La Royauté, un pilier fondamental de la stabilité belge?

La Belgique est un beau pays qui va fêter son bicentenaire dans 6 ans. Deux siècles de stabilité monarchique, malgré la parenthèse de la question royale, c’est remarquable. Quelle différence avec l’Allemagne qui, en moins de deux siècles, fit trois fois la guerre à la France, commit sa réunification, connut deux Reichs et deux républiques, tout en étant occupée, divisée et réunifiée ! Pendant la même période, la France connut une monarchie, un empire, quatre républiques et une période innommable, l’État français, entre 1940 et 1944.

Depuis le début de son existence, la Belgique est un pays qui était déchiré par des courants linguistiques et communautaires antagonistes et c’est surtout c’est un pays qui a été créé ex nihilo, qui n’a pas d’existence ancestrale.

Il faut tout d’abord se souvenir de l’origine de la Belgique. Elle est née dans un contexte de monarchies et à part l’expérience de la Révolution française qui a pétrifié tout le reste de l’Europe et qui s’est terminée par la Restauration en 1815, le XIXe siècle s’est majoritairement caractérisé par des régimes monarchiques ou impériaux. La Belgique a été créée dans le sillage du contexte de l’époque, puisqu’elle est née dans la poursuite de la révolution monarchique française de Juillet. Louis-Philippe, l’orléaniste, non plus roi de France, mais des Français, dont notre premier roi épousa la fille, mit fin au règne des Bourbons. Et je pense qu’il y avait à l’époque pas d’autres souhaits que de faire de la Belgique une monarchie d’extraction prestigieuse.

Le récit national qui veut que la Belgique existe depuis le fond des âges et que sa naturalité soit confirmée par l’existence de neuf tribus gauloises correspondant exactement aux neuf provinces d’antan ne convainc plus grand monde. On admettra que la fameuse phrase de Jules César dans son récit de la guerre des Gaules : « Horum omnium fortissimi sunt Belgae », littéralement traduite en français par « De tous les peuples de la Gaule, les Belges sont les plus braves », est une preuve très légère de l’origine ancestrale de la Belgique. Il en est de même pour l’indépendance embrasée par la représentation de La Muette de Portici en août 1830 donnée en l’honneur de l’anniversaire de Guillaume Ier des Pays-Bas.

La Belgique n’est donc pas un pays qui est issu du fond des âges : c’est un pays qui était créé de manière théorique même si les premières traces d’homogénéité existent depuis trois ou quatre siècles, comme le brillant historien Henri Pirenne l’a documenté. Et donc il a fallu renforcer l’artifice par le fait d’en faire un royaume. Même si le rôle du roi est devenu essentiellement protocolaire, il est important d’avoir une figure centrale qui incarne une source d’inspiration ou de consensus domestique dans un pays qui est animé par des forces centrifuges. L’État ne peut pas se satisfaire d’être un reflet immédiat de la société. La monarchie ne peut pas être abandonnée à nos fluences politiques ou culturelles au milieu des variations et des ingratitudes. Parce que les pères fondateurs du pays l’ont choisie et surtout que nous l’avons personnifiée, cette monarchie nous discipline dans un incontestable rassemblement. Cette fédération, c’est celle des valeurs morales supérieures qui fondent les peuples et bâtissent les solidarités.

Les citoyens considèrent que le roi, ou plutôt la monarchie, c’est le javelot qui a été planté il y a deux siècles pour former ce pays et que la lignée royale est importante. L’évanescence et la nervosité du monde politique ne s’accommodent pas d’une gestion rassurée du pays. La monarchie est un facteur de tranquillité qui est essentiel.

Alors, exigeons ensemble une réalité politique de haute tenue morale plutôt que d’être entraînés vers le bas par une particratie qui reflète le manque d’ambition patriotique de ceux qui l’animent. Car le patriotisme, c’est un projet de société et c’est aimer son pays et respecter ses régions dans l’écoute et la bienveillance.

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