En février 2022, le gouvernement français chargeait un groupe d’experts de dresser un rapport sur le métavers. La volonté était de comprendre avant d’éventuellement réguler. Le rapport est disponible et formule une dizaine de propositions. Si vous n’avez rien compris jusqu’ici au métavers, ce rapport peut être un bon point de départ pour vous rattraper.
Cette question, tous les spécialistes l’entendent à longueur de journée : c’est quoi le métavers ? à quoi ça sert ?
Si l’on en croit les vidéos et publicités simplistes (voire abrutissantes) qui circulent sur le web, le métavers serait un monde virtuel parallèle au nôtre, inventé par un célèbre réseau social.
Le rapport distingue les caractéristiques essentielles des métavers, des modalités.
Il n’y a donc pas « un » métavers, mais « des » métavers. Chaque expérience immersive qui répond aux caractéristiques fondamentales reprises ci-dessus peut se revendiquer du métavers.
En d’autres termes :
La mission propose la définition suivante : « Un métavers est un service en ligne donnant accès à des simulations d’espaces 3D temps réel, partagées et persistantes, dans lesquelles on peut vivre ensemble des expériences immersives. »
La mission précise encore :
Toujours selon les publicités qui circulent, le métavers doit encore advenir : il « sera » ceci ou cela.
L’un des mérites du rapport de la mission est de souligner que des expériences métaversiques (il parait que le mot est accepté) existent déjà dans les arts, la santé, l’éducation, le tourisme et la découverte du patrimoine, l’architecture, etc.
Dans le monde du travail et l’industrie, des métavers existent aussi déjà et sont en constante évolution.
Nous renvoyons à la lecture du rapport pour en savoir plus sur ces expériences actuelles.
Le rapport formule 10 propositions qu’il synthétise comme suit.
Se saisir de l’opportunité des Jeux olympiques pour rassembler les acteurs français des métavers autour de projets concrets, au sein d’un consortium public/privé placé sous le pilotage d’Inria et pour proposer des actions de grande visibilité autour d’expériences immersives pouvant être partagées avant, pendant et après les Jeux olympiques et paralympiques (entraînement/compétitions, transport/tourisme, coulisses/échanges avec les athlètes) (p. 51)
Réinvestir les instances de négociation des standards techniques, pour faire en sorte que la France et les principaux acteurs français (du secteur numérique de l’immersion, mais aussi de la recherche sur ces sujets) participent activement aux discussions sur l’interopérabilité des technologies de l’immersion. (p. 79)
Amener la puissance publique à faire émerger les services communs et essentiels permettant l’avènement d’une pluralité de métavers interopérables. (p. 95)
Développer une analyse rigoureuse des différentes chaînes de valeur des métavers afin de guider au mieux d’une part les domaines d’investissement stratégiques, d’autre part les risques de perte de souveraineté ou de fuite de valeur. (p. 57)
Mettre en place des commandes publiques répondant aux objectifs de souveraineté culturelle et de souveraineté technologique afin de soutenir des attelages hybrides entre structures françaises technologiques et institutions culturelles. (p. 60)
Lancer dès maintenant le travail d’adaptation, notamment du RGPD, du DSA et du DMA, aux enjeux des métavers. (p. 91)
Investir dans les outils et les techniques d’analyse des métavers, et des transactions qui s’y déroulent afin de permettre aussi bien la détection des infractions pour remonter aux auteurs que de percevoir l’impôt. (p. 99)
Réaliser des investissements dans des initiatives de recherche interdisciplinaire (informatique, neurosciences et sciences sociales) de grande ampleur et à long terme, utilisant les dispositifs existants (France 2030, PIA 4, PEPR, ANR) pour développer simultanément des métavers expérimentaux guidés par des besoins sociétaux (culture, santé, éducation) et les moyens d’en évaluer les risques sociotechniques par des études empiriques. (p. 53)
Créer un institut de recherche et coordination, sur le modèle de l’Ircam, qui serait à la fois un laboratoire de recherche en informatique dédié aux arts immersifs, un lieu de coordination entre chercheurs et artistes pour la création d’œuvres immersives innovantes dans les métavers et un comptoir d’expertise pour toutes les institutions culturelles concernées. (p. 53)
Explorer des solutions écoresponsables et développer un système de mesure de l’impact environnemental des infrastructures des métavers. (p. 83)
En lisant le rapport complet, disponible en annexe.
Source : Droit & Technologies