Les conséquences économiques de l’intelligence artificielle

Temps de lecture: 4 min |2 juin 2023 à 07:12

Banque Nationale de Belgique

Des assistants vocaux à la publicité en ligne en passant par le désormais célèbre ChatGPT, l’impact de l’IA dans notre vie de tous les jours est de plus en plus marqué. Avec quelles conséquences dans le domaine de l’économie ? Quel impact l’IA a-t-elle en matière de productivité ? Risque-t-elle vraiment de remplacer certaines catégories de travailleurs ?
Mde PITON C. experte de la Banque Nationale de Belgique fait le point dans cet article de la Revue Économique de 2023.
Si l’intelligence artificielle peut engendrer une vague de croissance soutenue de la productivité, elle n’en modifiera pas moins profondément l’organisation des entreprises, le fonctionnement des marchés et le contenu des activités humaines.

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Communiqué de presse

Ces dernières années, des progrès majeurs ont été enregistrés sur le front de l’intelligence artificielle (IA). Des assistants vocaux à la publicité en ligne en passant par la santé, les domaines dans lesquels l’IA est utilisée sont en augmentation et son incidence sur notre quotidien s’amplifie. Le lancement de ChatGPT en novembre 2022 a replacé la question de l’intelligence artificielle au cœur des débats économiques et politiques. Cet article passe en revue les conséquences économiques associées au développement de l’IA ainsi que les défis qu’elle représente et les risques qu’elle comporte.

Son utilisation à grande échelle en fait une technologie à usage général (general-purpose technology), capable de générer une croissance de la productivité à long terme et d’améliorer notre niveau de vie. L’IA peut contribuer à une productivité accrue en automatisant des tâches, en analysant des données massives (big data) et en libérant du temps pour les travailleurs, qui pourraient ainsi se consacrer à des tâches plus complexes. L’effet qu’aura l’IA sur la croissance (mesurée) de la productivité dépend toutefois de facteurs tels que les retards dans sa mise en œuvre, les erreurs de mesure, les innovations complémentaires, les politiques macroéconomiques ainsi que les contextes sociaux et économiques.

Alors que les statistiques nationales font état d’une lente croissance de la productivité, la recherche a montré qu’il semble exister un lien entre la numérisation au sein d’une firme et la croissance de sa productivité. Les retombées de l’IA sur l’emploi continuent de faire débat, l’un des risques auxquels elle est associée résidant dans le remplacement de certaines catégories de travailleurs ou de certaines compétences. Des études suggèrent cependant que les niveaux d’emploi sont restés stables malgré l’adoption de l’IA. Si l’IA peut surpasser l’humain dans certaines tâches, celui-ci garde un avantage au niveau des compétences douces (soft skills).

Pour faire face aux défis que pose l’IA, les décideurs politiques peuvent accorder la priorité à la recherche et au développement dans ce domaine, investir dans les infrastructures et le talent ou encore établir des cadres réglementaires afin de promouvoir l’innovation tout en minimisant les risques. Ils peuvent également miser sur les programmes d’éducation et de formation pour développer les talents nécessaires au travail avec l’IA et mettre sur pied des cadres éthiques et réglementaires pour son développement et son déploiement.

En résumé, le développement de l’intelligence artificielle est assorti d’autant d’avantages que de défis et de risques. L’IA pourrait être la prochaine technologie à usage général, qui stimulera la croissance de l’économie mais son incidence potentielle sur cette dernière et sur la main-d’œuvre doit être examinée de près, de même que son développement doit être réglementé avec sagesse.

Si l’intelligence artificielle peut engendrer une vague de croissance soutenue de la productivité, elle n’en modifiera pas moins profondément l’organisation des entreprises, le fonctionnement des marchés et le contenu des activités humaines.