Ces dernières semaines, divers secteurs comme l'éducation, la garde d'enfants, la santé, la police, la justice et les services pénitentiaires ont manifesté, soulignant tous un manque de personnel. En parallèle, plusieurs partis politiques ont exprimé leur réticence à réduire les dépenses gouvernementales, critiquant également les nouvelles règles budgétaires européennes. Le PTB a même intensifié le débat, dénonçant les régimes d'austérité et appelant à abandonner la voie des coupes budgétaires. Pourtant, les statistiques montrent une réalité bien différente du secteur public.
Contrairement aux affirmations sur les "coupes sévères", le secteur public belge s'est régulièrement agrandi depuis des décennies. En 1995, le gouvernement belge employait un peu plus de 1 million de personnes, nombre qui a atteint 1,6 million à la fin de l'année dernière. Cette croissance a été particulièrement marquée dans le secteur des soins et des services sociaux, où l'emploi a doublé, en partie à cause du vieillissement de la population. L'emploi dans l'éducation a également augmenté de près de 40%, alors que la population de moins de 18 ans n'a augmenté que de 6%. Même dans les services gouvernementaux traditionnels, l'emploi a augmenté de plus de 20%. Ainsi, dans les faits, il n'y a pas eu de "coupes sévères" dans la fonction publique au cours des 30 dernières années.
En outre, l'emploi a augmenté plus rapidement dans le secteur public que dans le secteur privé depuis 1995. L'emploi gouvernemental a augmenté de 56%, soit plus du double de la croissance du secteur privé (25%). Pendant ce temps, l'emploi dans l'industrie et le secteur financier diminuait de plus de 20%.
Malgré l'absence de coupes, la qualité des services publics n'est pas toujours à la hauteur. La Belgique figure parmi les pays aux dépenses gouvernementales les plus élevées d'Europe, mais offre seulement une qualité moyenne en retour. Cette situation entraîne des problèmes supplémentaires, comme une réglementation excessive, entraînant à son tour plus de contrôles et une charge administrative plus lourde.
Peu de partis veulent annoncer des coupes significatives en période électorale. Pourtant, le prochain gouvernement débutera avec un déficit budgétaire d'environ 30 milliards d'euros, qui risque d'augmenter sans intervention, notamment à cause du vieillissement de la population et des intérêts plus élevés.
Le prochain gouvernement devra donc prendre en compte cette réalité. L'augmentation significative des dépenses gouvernementales et du personnel au fil des décennies, combinée à la qualité moyenne des services, invite notre gouvernement à rendre plus efficace sa fonction publique avec moins de ressources.
Les défis auxquels nos autorités sont confrontées ne sont pas dus à un manque de ressources, mais plutôt à une utilisation inefficace de celles-ci. Jolie piste de réflexion.