Le paradoxe de l'emploi en Belgique? Il existe en 2023 plus d'emplois vacants que de chomeurs!


Le dernier contrôle budgétaire s’est de nouveau avéré difficile. Le fossé idéologique qui sépare les partenaires de la coalition en matière de gestion du déficit est toujours aussi important. Il est beaucoup plus facile de dépenser qu’économiser et il n’est pas surprenant qu’une coalition de sept partis ne parvienne pas à prendre des décisions fondamentales de ce type. Tous sont néanmoins d’accord sur un point, qui figure également dans le document de politique générale: il faut augmenter le nombre de personnes au travail.

Du point de vue de la gauche, c’est explicable sur le plan idéologique. Le travail étant libérateur, les syndicats ont lutté et obtenu le droit au travail… et non le droit de ne pas travailler. Pour la droite, le travail ne représente pas seulement le développement de talents mais aussi la source d’un bien-être… et surtout le meilleur moyen de ne pas accumuler davantage de dettes et de combler le trou budgétaire.

Une personne au chômage reçoit une allocation, c’est-à-dire une sorte d’assurance censée compenser le fait qu’il n’y a pas de travail pour tout le monde. Lorsque cette personne trouve enfin du travail, cette assurance devient donc caduque. Ceux qui ne travaillent parce que la différence entre ne pas travailler et travailler est trop faible (ce qui est souvent le cas) comparent donc en fait des pommes et des poires: une prime d’assurance d’un côté, et une rémunération de l’autre.

Par conséquent, tous ceux qui sont disposés à travailler, en capacité de le faire et qui reçoivent une offre, devraient accepter celle-ci. Sur le marché belge actuel du travail, où il y a plus de postes à pourvoir que de chômeurs, tout le monde doit pouvoir trouver un emploi, avec une formation appropriée si nécessaire.

Le taux de participation, c’est-à-dire le nombre de personnes âgées de 18 à 65 ans qui participent au marché du travail, devrait atteindre 80% selon le plan du gouvernement. En Flandre, il est aujourd’hui de 77,2% et l’objectif final est en vue. En Wallonie et à Bruxelles, il est de 65%. Pour atteindre 80% dans les trois Régions, il faudrait que 110.000 Flamands inactifs supplémentaires, 120.000 Bruxellois et 320.000 Wallons retrouvent un emploi, ce qui fait un total de 550.000 personnes à remettre en selle.

Ainsi, elles ne seraient plus une charge pour le gouvernement mais, au contraire, contribueraient au budget par le biais des cotisations sociales (de l’employeur et de l’employé) ainsi que par l’impôt des personnes physiques.

Si le coût moyen d’un chômeur est estimé à 13.000 euros par an, la perte de revenus pour la nation s’élève, elle, à 27.000 euros. L’échange d’un statut de chômeur contre un statut d’employé rapporterait donc 40.000 euros par personne au gouvernement.

Si l’on arrivait à un taux d’emploi de 80% dans les trois Régions, cela représenterait un impact de 22 milliards (40.000 x 550.000) et un budget en quasi équilibre (le déficit est estimé à 27 milliards pour le dernier contrôle budgétaire).

Irréaliste? Pourtant, plusieurs pays européens l’ont déjà fait. L’Allemagne, les Pays-Bas, la Hongrie, l’Estonie, Malte et la Suède – pour ne citer qu’eux – ont déjà atteint leur objectif. Crier victoire parce que nous avons atteint 72% en Belgique (et encore, principalement grâce aux travailleurs en Flandre…) est donc tout à fait inapproprié.


La seule chose qui manque pour y arriver dans un pays où il y a davantage d’emplois vacants que de chômeurs, c’est le courage politique des membres du gouvernement et des syndicats. Que leur faut-il donc, en effet, pour gouverner correctement? Comme Godot, ils attendent… Les élections de l’an prochain, sans doute?

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