourd'hui sont les ferments des conflits futurs, à l'instar du Traité de Versailles qui annonçait, avec 21 ans d'avance, le prochain conflit émanant d'Allemagne.

Je crois d'ailleurs que toute guerre crée l'amplification des suivantes dans une vision entropique des événements.

Et finalement, Francis Fukuyama avait peut-être raison : c'est peut-être la fin de notre histoire, de celle que nous connaissons, qui s'annonce. Les prochaines années sont sombres et nos leaders politiques actuels ne sont pas à la hauteur des défis sociétaux.

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