Plus de trois ans et demi après le référendum britannique, le Royaume-Uni quitte aujourd’hui officiellement l’Union européenne. Un événement sans précédent dans l'histoire de l'Union Européenne et dont il faut profiter pour faire son propre examen de conscience, mais surtout pour anticiper la relation future que nous voulons construire avec nos voisins d'outre-Manche. Pieter Timmermans, administrateur délégué de la FEB : « À partir de demain et jusqu'à la fin de l'année débute la période transitoire de statu quo pendant laquelle presque rien ne changera. C'est une bonne nouvelle pour nos entreprises, car cela leur assure la sécurité juridique dont elles ont besoin. Temporairement du moins, parce que les principales négociations – concernant la relation commerciale future – doivent encore commencer ».
La FEB profite de cette occasion pour mettre en avant trois priorités pour l’avenir :
Le Royaume-Uni (RU) est le quatrième principal partenaire commercial de notre pays. Pour notre économie exportatrice, il est capital que les échanges restent aussi faciles que possible. C'est pourquoi la FEB plaide en faveur d’un accord commercial avec le Royaume-Uni le plus large et le plus approfondi possible, qui garantisse le bon fonctionnement du marché intérieur européen et une concurrence équitable. Ce futur partenariat doit assurer un accès complet et aisé aux marchés des deux parties, en éliminant les tarifs douaniers et les restrictions, en évitant les entraves commerciales non tarifaires et en permettant un déroulement simple et équitable des investissements, de la mobilité professionnelle ou de la collaboration, par ex. en matière de R&D.
Dans ce cadre, la FEB souligne également l'importance d'une exécution correcte de l'accord sur la question irlandaise et, en particulier, de l'exercice de contrôles douaniers aux frontières extérieures de l'Union européenne et de contrôles de conformité des produits importés de pays tiers.
Contrairement à Boris Johnson, la FEB est favorable à une période transitoire de statu quo durant jusqu’au jour de l’entrée en vigueur de la nouvelle relation commerciale entre l’UE et le Royaume-Uni. Le Premier ministre Johnson a répété à plusieurs reprises qu’il ne voulait pas d’une prolongation de la période transitoire et que celle-ci prendrait donc fin le 31 décembre 2020.
Négocier un vaste accord de libre-échange en moins de onze mois est irréaliste. L'alternative, un accord rudimentaire se concentrant sur un petit nombre de secteurs, ne tient toutefois pas compte des risques et inconvénients non négligeables pour notre pays. La FEB préconise donc une période transitoire qui ne soit pas limitée dans le temps, pour permettre aux parties de négocier un bon accord global.
De plus, le risque d'un Brexit 'dur' persiste. Si la période de transition arrive à échéance le 31 décembre 2020 sans qu'on se soit mis d'accord sur une nouvelle relation commerciale complète, nous serons confrontés à une situation dans laquelle on reviendra aux tarifs et contrôles douaniers de l'OMC. Selon la KU Leuven, cela entraînerait une contraction de notre croissance de 2,35% et une perte de plus de 40.000 emplois.
La FEB espère aussi que ce 'Brexitday' constituera un coup de semonce pour l’Union européenne. La sortie d'un pays de l'UE doit être considérée comme un échec.
Ce que l'UE ne peut certainement pas faire, c'est pénaliser les Britanniques parce qu'ils ont quitté le club. Au contraire, il faut récompenser ceux qui restent et leur offrir une véritable plus-value. Pieter Timmermans : « L'Europe doit se concentrer sur ses missions clés et aborder efficacement les grands défis auxquels nous sommes confrontés. Il s'agit des défis et des opportunités liés entre autres à la mondialisation, à la digitalisation, au développement durable et à la compétitivité de notre industrie ». La FEB estime aussi que l'UE et ses États membres doivent œuvrer à renforcer le soutien au projet européen, grâce à une meilleure communication sur les retombées positives concrètes de l'UE dans notre vie quotidienne. Mais la communication ne suffit pas. C'est l'Europe des résultats qui compte.
Pieter Timmermans met également en parallèle le Brexit et la situation politique actuelle de notre pays. « Le vote de 2016 a divisé la société britannique à un point tel qu’il est devenu de facto impossible de mener une politique. Dans une société divisée, les partis politiques prêchent uniquement pour leur propre chapelle, alors qu’il faut voir plus loin si l’on veut forger un accord politique global et bien expliquer les compromis politiques pour obtenir l’adhésion de la société. J’espère que la saga du Brexit constituera une mise en garde pour la classe politique de notre pays », conclut-il.
Source : FEB