Et si le vrai défi de l’IA, c'était le partage des gains de productivité?

L’intelligence artificielle représente indubitablement une révolution industrielle d’ampleur comparable à celles qui ont marqué notre passé, notamment l’avènement de l’agriculture organisée et la première révolution industrielle avec la machine à vapeur de Watt à la fin du XVIIIe siècle.

Cependant, ce qui distingue cette nouvelle ère, c’est la mise en lumière et la sublimation de la force cognitive, alors que les précédentes révolutions ont essentiellement décuplé la force physique humaine grâce à l’utilisation d’animaux ou de machines.Dans de nombreux secteurs, les entreprises embrassent l’intelligence artificielle pour automatiser des tâches qui, autrefois, étaient l’apanage des travailleurs humains.

Ces tâches vont de la gestion de processus de fabrication complexes à l’exécution de simples tâches administratives. Par conséquent, l’intelligence artificielle se révèle de plus en plus capable d’accomplir davantage de travail en moins de temps et avec moins d’erreurs que les humains, entraînant ainsi des gains de productivité significatifs pour les entreprises. Toutefois, les retombées économiques de ces avancées ne sont pas systématiquement redistribuées aux travailleurs, mais souvent réinvesties dans l’entreprise ou distribuées aux actionnaires.

Cela soulève des interrogations fondamentales quant à la valeur du travail, en particulier du point de vue économique, et pose la question pressante du partage des gains de productivité au sein de nos sociétés. En effet, ces gains constituent un point de tension majeur entre le capital et le travail. Alors que la révolution industrielle induite par l’intelligence artificielle est largement impulsée par le capital, il existe un risque que les fruits de cette productivité soient accaparés par celui-ci au détriment des travailleurs.

Face à cette réalité, une révision profonde du contrat social et fiscal s’avère indispensable. Il est impératif que les mécanismes de prélèvement fiscal et parafiscal sur le travail soient complétés par une taxation du capital qui bénéficie des gains de productivité. Cette transition aura des répercussions sociales majeures, potentiellement porteuses de tensions et de fractures au sein de la société.Cela nous ramène à la notion de la “taxe de Sismondi”, du nom de l’économiste qui, au début du XIXe siècle lors de la révolution du textile, proposait d’octroyer une rente à vie aux travailleurs remplacés par des machines.

Bien que ce système puisse sembler excessif et peu propice à l’innovation, il illustre la nécessité de repenser notre approche afin que les machines qui supplantent les humains contribuent également à une sécurité sociale à travers une fiscalité appropriée ou d’autres dispositifs visant à assurer une contribution sociétale de la mécanisation, de la numérisation et de l’intelligence artificielle.

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