COVID-19 et bien-être : quels sont les groupes vulnérables ?

Au-delà des impacts sanitaires et économiques, la crise du covid-19 bouleverse la vie des personnes dans son ensemble. Cette crise a un impact négatif sur le bien-être des Belges et ses principaux déterminants, tels que la santé, les relations sociales ou le niveau de vie.
Certains groupes sont particulièrement vulnérables : les 16-49 ans, les personnes avec de faibles revenus, vivant seules, en incapacité de travail ou sans emploi. Dans l'ensemble, les femmes sont plus exposées que les hommes à une baisse de bien-être.


La santé, le niveau de vie, la vie en société, le travail et l’éducation ont été identifiés par le Bureau fédéral du Plan (BFP) comme les principaux déterminants du bien-être des Belges. De plus, certains groupes ont un niveau de bien-être plus bas que la moyenne : les personnes vivant seules (avec ou sans enfants), celles au chômage, en incapacité de travail, sans diplôme ou avec de faibles revenus.


Plusieurs enquêtes montrent que la crise du covid-19 impacte négativement ces déterminants. Sont particulièrement touchés les femmes et les groupes cités ci-dessus, dont le bien-être devrait diminuer plus que la moyenne.

D’autres conséquences de cette crise comme les faillites vont également augmenter le nombre de personnes dans ces groupes vulnérables.


À partir de ces informations, le BFP estime que l’impact de la crise du covid-19 sur le bien-être moyen en Belgique est nettement plus important que lors de la crise économique et financière de 2008.


Un état de santé qui se dégrade

Les travaux du BFP montrent que la santé, tant physique que mentale, est le principal déterminant du bien-être en Belgique. Une analyse plus détaillée de certains groupes de la population révèle aussi qu’une détérioration de la santé a un impact relativement plus important sur le bien-être des femmes et des chômeurs.


Les enquêtes réalisées depuis le début de la crise montrent une nette détérioration de la santé mentale des Belges. Environ 50% des sondés exprime des symptômes qui relèvent d’une pathologie mentale probable (UCLouvain). Cette détérioration affecte plus particulièrement les femmes, les 16-45 ans, les personnes vivant seules (avec ou sans enfant(s)), non diplômées du supérieur, en incapacité de travail et au chômage (Sciensano).


Outre la santé mentale, l’annulation massive de rendez-vous (para)médicaux (entre 25% et 90% en fonction des prestataires de soins selon Sciensano) font craindre une nouvelle détérioration de la santé de la population.


Des relations sociales en souffrance

Dans ses travaux, le BFP montre l’importance des relations sociales pour le bien-être. Ce sont en particulier les relations avec nos proches (amis/famille) qui comptent: avoir une personne à qui se confier et à qui demander de l’aide. L’impact de ces relations sur le bien-être est relativement plus élevé pour les 16-49 ans.


Les mesures de confinement et de distanciation sociale ont eu un impact majeur sur les relations avec les proches. Environ 60% des sondés jugent leurs contacts sociaux insatisfaisants contre seulement 8% dans l’enquête de santé de 2018 (Sciensano). Ils sont 27% à évoquer un support social (le fait de pouvoir compter sur des proches) faible, contre 16% en 2018 (Sciensano).


Les plus touchés par la perte de liens sociaux sont les mêmes personnes que celles qui ont vu leur santé mentale particulièrement se détériorer.


Un travail perturbé et des revenus à la baisse

Pouvoir travailler et disposer de revenus suffisants déterminent également le niveau de bien-être des Belges. Les travaux du BFP montrent en particulier que l’accès à un niveau de vie considéré comme standard compte plus que le niveau de revenu. Sont particulièrement concernées les personnes disposant de faibles revenus, comme les personnes vivant sous le seuil de pauvreté et celles bénéficiant d’un revenu d’intégration sociale. Leur nombre risque d’augmenter fortement dans les mois qui viennent.


Outre le niveau de vie, le fait d'être au chômage a aussi un impact négatif sur le bien-être. Cet impact est relativement plus élevé pour les jeunes de moins de 25 ans. Il est important de noter que cet impact persiste dans le temps, même après un retour à l’emploi.

Les chiffres collectés par L’Economic Risk Management Group (ERMG) et les enquêtes montrent que le travail et les revenus sont lourdement impactés par la crise. Ainsi, environ 40% de salariés du secteur privé (ERMG) et 55% des indépendants (ACASTI1) introduiraient une demande pour le chômage temporaire ou le droit passerelle. Dans le scénario économique proposé par la Banque nationale de Belgique (BNB) et le BFP début avril, le pouvoir d’achat des ménages baisserait d’environ 1,5% en 2020. Enfin, 1 ménage sur 8 est considéré comme financièrement très vulnérable face à la crise, en cumulant une perte de revenu et un faible niveau d’épargne (BNB).


Chute du bien-être en 2020

Une certitude : la crise du covid-19 a un impact négatif sur le bien-être moyen des Belges.


Pour mesurer ce bien-être, le BFP a développé un indicateur de Bien-être ici et maintenant (BEIM). Sa construction repose sur une analyse statistique spécifique à la Belgique. Cet indicateur mesure l’évolution du bien-être actuel en synthétisant ses principaux déterminants: la santé, le niveau de vie, la vie en société, le travail et l’éducation.


Les données disponibles aujourd’hui montrent que la plupart des déterminants du bien-être sont affectés par la crise. À partir de ces informations, le BFP estime que la baisse du bien-être en Belgique sera nettement plus importante que lors de la crise économique et financière de 2008.


Dans cette estimation, le BFP fait les hypothèses que, par rapport à 2019, et à partir des informations et données disponibles aujourd’hui :


  • la part de la population qui déclare être en mauvaise santé augmente de 8,6% en 2019 à 10,8% en 2020;
  • la part de la population en privation matérielle sévère augmente de 4,6% à 6,6%;
  • la part de la population en manque de support social augmente de 11,6% à 17,4%;
  • le nombre de chômeurs augmente de 64.500 personnes.


Les autres composantes de l’indicateur BEIM restent inchangées par rapport à leur niveau de 2019. Ces hypothèses seront revues en fonction des données disponibles dans le futur.


Quelle sortie de crise ?

En 2019, l'indicateur de bien-être BEIM n'avait pas encore retrouvé son niveau d’avant la crise économique et financière de 2008. Comment faire pour que le bien-être s’améliore plus rapidement après la crise du covid-19 ?

Les travaux du BFP combinés aux enquêtes permettent d'identifier certains groupes vulnérables, c'est-à-dire ceux pour lesquels le bien-être est le plus impacté par la crise.


Il s'agit des femmes (ce qui invite à être attentif aux discriminations hommes/femmes), des 16-49 ans, des personnes non diplômées du supérieur, celles vivants seules (avec ou sans enfant(s)), qui sont en incapacité de travail ou au chômage (en particulier les jeunes) et des personnes disposant de faibles revenus. Afin d’améliorer le bien-être en Belgique, les politiques de sortie de crise devraient se concentrer en priorité sur ces groupes vulnérables.


Principales enquêtes réalisées depuis le début de la crise du covid-19

Afin d’évaluer l’impact de la crise du covid-19 sur le bien-être, le BFP s’est penché sur les premiers résultats des enquêtes réalisées par la Banque nationale de Belgique (BNB - enquête mensuelle auprès des ménages), Sciensano (enquête de santé covid-19), l’UAntwerpen (« Coronastudie » en collaboration avec la KULeuven, l’UHasselt et l’ULB) et l’UCLouvain (enquête « Covid et moi » ). Une majorité des enquêtes a été réalisée dans le courant du mois d’avril. Ces enquêtes concernent la population âgée de 16-18 ans ou plus. Leur échantillon n’est pas toujours représentatif de la population en Belgique.


Source : Bureau fédéral du Plan

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