SD Worx met en garde contre une augmentation du chômage temporaire pour raisons économiques chez les employés. C'est le cas, par exemple, de la plus grande commission paritaire, qui compte environ 500 000 employés (CP 200), mais aussi dans l'industrie manufacturière. En règle générale, ce sont surtout les secteurs comptant des ouvriers qui ont recours au chômage temporaire lorsqu'il n'y a pas assez de travail. En 2023, un ouvrier sur cinq était au chômage temporaire, un record. Par ailleurs, la part des employeurs concernés par le chômage temporaire continue d'augmenter pour atteindre un employeur sur dix (10 %). Pour les trois premiers mois de 2024, il s'agit de 6 % des employeurs et de 13 % des ouvriers. Le nombre moyen de jours a également augmenté de manière significative pour atteindre 15 jours par an en 2023. C'est ce qui ressort des calculs du spécialiste des ressources humaines SD Worx, sur la base des données salariales les plus récentes, jusqu'en mars 2024, de 1,2 million de travailleurs du secteur privé chez 37 000 employeurs belges.
Après le premier trimestre 2024, SD Worx compte déjà 6 % de tous les employeurs déclarant du chômage temporaire. Cela nous place au même niveau, après seulement trois mois, que le chiffre annuel pré-corona, en 2018 et 2019, lorsque le chiffre global est resté aux alentours de six à sept pour cent d'une année à l'autre. En 2020, SD Worx a constaté un quasi-doublement (13 %) et en 2021, une chute importante à seulement 5 % des employeurs. Ces chiffres ne tiennent pas compte du « chômage temporaire pour cause de force majeure due à la pandémie du coronavirus et à la guerre en Ukraine ». En 2023, la part des employeurs a continué d’augmenter pour atteindre un employeur sur dix (10 %).
Plus l'entreprise est grande, plus le chômage temporaire est probable. La moitié des employeurs de plus de 500 salariés y ont eu recours en 2023. Pour les PME de moins de 20 salariés, il est limité à 6 % ; pour celles de moins de 50 salariés, il est de 16 %.
La plupart des employeurs se trouvent en région flamande (72%), mais si l'on tient compte du nombre d'employeurs par région, 14 % des employeurs wallons y font appel, contre 10 % des employeurs flamands et 5% des employeurs bruxellois.
Le secteur joue un rôle important. « Ce sont principalement les secteurs employant des ouvriers qui évoquent le chômage temporaire pour des raisons économiques. Pour les ouvriers, cela signifie qu'un ouvrier sur cinq était temporairement au chômage pour raisons économiques en 2023. Il s'agit du chiffre le plus élevé des cinq dernières années. Cela peut temporairement servir de tampon de flexibilité pour éviter de devoir licencier des travailleurs », indique Valérie t'Serstevens, Managing Consultant chez SD Worx.[1]
94 % des cas concernent des ouvriers ; près d'un ouvrier sur cinq y a été confronté en 2023. Après les trois premiers mois de 2024, plus d'un ouvrier sur dix (12 %) connaît déjà le chômage temporaire moins un jour.
Le secteur des travaux de construction spécialisés est celui qui y fait le plus appel avec un quart (24%) de tous les employeurs, mais si l'on tient compte du nombre d'employeurs dans chaque secteur, les secteurs ci-dessous ont relativement plus recours au chômage temporaire (chiffres de 2023). En moyenne, il s’agit de 15 jours par an en 2023, une augmentation significative (de 50 %), puisqu'elle oscillait autour de 10 jours par an ces deux dernières années.
Ces secteurs se distinguent :
La plus grande commission paritaire des employés (CP 200) figure également dans le top 10 des secteurs les plus touchés. Chez les employés, il passe de 0,45 % à 0,78 % en 2023. Après trois mois, nous avons déjà presque atteint le chiffre annuel de 2022.
Bien que le recours au chômage temporaire chez les employés soit encore relativement faible, nous devrions nous inquiéter si cette mesure de soutien venait à augmenter également pour ceux-ci.
Valérie t'Serstevens de SD Worx : « Cela ne se produit pas du jour au lendemain, mais seulement si l'organisation présente un certain nombre de conditions légales au cours des quatre derniers trimestres, par exemple une diminution du chiffre d'affaires, de la production ou des commandes, ou un certain pourcentage de chômage temporaire pour raisons économiques chez les ouvriers. Le risque de restructuration augmente alors. Nous considérons qu’il s’agit là d’un signal d'alarme, pensez aux secteurs industriels qui fabriquent des produits ou des biens ».
Près d'un quart des employeurs employant dans le secteur textile (CP 214) ont eu recours au chômage temporaire en 2023. Il est intéressant de noter qu'entre 2022 et 2023, le taux d'utilisation a (au moins) doublé chez les employés de la métallurgie (CP 209), de la chimie (CP 207), de la tapisserie d'ameublement et du travail du bois (CP 126), ainsi que dans l'industrie alimentaire (CP 220). Cela concerne moins de 10 % des employeurs (entre 4 et 6 %).
Les chiffres sont basés sur les dernières données salariales de SD Worx, le plus grand calculateur de salaires de Belgique : il s'agit des données salariales les plus récentes jusqu'en mars 2024 de 1,2 million de travailleurs du secteur privé chez 37.000 employeurs belges. Les résultats sont particulièrement fiables en raison de la taille de l'échantillon et de la source des données : ils sont basés sur des données salariales réelles. Les valeurs ne sont pas des proportions pondérées. L'analyse statistique permet d'obtenir des informations au niveau du groupe et est conforme à la législation applicable, telle que le règlement général sur la protection des données.
[1] Depuis juillet 2022, il y a eu une augmentation sensible ; c'est à ce moment-là que la mesure "chômage temporaire - force majeure - pour cause de couronne ou de guerre en Ukraine" a cessé d'exister.