Déficits budgétaires et transferts Nord-Sud? Voici comment régler les deux enjeux!

Le comité de monitoring estime le déficit budgétaire fédéral en 2024 à 18,5 milliards, soit 3,1% du PIB. Les transferts de la Flandre vers la Wallonie sont estimés entre 5 et 6 milliards d'euros par an. On pourrait régler les deux problèmes ensemble en atteignant un taux d’emploi de 80 %. Réaliste?

Selon les objectifs du gouvernemental fédéral, le taux d’emploi — c'est-à-dire le nombre de personnes entre 18 et 65 ans qui participent effectivement au marché du travail — doit atteindre 80% d'ici à 2030. Sachant que 2024 est une année électorale et que 2025 sera probablement une année «en quête d’une majorité viable», il reste donc encore cinq années utiles pour atteindre cet objectif.

Aujourd'hui (chiffres du 2ᵉ trimestre), nous en sommes à 71,4%. Pour atteindre l’objectif de 80%, 581.000 Belges qui sont actuellement à la recherche d'un emploi, en formation professionnelle ou encore en statut de maladie de longue durée, doivent encore trouver du travail. Pour atteindre 80% dans les trois régions, 115.000 Flamands inactifs supplémentaires doivent trouver leur chemin vers le marché du travail, ainsi que 130.000 Bruxellois et 335.000 Wallons.

Si cet objectif était atteint, plus qu’un demi-million de Belges qui aujourd’hui bénéficient d’une allocation ou autre ne dépendraient plus des dépenses publiques. Au contraire, ils contribueraient au budget par le biais des cotisations sociales de l’employeur et de l’employé, ainsi que de l’impôt sur le revenu des personnes physiques.


Aujourd’hui, le coût moyen d'un chômeur est estimé à 13.000 euros par an et la perte de revenus qui y est associée à 27.000 euros.

Aujourd’hui, le coût moyen d'un chômeur est estimé à 13.000 euros par an et la perte de revenus qui y est associée à 27.000 euros. Substituer le statut de chômeur contre le statut d'actif rapporte donc 40.000 euros par personne au gouvernement. En clair, si nous parvenions à atteindre un taux d’emploi de 80% dans les trois régions, cela signifierait un impact budgétaire de 23 milliards (40.000 € x 581.000) et le budget serait donc en équilibre. C'est un défi énorme, surtout pour une population vieillissante, caractérisée par une pyramide des âges inversée. La véritable question est donc: est-ce réaliste dans un contexte belge?


Impossible? Non, pas du tout...

Par rapport aux autres pays européens, le taux de participation reste très faible. La part des personnes participant au marché du travail reste inférieure de 4 points de pourcentage à celle de l'UE et de 14 points de pourcentage à celle, par exemple, des Pays-Bas. La durée de la vie active est l'une des plus basses d'Europe, soit 34,5 ans. Et, pour tout dire, de nombreux pays européens ont déjà atteint l’objectif de 80%. C'est le cas de l’Allemagne, des Pays-Bas, de la Hongrie, de l’Estonie, de Malte et de la Suède, pour n’en citer que quelques-uns.

Qu’ont donc en commun ces pays?

  1. Premièrement, des contrôles stricts sur les personnes qui ne veulent pas travailler, ce qui contraste fortement avec la politique laxiste du Forem, par exemple.
  2. Deuxièmement, la limitation dans le temps de l’indemnisation du chômage. Aux Pays-Bas, par exemple, la durée maximale est de 24 mois, mais elle n'est obtenue que si vous avez travaillé pendant 24 ans (un mois par année travaillée). En Allemagne, c’est 12 mois, avec un maximum de 24 mois pour les personnes âgées. En Estonie, c’est sept mois et à Malte seulement six mois. Le contraste est saisissant avec la durée illimitée qui prévaut en Belgique
  3. Troisièmement, le paiement est effectué par un service public. Le «système de Gand», comme on l’appelle dans la littérature internationale, dans lequel les syndicats versent des allocations de chômage, est tout à fait exceptionnel (uniquement en vigueur en Belgique et dans les pays scandinaves) et conduit à un degré de syndicalisation élevé qui donne l’illusion du pouvoir aux syndicats, ce qui se traduit aussi par de multiples grèves.
  4. Quatrièmement, une faible pression fiscale, surtout sur les salaires les plus bas.


Ce sont des politiques socio-économiques, et non des politiques communautaires, qui peuvent mettre un terme aux transferts.

En réalité, ce qui manque singulièrement pour atteindre cet objectif, dans un pays où il y a autant de postes vacants que de chômeurs, c’est le courage politique de prendre ces quatre mesures socio-économiquespourtant nécessaires. Et pour ceux qui considèrent cette approche «asociale», le travail est le meilleur moyen pour lutter contre la pauvreté et en même temps la meilleure façon d’assurer une pérennité du financement de l’assurance sociale pour ceux qui sont dans les besoins.


La fin des transferts

Outre l’objectif de l’équilibre budgétaire, réaliser cette ambition signifierait également un tarissement des transferts de la Flandre vers la Wallonie. Car si l'on regarde de plus près les transferts vers la Wallonie, on constate que 90% de ces transferts concernent les moindres contributions des Wallons et des Bruxellois à l'impôt sur le revenu d’une part, et lacharge des allocations d’autres part. Si davantage de Wallons et de Bruxellois travaillaient, cela réduirait mécaniquement les dépenses sociales et augmenterait les impôts sur le revenu.

Ajoutez à cela le vieillissement plus rapide de la population flamande, et il n’y aura plus de transferts. Bref, ce sont des politiques socio-économiques, et non des politiques communautaires, qui peuvent mettre un terme aux transferts. Mettre en œuvre les quatre mesures mentionnées ci-dessus sera à coup sûr plus facile que de diviser le pays ou de faire une ixième réforme communautaire. Qui plus est, cela ne nécessite même pas une majorité des deux tiers.

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