Dans un contexte économique mondial plombé par la guerre en Ukraine et son impact sur le marché de l’énergie et les chaînes d’approvisionnement, les investissements directs étrangers (IDE) en Belgique ont donné lieu à un résultat mitigé l’an dernier, avec à la fois une légère baisse du nombre d’investissements et une forte croissance du nombre d’emplois générés.
C’est ce qui ressort du Baromètre de l’Attractivité belge, l’étude annuelle menée par EY pour évaluer l’attrait de la Belgique en tant que terre d’investissement. La Belgique reste clairement une cible de choix pour les investisseurs étrangers, mais elle a reçu moins d’IDE en 2022 que les autres pays européens, ce qui l’a amenée à passer de la 6ème à la 9ème place au classement des pays européens les plus attractifs. Deux bonnes nouvelles sont pointées par EY : les créations d’emplois sont en hausse et les perspectives sont encourageantes pour l’année 2023.
Après deux années difficiles liées à la pandémie de Covid-19, on pouvait espérer une reprise rapide des investissements directs étrangers (IDE) en Belgique. Cependant, cette reprise a été freinée par les incertitudes et la crise économique liées au conflit militaire en Ukraine. Le nombre total d’investissements étrangers dans notre pays a reculé de 4 % par rapport à 2021. Au total, la Belgique a enregistré 234 projets en 2022, contre 245 en 2021.
Au niveau de l’emploi, les chiffres sont plus encourageants. Si on regarde la situation des IDE en Belgique en 2022, on constate que le nombre de projets est en baisse, mais que la création d’emplois est en hausse, soit exactement l’inverse de ce qui se passe au niveau européen. Les différents IDE réalisés en Belgique en 2022 ont généré la création de 8.071 emplois en 2022, en hausse de 16 % par rapport à 2021. A première vue, il s'agit évidemment d'une bonne nouvelle, sauf que sur ce point également, la Belgique n’a pas pu suivre la moyenne européenne, avec une moyenne de 38 emplois créés par projet, contre 82 au niveau européen.
Si on regarde l’évolution des investissements étrangers sur l’ensemble des 44 pays analysés par EY, on constate une hausse de 1 % du nombre d’IDE à l’échelle du continent. Mais les résultats sont très différents d’un pays à l’autre. La Belgique fait ainsi partie de ceux qui sont restés en-dessous de la moyenne en 2022, au même titre que des pays comme l’Allemagne (-1%), le Royaume-Uni (-6%), les Pays-Bas (-3%) ou la Suisse (-23%). A l’inverse, d’autres pays affichent des fortes hausses, comme la Turquie (+22%), le Portugal (+24%), l’Italie (+17%) ou la Pologne (+23%). La Roumanie enregistre même une hausse spectaculaire de 86 %. Cette croissance des projets d'IDE dans plusieurs pays du Sud et de l’Est de l’Europe s’explique notamment par la reconfiguration des chaînes d'approvisionnement mondiales et par une tendance à privilégier les sites européens compétitifs en termes de coûts pour la fabrication et les opérations de back-office.
Du coup, la Belgique perd des plumes dans le classement des pays européens qui attirent le plus d’investissements étrangers. Notre pays perd trois places et passe de la sixième à la neuvième position. Le classement européen reste dominé par la France, avec une croissance de 3% du nombre de projets en 2022. Le trio de tête est complété par le Royaume-Uni et l’Allemagne, ces trois pays représentant à eux seuls 50 % du nombre total des IDE sur le continent européen.
Lorsqu’on regarde d’où viennent les investissements étrangers réalisés en Belgique en 2022, on constate que huit pays ont représenté 70 % des FDI : les Etats-Unis (41 projets), la France (30), le Royaume-Uni (27), l’Allemagne (19), les Pays-Bas (17), la Chine (11), le Japon (11) et enfin le Danemark (7). Malgré une baisse de 11 % du nombre de projets par rapport à 2021, les Etats-Unis restent donc le plus gros investisseur étranger en Belgique.
L’étude d’EY sur l’attractivité de la Belgique fait également apparaître que cinq secteurs ont représenté 59% des projets et 62% des créations d’emplois en 2022. Ce sont surtout le transport et la logistique (40 projets) et les services aux entreprises et les services professionnels (36) qui ont représenté la majorité des projets, suivis par les logiciels et services IT (25), les produits chimiques et plastiques (21) et les fabricants et fournisseurs de moyens de transport (16).
« Lorsqu’on regarde les chiffres au niveau européen, on constate que 2022 n’a pas été très favorable à des pays comme la Belgique ou l’Espagne, car ces pays avaient déjà fortement rebondi en 2021 après le pire de la crise Covid », commente Tristan Dhondt, partner chez EY Belgique. « En 2022, les pays qui ont réussi à attirer le plus d’investissements étrangers se trouvaient principalement dans le sud, le centre et l’est de l'Europe. Mais 2023 s’annonce beaucoup plus prometteuse pour la Belgique, car les candidats investisseurs se disent notamment très intéressés par la logistique, qui est une activité essentielle pour notre économie et dans laquelle nous faisons partie des champions européens. »
Parallèlement à son étude sur les investissements réalisés en 2022, EY a effectivement mené une enquête auprès de décideurs internationaux pour les interroger sur leurs intentions d’investissement pour 2023. Et là, les résultats sont très positifs pour notre pays, puisque les investisseurs interrogés considèrent la Belgique comme la 4èmedestination la plus attrayante en Europe en 2023, derrière l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni. Cette étude semble également indiquer que les entreprises européennes pensent que le pire est derrière nous. Un grand nombre d'entreprises interrogées (67 %) déclarent ainsi avoir l’intention d’étendre ou d’établir des activités en Europe au cours de l'année à venir, ce qui constitue un record absolu et une augmentation par rapport aux 53 % de l'année précédente. Au niveau belge, 61 % des décideurs déclarent avoir l’intention d’étendre ou d’établir des activités en Belgique au cours de l’année prochaine. Dans l’étude de l’année dernière, ce chiffre n'était que de 52,9 %, ce qui montre que l’attractivité de notre pays est repartie à la hausse.
« Les effets économiques de l’incertitude liée à la guerre en Ukraine ont clairement ralenti la reprise des investissements étrangers en Belgique en 2022, mais les signaux sont encourageants pour 2023 », conclut Marie-Laure Moreau, partner chez EY Belgique. « On s’attend à ce qu’un grand nombre d’entreprises réalisent cette année les investissements qui avaient été postposés en 2022 et il est clair que la Belgique reste une cible privilégiée pour beaucoup de ces investisseurs étrangers. A nous de continuer à mettre en avant nos atouts, notamment au niveau de la logistique. Dans notre étude, on constate en effet qu’un grand nombre de décideurs économiques prévoient de relocaliser les fonctions de leur chaîne d'approvisionnement en Europe afin de minimiser les perturbations futures. Et dans ce domaine, la Belgique arrive largement en tête des pays où investir. C’est un signal très encourageant. »