Une étude menée par le groupe de services RH Liantis auprès de 7 513 travailleurs révèle que 18,73 % d’entre eux ont été confrontés à des violences verbales de la part de collègues sur le lieu de travail en 2021.
Constat étonnant : les personnes exerçant des fonctions dirigeantes sont plus souvent exposées à la violence verbale de collègues qui n’occupent pas des fonctions de direction. « La mise en place d’un code de conduite au travail peut contribuer à mieux définir les comportements acceptables et ceux qui sont tout à fait inadmissibles », estime Liantis.
En tant que service externe de prévention, Liantis aide des entreprises et des organisations à réaliser des analyses des risques sur le lieu de travail. Il recense également les risques psychosociaux, par exemple – une obligation à laquelle les entreprises doivent satisfaire en Belgique. En 2021, Liantis a mené une enquête sur le bien-être psychosocial au travail auprès de 7 513 travailleurs afin de formuler ensuite des conseils pratiques sur les éventuelles mesures à prendre.
La violence verbale est l’un des aspects examinés dans le cadre de l’enquête. Il ressort de l’étude que 18,73 % des travailleurs – soit près d’un sur cinq – ont été confrontés à des violences verbales au travail émanant de collègues ou de supérieurs en 2021. Les chiffres de 2020 étaient légèrement plus élevés et atteignaient 19,17 %. Ce pourcentage était de 23,11 % en 2019 - l’année qui a précédé la pandémie de coronavirus.
Le nombre de répondants ayant eu affaire à des menaces physiques a lui aussi diminué. Ils étaient 5,6 % en 2021, contre environ 10 % en 2020 et en 2019. « À l’époque, une très grande partie de la population télétravaillait. Il est donc logique que ce pourcentage soit en recul, puisqu’il y avait moins d’interactions sociales. Lorsque ces interactions sont fortement réduites, la probabilité de voir un collègue sortir de ses gonds diminue également. Cela vaut aussi bien pour les agressions verbales que physiques », déclare Marco Vandamme, conseiller en prévention - aspects psychosociaux chez Liantis.
Il ressort de l’analyse que les personnes exerçant des fonctions dirigeantes sont plus souvent exposées à la violence verbale de collègues qui n’occupent pas des fonctions de direction. « Un des rôles clés d’un responsable consiste à évaluer le mode de fonctionnement d’un collaborateur. En d’autres termes, par rapport à un collaborateur qui n’exerce pas de fonction dirigeante, vous devrez en tant que responsable demander plus souvent des explications à des collègues concernant un comportement inadéquat, des conflits sur le lieu de travail, etc. Ces entretiens ne se déroulent pas toujours sans heurts et il arrive que les esprits s’échauffent. Un responsable doit également intervenir fréquemment dans les conflits au sein de l’équipe. »
Un constat étonnant : les hommes déclarent plus souvent avoir été confrontés à des violences verbales. En 2021, 23,26 % des hommes étaient concernés. Chez les travailleuses, le pourcentage était de 17,48 % la même année. Les menaces physiques suivent le même schéma : les hommes les signalent plus souvent que les femmes. Il apparaît en outre que cette tendance se dessine depuis quelques années déjà.
« Nous avions déjà relevé dans le cadre d’autres études que les hommes font état d’un plus grand nombre d’agressions par des collègues que les femmes », déclare Marco Vandamme.
« Il faut cependant souligner un point important : des études précédentes nous ont appris que les femmes signalent davantage d’agressions émanant de tiers. Cela tient probablement au fait que les femmes exercent plus souvent des métiers dits de contact, dans le secteur des soins par exemple, et sont donc plus souvent en contact avec des tiers. La raison qui amène les hommes à signaler plus souvent les violences verbales de collègues est peut-être liée au fait que crier est encore trop souvent utilisé comme une manière de communiquer. Il faut par exemple crier pour être entendu à l’autre bout d’un chantier sur lequel il y a énormément de bruit. Nous devons maintenant approfondir l’analyse, parce que ce point peut avoir un grand impact sur le bien-être psychosocial de ces travailleurs. »
Lorsque des travailleurs sont souvent exposés à des risques psychosociaux comme une charge de travail importante, l’incertitude, etc., ils seront plus sensibles au stress et les conflits au travail augmenteront. « Pour réduire l’agressivité au sein de l’organisation, il est donc crucial de continuer à investir dans la prévention de ces risques psychosociaux », poursuit Marco Vandamme. « Il est également essentiel de soutenir tous les niveaux qui composent l’organisation. Lorsque l’ambiance de travail est bonne, les collaborateurs n’hésitent pas à s’adresser aux responsables d’équipe. Ces derniers doivent eux aussi avoir la possibilité de se tourner vers quelqu’un pour discuter de situations difficiles. Il peut s’agir de leur supérieur ou de collègues responsables d’équipe. »
Enfin, Liantis considère que l’élaboration d’un code de conduite au niveau de l’organisation peut s’avérer très positive. Cette démarche permet à l’employeur de préciser clairement les comportements acceptables ou inadmissibles. Marco Vandamme :
« Le plus important est toutefois de créer une culture d’entreprise telle que les travailleurs n’hésitent pas à discuter franchement et facilement des éventuels problèmes. Vous constatez que le ton monte entre deux collègues ? Allez les trouver et demandez-leur si tout va bien. Vous voyez un collègue crier sur un autre collègue ? Demandez-leur aussitôt des explications. Proposez votre aide et entamez un dialogue, avec chacun d’eux ou avec le responsable d’équipe. Il n’est pas toujours facile d’intervenir, mais une politique du laisser-faire sera, à terme, toujours nocive pour le bien-être de toutes les parties concernées sur le lieu de travail. »
Source : Liantis RH, presse, 22 mai 2022