​Donald Trump et le dollar: une équation sans solution

Si Donald Trump est élu Président, il est plus que probable qu’il mette en œuvre une chimie financière qui se terminera par une explosion d’inflation.​

Tout d’abord, il est probable que la Banque Centrale américaine, la Federal Reserve, perde une grande partie de son indépendance et soit forcée d’acheter la dette américaine, dont la croissance est exponentielle, émise à un taux d’intérêt très bas. Il en résultera une offre de monnaie qui conduira à une pression inflationniste. Cette augmentation de la dette publique sera amplifiée par les baisses d’impôt promises par Donald Trump, qui elles-mêmes sont de nature inflationniste.

Des taux d’intérêt bas sont, de surcroît, nécessaires pour stimuler les exportations américaines par un affaiblissement du dollar, ce que Donald Trump n’a eu de cesse de réclamer lors de son premier mandat. Cette stimulation des exportations sera, quant à elle, accompagnée d’une augmentation des droits de douane à l’importation, ce qui est également de nature inflationniste, à tout le moins pour les biens importés non substituables.

On fait donc face à des taux d’intérêt que les États-Unis voudront maintenir bas, avec l’aide de la Federal Reserve, alors que l’inflation exige leur augmentation pour la combattre et pour protéger les détenteurs de la dette américaine contre la perte de pouvoir d’achat associée à l’érosion monétaire. On voit la contradiction : comment maintenir des taux d’intérêt bas alors que l’inflation les augmente. C’est là que l’équation est insoluble.

Donc, en bonne logique, les taux d’intérêt américains finiront par augmenter à cause de cette plausible inflation et du risque de crédit associé à l’accroissement de la dette américaine. Bien sûr, les États-Unis auront profité de quelques années de répit. Mais après ? Dans 3 ans, 5 ans, quelle sera la situation sachant que le dollar ne peut être une devise dominante que s’il est abondant, donc dévaluationniste ?

Mon intuition est qu’il se passera quelque chose, d’autant plus que la suprématie du dollar a toujours été garantie par la capacité d’intervention militaire mondiale des États-Unis et que des superpuissances étrangères s’imposent désormais. Et ce quelque chose, c’est probablement, après de nombreux soubresauts, l’écroulement d’un dollar perclus d’inflation et assorti d’une prime de risque grandissante. Et ce sera peut-être un choc comparable à la fin des accords de Bretton Woods en 1971, dont le souvenir me hante.

Et c’est peut-être un défaut sélectif (?) selon ses detenteurs sur la dette publique américaine.

Mais après tout, les monnaies sont comme les dieux. Elles ne vivent que le temps de rassurer des adeptes. Et un Dieu finit par chasser l’autre. Comme Adam et Eve furent chassé du paradis.




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