De l'injuste différence entre la pension d'un fonctionnaire et celle d'un travailleur du privé…

A lire l'article un récent article de L'écho, la pension maximum d’un fonctionnaire atteindrait donc 7.969 EUR bruts par mois, tandis que celle d’un salarié du privé ne peut pas dépasser 3.094 EUR brut par mois. Plus de 5000 fonctionnaires auraient droit à la pension maximum (coût = environ 500 Mio par an) tandis que, pour les pensions ayant pris cours en 2023, aucun salarié n’a eu droit à la pension maximum, faute de remplir les deux critères (45 ans de carrière ET un salaire mensuel correspondant au montant maximal théorique).

A ces quelques 5.000 fonctionnaires, il faut encore ajouter les (trop) nombreux mandataires politiques dont la pension maximum peut, dans certains cas, dépasser la pension maximum d’un fonctionnaire.

Or, pour un salarié qui aurait droit à la pension maximum et pour égaler la pension maximum d’un fonctionnaire pendant, disons, 20 ans, le coût s’élèverait à (7.969 EUR – 3.094 EUR x 12 mois x 20 ans) = 1.170.000 EUR. Ce rapide – et certainement trop simpliste - calcul ne tient cependant pas compte de l’indexation, ni de la péréquation des pensions des fonctionnaires (i.e. le mécanisme qui permet de revaloriser leur pension, en suivant l'évolution des traitements des fonctionnaires actifs et qui se superpose à l’indexation).

Selon l’article, « l’énorme différence entre la pension maximum d’un fonctionnaire et d’un salarié (ou d’un indépendant) s’explique principalement par le fait que les agents de l’État n’ont pas accès à la pension complémentaire (deuxième pilier) et par des inégalités entre statuts qui persistent encore » (sic). Cette "explication" est inaudible et inacceptable.

Les pensions légales des salariés sont alimentées par les cotisations obligatoires des employés et des employeurs ; les pensions complémentaires sont alimentées par des cotisations volontaires qui sont en fait des rémunérations différées du travail. Ce sont donc les travailleurs du privé qui financent par des prélèvements obligatoires ou non sur leur rémunération les retraites du secteur privé. Les pensions des fonctionnaires sont par contre payées par l’Etat ou ses subdivisions et donc par nos impôts.

Dès lors, la décence et l’équité voudraient que la pension légale d’un fonctionnaire – et a fortiori, celle d’un mandataire public – ne puisse pas dépasser la pension légale maximum d’un salarié du privé, quitte à revaloriser par ailleurs la rémunération des fonctionnaires actifs (l’éventuelle différence salariale avec le privé ne peut plus être « compensée » par de meilleures pensions car cela reporte budgétairement une partie du coût de fonctionnement actuel de la fonction publique sur les générations futures).

Bref, en finir avec le « win for life » des pensions publiques et aligner davantage le statut des fonctionnaires sur le régime du secteur privé.

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