Un président de parti francophone m’a dit, il y a très longtemps, que la Belgique était dirigée par une junte de présidents de partis, ce qui sous-entendait que la Belgique était dirigée non pas par ses représentants élus, mais par la capacité d'un président de parti à obtenir l'adhésion de ses propres membres. Le vote d'un adhérent était donc plus important que celui des électeurs.
Étant Belgicain, monarchiste mais surtout légaliste, je ne l'ai pas cru.
On le constate de manière crue depuis des mois : les parlementaires fédéraux ne servent plus à grand-chose alors que c'est eux que nous avons élus. Le programme gouvernemental a été rédigé par des présidents de parti flanqués de quelques hommes de l'ombre sans légitimité démocratique. Les dernières mesures du gouvernement ont été décidées par le gouvernement et le parlement votera, les yeux fermés, la majorité contre l'opposition minoritaire, sans réel débat de fond. Et je m'inquiète d'ailleurs pour nos parlementaires ainsi que pour les ministres nommés par surprise, dont la légitimité, démocratique mais pas particratique, est douteuse : que font-ils pour leurs électeurs, si le débat est inexistant ?
Et de lire que pour le projet d'ajustement budgétaire, le président du parti libéral francophone veut l'élaborer avec le Kern (donc le Premier Ministre, les vice-premiers ministres) et les présidents de parti.
Le régime politique aurait-il changé car la crue vérité est que le parlement ne surveille plus l’exécutif. Ce sont les président de parti qui dirigent le pays sans contrôle du parlement puisque ce dernier leur est soumis.
Et dans ces moments de solitude, je me remémore mes cours de latin, avec le fameux « Quo usque tandem abutere… » de Cicéron.
Et je me demande si nous ne sommes pas tombés dans une particratie consulaire (et mediatique), bref l'inverse de ce que la Constitution prévoit.