Depuis le début de l’année, le cours de l’or a augmenté d’environ 30 % en dollars. Certains pensent que l’or est une protection contre l’inflation, mais c’est inexact. En examinant les 10 ou 20 dernières années, que ce soit en dollars ou en euros, la corrélation entre le cours de l’or et l’inflation américaine ou européenne oscille entre 50 et 60 % sur 20 ans, et entre 35 et 45 % sur 10 ans. Ces chiffres montrent une relation modérée, mais pas systématique.
Les perspectives d’inflation n’étant pas particulièrement élevées, il doit y avoir une autre explication à cette hausse. Cette autre raison, sur laquelle j’écris depuis trois ans dans divers supports comme L’Écho et ce bloc-notes, est l’inévitable effritement du dollar. Les États-Unis semblent favoriser cette dépréciation pour stimuler leurs exportations, rendre leurs importations plus onéreuses et rembourser leurs dettes extérieures avec un dollar affaibli. Il est à noter que seulement 25 % de la dette publique américaine est détenue à l’étranger, ce qui limite l’impact de cette stratégie sur les créanciers étrangers.
Mais ce qui suscite véritablement l’engouement pour l’or, c’est que cette matière précieuse est, depuis des millénaires, une monnaie sans contrepartie ni risque de crédit. Aucune monnaie fiduciaire n’a de valeur intrinsèque, mais l’or en possède une. Les intentions de Donald Trump sont claires : il souhaite faire baisser les taux d’intérêt américains en dessous du taux d’inflation. Il l’a déclaré publiquement et compte bien agir en ce sens. Si le président de la Federal Reserve s’y oppose, il pourrait être contraint de céder son poste. Même s’il résiste, les marchés anticipent déjà que son successeur, nommé par Trump, appliquera cette politique.
Nous nous trouvons face à un épisode monétaire dont l’histoire regorge, et qui explique pourquoi les banques centrales ont été créées avec une présomption d’indépendance. Cette indépendance vise à empêcher les pouvoirs publics d’utiliser la monnaie à leur profit, comme de faux monnayeurs, en manipulant sa valeur pour des gains politiques ou économiques à court terme.