​Comprenez les Américains, vous comprendrez Trump!

Pour bien comprendre les Américains, il faut garder une seule règle en tête. Une seule (très simplifiée évidemment).

Les Européens sont déductifs, tandis que les Américains sont inductifs.

La déduction consiste à partir de principes généraux pour les appliquer à une situation particulière. C’est ce que l’on appelle un raisonnement "principle-based". Nous cherchons des formules, des abaques, des obéissances.

À l’inverse, les Américains sont inductifs. L’induction, qualifiée de "rule-based", consiste à partir de l’expérience et des faits concrets pour en dégager des règles applicables à d’autres situations.

Ces réalités ont une origine religieuse. Les pays à tradition catholique et luthérienne sont majoritairement déductifs. En revanche, les pays d’essence calviniste (Suisse, Pays-Bas, Royaume-Uni, États-Unis) sont inductifs. Cette induction peut être, de manière très vague, reliée au concept de prédestination calviniste, selon lequel la réussite matérielle est considérée comme une forme de confirmation divine.

Cette distinction se traduit dans tous les domaines de la vie commerciale : le droit, la comptabilité, la fiscalité, le management, et bien sûr, dans les comportements économiques et sociaux.

L’induction est une amnésie volontaire : elle pousse à s’adapter sans cesse, à apprendre de l’expérience et à ne jamais s’arrêter. Il n’y a pas de point d’arrêt, mais une nécessité permanente d’amélioration, d’innovation et de progrès. Dès qu’une réussite est obtenue, elle doit être amplifiée. L’échec, loin d’être une fatalité, est perçu comme une opportunité d’apprentissage permettant de mieux réussir la fois suivante.

C’est ainsi que s’explique l’état d’esprit entrepreneurial américain, où le pragmatisme l’emporte toujours sur la théorie.

Et cela permet aussi de comprendre Donald Trump.​