Le prix de la guerre

Le monde va payer au prix fort l’invasion de l’Ukraine par la Russie. La guerre, qui a déjà fait des milliers de morts et contraint des millions à l’exil, a placé l’économie mondiale sur une trajectoire de ralentissement de la croissance et de hausse de l’inflation.

La dernière édition des Perspectives économiques de l’OCDE souligne les risques qui pèsent sur les populations à faible revenu et la sécurité alimentaire dans le monde entier.

Cette hausse de l’inflation, amplement due à l’envolée des prix de l’énergie et de l’alimentation, crée des difficultés pour les populations à faible revenu et soulève des risques sérieux pour la sécurité alimentaire des économies les plus pauvres de la planèt



> Les trois principaux messages de ces perspectives économiques sont les suivants :

La guerre ralentit la reprise

Les tensions inflationnistes se sont intensifiées

La crise du coût de la vie entraînera des difficultés et des risques de famine


La guerre ralentit la reprise

Avant la guerre, l’économie mondiale était bien engagée sur la voie d’une reprise solide, quoique inégale, après la pandémie de COVID-19. Le conflit en Ukraine et les perturbations des chaînes d’approvisionnement, que les mesures de confinement en Chine, dictées par la politique « zéro COVID », n’ont fait qu’exacerber, portent un coup sérieux à cette reprise.

Selon les projections, la croissance du PIB mondial devrait désormais ralentir fortement cette année pour s’établir autour de 3 % et maintenir ce rythme en 2023. Ce taux est bien en deçà des projections de décembre dernier.

La croissance devrait être nettement plus faible que prévu dans la plupart des économies. Nombre de pays parmi les plus durement touchés se situent en Europe, qui est très fortement exposée à la guerre en raison de ses importations d’énergie et de l’afflux de réfugiés.

Partout dans le monde, les pays pâtissent du renchérissement des matières premières, qui ne fait qu’ajouter aux tensions inflationnistes et pèse sur les revenus réels et les dépenses, freinant un peu plus la reprise.

Le ralentissement de la croissance est l‘un des prix à payer pour cette guerre : il prendra la forme d’une diminution des revenus et des perspectives d’emploi.


Les tensions inflationnistes se sont intensifiées

La guerre en Ukraine a anéanti l’espoir d’une fin rapide de la hausse de l’inflation engendrée par les difficultés d’approvisionnement liées au COVID-19, observées dans l’économie mondiale en 2021 et au début de 2022.

Du fait des prix élevés des produits alimentaires et de l’énergie et de la dégradation continue de la situation des chaînes d’approvisionnement, la hausse des prix à la consommation n’atteindra son pic que plus tard et à un niveau plus élevé que prévu initialement.

Les nouvelles projections de l’OCDE montrent l’ampleur et la dimension mondiale de l’impact de la guerre sur l’inflation, qui a d’ores et déjà atteint des niveaux inédits depuis 40 ans en Allemagne, au Royaume-Uni et aux États-Unis.

L’allègement progressif des tensions sur les chaînes d’approvisionnement et les prix des matières premières et la hausse des taux d’intérêt devraient commencer à faire sentir leurs effets courant 2023, mais l’inflation sous-jacente devrait néanmoins rester supérieure ou égale aux objectifs des banques centrales dans nombre de grandes économies avancées à la fin de l’année.



La crise du coût de la vie entraînera des difficultés et des risques de famine

La Russie et l’Ukraine sont des fournisseurs importants sur de nombreux marchés de matières premières. À eux deux, ces pays représentaient 30 % environ des exportations mondiales de blé, 20 % pour le maïs, les engrais minéraux et le gaz naturel, et 11 % pour le pétrole. Les prix de ces matières premières ont nettement augmenté après le déclenchement de la guerre.

En l’absence de toute intervention, le risque d’une crise alimentaire est grand. Les perturbations dans les chaînes d’approvisionnement se multiplient et menacent en particulier les pays à faible revenu qui sont très dépendants de la Russie et de l’Ukraine pour leurs produits alimentaires de base. Compte tenu de leurs finances publiques déjà mises à rude épreuve par deux années de pandémie, ces pays pourraient avoir des difficultés à approvisionner leurs populations en produits alimentaires et en énergie à des prix abordables, s’exposant ainsi à des risques de famine et de troubles sociaux.

La flambée des prix des matières premières et les perturbations qu’elle risque d’entraîner dans la production auront des conséquences notables. La nette envolée des prix érode déjà le pouvoir d’achat et va contraindre les ménages modestes, partout dans le monde, à rogner sur d’autres postes de dépenses pour couvrir leurs besoins de base en énergie et en alimentation.


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> EVOLUTION EN BELGIQUE "

La croissance continuera de ralentir du fait de la recrudescence des incertitudes, mais restera solide et atteindra 2.4 % en 2022, avant de tomber à 1 % en 2023. L’indexation automatique des salaires, les mesures d’aide face à l’envolée des prix de l’énergie et la hausse continue de l’emploi soutiendront la demande intérieure. Le taux de chômage devrait se maintenir au-dessus de 6 %. L’inflation globale amorcera un repli tout au long du second semestre de 2022, mais l’inflation sous-jacente demeurera élevée pendant la période considérée.

L’orientation budgétaire sera expansionniste en 2022, mais restrictive en 2023. Les mesures de soutien devraient être bien ciblées et temporaires pour préserver et amplifier la reprise sans compromettre la viabilité des finances publiques. Il est essentiel d’offrir plus de visibilité pour les investissements et de promouvoir des sources d’énergie alternatives pour assurer la sécurité de l’approvisionnement en électricité et favoriser la transition verte. L’augmentation continue de l’emploi et la mise en place de réformes porteuses de gains de productivité seront nécessaires pour préparer l’économie aux chocs futurs et permettre la transformation numérique. ....

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Source : OCDE, juin 2022

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