Pourquoi le nouveau mandat de Trump menacerait-il aussi notre économie?

Les élections du 5 novembre aux États-Unis se résument à un choix entre la continuité et un populisme exacerbé. La présidente Harris poursuivrait principalement la ligne de son prédécesseur, tandis que le président Trump, tout au long de sa campagne, a proposé des idées radicales. Selon la mesure dans laquelle Trump pourrait appliquer ces idées, cela pourrait se traduire par le chaos sur les plans économique, politique et international. Un nouveau mandat de Trump comporte même des risques importants pour notre économie.

Voici les cinq principaux risques identifiés.


1. La pression sur le commerce mondial

Le commerce mondial est sous pression depuis plusieurs années, en raison de l’augmentation spectaculaire des barrières commerciales. Bien que Harris ne soit pas non plus une grande défenseure du libre-échange international, Trump souhaite aller bien plus loin dans cette direction. Il prévoit d’augmenter de 10 points de pourcentage les droits de douane sur toutes les importations, et de 60 points de pourcentage ceux sur les importations en provenance de Chine. Des représailles de la Chine seraient alors à prévoir, ce qui aggraverait le climat commercial international. Selon diverses banques internationales, l’impact de ces droits de douane pourrait entraîner une baisse de l’activité économique dans la zone euro de 1 à 1,5 %. Pour la Flandre, plus dépendante du commerce international et en lien étroit avec l’économie américaine (notamment dans le secteur pharmaceutique), cet effet négatif serait encore plus prononcé.


2. L’augmentation des tensions géopolitiques

Dans un climat géopolitique déjà instable, le chaos que Trump pourrait ajouter ne serait pas bénéfique. Il a déjà menacé de couper le soutien à l’Ukraine, et sa position conciliante envers Poutine pourrait ouvrir la voie à une pression russe accrue sur l’Europe. Les relations avec la Chine risquent également de se détériorer, augmentant le risque d’une escalade de la guerre commerciale. Au Moyen-Orient, les initiatives de Trump pourraient également conduire à des situations imprévisibles. Cette augmentation des tensions et de l’incertitude aurait des répercussions négatives sur le commerce mondial, les chaînes d’approvisionnement internationales et la position de la Chine dans l’économie mondiale, affectant inévitablement une petite économie ouverte comme celle de la Flandre.


3. Vers une défense européenne ?

Durant son premier mandat, Trump avait déjà mis la pression sur la coopération au sein de l’OTAN. Beaucoup de membres continuent de ne pas respecter leurs engagements financiers. Trump a déjà menacé de démanteler de facto l’OTAN. Un scénario où l’Europe devrait compter davantage sur elle-même pour sa défense est donc envisageable. Les membres de l’OTAN devront au minimum augmenter leurs efforts de défense, et des pays comme la Belgique devront accélérer leurs engagements pour atteindre l’objectif de 2 % du PIB, ce qui pourrait impliquer 5 milliards d’euros par an de dépenses supplémentaires.


4. Une économie américaine affaiblie pèse sur la conjoncture internationale

Les mesures économiques proposées par Trump risquent de faire grimper l’inflation. Des initiatives telles que l’arrêt de l’immigration, des déportations massives, des droits de douane importants et des réductions d’impôts risquent de stimuler l’inflation et de freiner la croissance de l’économie américaine. Cela forcerait la Fed à augmenter les taux d’intérêt plus que prévu. La combinaison d’une croissance affaiblie et de taux élevés aurait des répercussions négatives sur l’économie mondiale, touchant également l’Europe et la Belgique. Les menaces de Trump contre l’indépendance de la Fed aggraveraient encore cette situation, mettant tout le système financier sous pression.


5. Les germes d’une nouvelle crise de la dette ?

Les plans de Harris et de Trump augmenteraient la dette publique américaine, mais Trump irait beaucoup plus loin. Selon le Committee for a Responsible Federal Budget, la dette publique pourrait passer de 100 % du PIB aujourd’hui à 142 % en 2035, voire 160 % dans un scénario à risque. Ceci s’ajouterait à la croissance de la dette mondiale, qui devrait dépasser 100 000 milliards de dollars (93 % du PIB) cette année selon le FMI. Une augmentation significative de la dette américaine, combinée à l’ingérence politique à la Fed, augmenterait le risque d’une nouvelle crise de la dette, affectant potentiellement des pays comme la Belgique ayant une dette élevée.


Conclusion

Un second mandat de Trump pourrait affecter notre économie de multiples façons. La meilleure réponse est de renforcer l’économie au niveau européen, belge et flamand. Le potentiel économique reste sous-exploité en raison de la fragmentation du marché européen, du manque de place pour l’entrepreneuriat et de l’excès de régulations. Des réformes permettant de surmonter ces obstacles rendraient l’économie plus résiliente aux chocs externes. De plus, il est urgent d’élaborer une stratégie de défense sérieuse au niveau européen et belge. Bien que ces mesures soient déjà nécessaires, elles deviendraient encore plus urgentes en cas de réélection de Trump.

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