D’après l’économiste britannique Tim Jackson, «la prospérité réside dans notre capacité à nous épanouir en tant qu’êtres humains à l’intérieur des limites écologiques d’une planète finie. Le défi de notre société consiste à créer les conditions de ce changement.»
La croissance verte passera par la promotion des marchés publics verts et de la recherche et développement (R&D) écologique. Il est primordial d’adopter un système approprié de sanctions (principe du pollueur-payeur) et d’incitations (par exemple, des allègements fiscaux en faveur de l’investissement dans la R&D écologique). Cependant, pour mesurer la croissance verte, il faudra prendre en considération des critères supplémentaires tels que la durabilité, le respect de l’environnement, le bonheur ou le bien-être.
La comptabilité environnementale, également appelée comptabilité verte, pourrait être la solution. Au niveau des entreprises, cela suppose le recensement et l’évaluation en termes monétaires des coûts privés internes traditionnels qui influencent directement le résultat du bilan. Il peut s’agir de coûts «directs», comme les matières premières et la main-d’œuvre, qui sont attribués à un produit ou à un département, mais aussi de coûts «indirects» ou «généraux», tels que le loyer, les frais administratifs, la dépréciation, le coût des carburants et de l’énergie, etc.
Qui plus est, certains facteurs externes, tels que les coûts environnementaux, sociaux et économiques ayant un effet sur l’environnement extérieur, doivent également être pris en considération. Bien qu’ils soient souvent ignorés, leur inclusion dans la comptabilité de l’entreprise en tant qu’éléments internes peut être le signe d’une meilleure répartition des ressources rares.
Un bilan environnemental efficace affiche toujours soit une perte, soit un profit. Cependant, il convient d’y inclure toutes les catégories de coûts internes et externes, tels que les problèmes de santé rencontrés par les travailleurs, les émissions et la pollution de l’air, des sols et de l’eau, la dégradation du milieu naturel et l’épuisement des ressources limitées. Les bénéfices internes et externes doivent également être calculés et quantifiés à l’aide de mesures monétaires. Il peut, par exemple, s’agir d’économies réalisées grâce à l’utilisation de nouvelles technologies plus propres, ayant pour effet de réduire la pollution et d’améliorer la santé, de la conquête de nouveaux marchés ou encore d’un changement de matières premières ou de processus de production.
La comptabilité verte est une composante essentielle de la responsabilité sociale des entreprises (RSE). Elle peut faciliter la prise de décision et contribuer à renforcer la rentabilité en vertu de la triple approche. D’une manière générale, chaque organisation doit comparer le coût des activités visant à prévenir ou à empêcher les dommages environnementaux par rapport à ce que lui coûterait la mise en place d’activités d’assainissement.
Le recours à la comptabilité verte permet de prendre des décisions d’investissement en comparant les coûts privés et sociaux par rapport aux bénéfices privés et sociaux. L’analyse du cycle de vie (ACV) permet à l’organisation de prendre des décisions éclairées, en calculant les incidences environnementales d’un produit tout au long de sa vie, depuis l’extraction des matières premières jusqu’à son élimination finale ou son recyclage, en passant par sa production et sa distribution.
L’UE ayant décidé d’encourager l’introduction de la comptabilité verte au niveau national - voir encadré - ces efforts pourraient inciter les entreprises à en faire de même. La sensibilisation des consommateurs, des citoyens et des actionnaires à l’importance d’une croissance verte durable requiert une politique tarifaire reflétant pleinement le véritable coût du développement. Une comptabilité verte transparente sera une composante essentielle de toute politique visant à aller «au-delà du PIB».