Les syndicats sont des acteurs clés de notre modèle socioéconomique. Ils ont obtenu beaucoup de choses : droit aux congés payés, droit au salaire minimum, etc., mais ils restent bloqués dans la philosophie des années 1960, basée sur un pseudo-conflit démodé entre le patronat et le prolétariat, avec de fréquentes menaces de grève. Et ils ont oublié leur mission de base, à savoir le droit au travail. Quelles sont les réformes qui s’imposent ?
Les syndicats doivent être des partenaires pour aider les gens à trouver du travail. Il est donc logique qu’ils soient financés pour ce rôle. Par conséquent, leurs KPI (indicateurs clés de performance) devraient être le nombre de personnes mises au travail. Or, les syndicats sont financés en fonction du nombre de chômeurs. Appelé « Système de Gand » dans la littérature internationale, ce système est une anomalie. Lorsque le chômage baisse, comme c’est le cas actuellement, cela pèse sur leurs finances. Le gouvernement a donc décidé de leur octroyer 10 millions d’euros supplémentaires en 2023 et 2024.
Les syndicats épluchent les comptes annuels des entreprises pour voir s’il y a une possibilité de nouvelles augmentations salariales. Ils ne sont donc apparemment pas opposés à la publication des résultats des entreprises. Mais pourquoi cela ne s’applique-t-il pas à eux ? Ils devraient avoir un devoir de publication comme n’importe quelle entreprise mais ils argumentent que le « patronat » ne doit pas connaître la taille de leur « trésor de guerre ».
Ceci ne tient pas la route. En France, par exemple, tout le monde peut consulter les comptes des syndicats. Chez nous, le syndicat libéral fait lui aussi preuve de transparence. La CGSLB compte 308.000 membres et réalise un chiffre d’affaires de 62 millions d’euros par an. Environ deux tiers proviennent des cotisations (entre 6 et 19 euros par mois). Sur la base d’une cotisation moyenne, nous estimons arriver à 44 millions d’euros de cotisations par an.
LE FINANCEMENT DES SYNDICATS EST ASSURÉ À 40 % PAR LES EMPLOYEURS, À UN TIERS PAR LE CONTRIBUABLE ET À UN QUART PAR LES AFFILIÉS.
Bien que nous ne disposions pas de chiffres, nous pouvons réaliser une estimation pour les deux autres mastodontes. Sur la base de la cotisation moyenne (entre 6 et 19 euros), nous arrivons à 252 millions d’euros pour la CSC et la FGTB, qui comptent chacune un million et demi de membres. Nous pouvons donc estimer la contribution totale des membres des trois syndicats à 550 millions d’euros. A cela s’ajoutent les 210 millions pour le paiement des chômeurs et toutes sortes de subventions (formation, coopération internationale, etc.) que nous estimons à un peu moins de 10 % du chiffre d’affaires. Le chiffre d’affaires total des syndicats s’élèverait alors à environ 840 millions d’euros. Bien entendu, les syndicats peuvent contester mes calculs en publiant les chiffres exacts.
Les deux tiers du chiffre d’affaires total sont donc constitués par les cotisations. Et qui paie la majeure partie des cotisations des affiliés ? L’employeur. Les actifs paient une cotisation mensuelle de 19 euros, ce qui leur donne droit à une prime syndicale de 145 euros par an, payée par l’employeur.
En résumé, le financement des syndicats est assuré à 40 % par les employeurs, à un tiers par le contribuable et à un quart par les affiliés. Avec leurs 3,3 millions de membres, les syndicats devraient réussir à montrer aux chômeurs et aux malades de longue durée la voie vers le marché du travail afin de financer durablement notre sécurité sociale et de fournir aux employeurs la main-d’œuvre dont ils ont tant besoin.