On le sait : la Belgique est un des pays les plus taxés du monde, et le débat politique porte désormais sur la fiscalité et les dépenses de l’État.
En vérité, à force de repousser une mise à plat de notre État social, on a perdu le sens des équilibres.
Et c’est dramatique.
Pour comprendre la réalité des choses, il faut distinguer l’impôt de la sécurité sociale.
L’impôt est censé exiger des citoyens qu’ils contribuent, selon leur capacité contributive, au fonctionnement de l’État.
La sécurité sociale, c’est totalement différent.
En effet, cette dernière est de nature assurantielle : les cotisations acquittées par les travailleurs et les entreprises sont censées couvrir les diverses dépenses sociales (pensions, soins de santé, chômage, etc.). Cela devait fonctionner comme une compagnie d’assurance : les primes acquittées servent à couvrir les sinistres. Encore qu'il faut nuancer : les cotisations sont genéralement déplafonnées alors que les prestations le sont.
En effet, le vieillissement de la population (qui combine l’effet du baby-boom d’après-guerre à l’augmentation de 20 ans de l’espérance de vie depuis cette dernière) conduit à une augmentation inexorable des dépenses sociales. Et comme les courbes démographiques se modifient, à savoir qu’il y a de moins en moins d’actifs pour financer les dépenses des inactifs, c’est l’impôt qui compense les choses.
En d’autres termes, la sécurité sociale ne fonctionne plus sans l’apport de l’impôt.
Mais alors PLUS DU TOUT : les cotisations sociales ne couvrent plus que 2/3 des dépenses sociales.Le reste est assuré par l’impôt, qui lui-même est insuffisant, ce qui conduit à un déficit budgétaire qui accroît l’endettement public.
On ne peut donc plus dissocier l’impôt des dépenses sociales.
Si on veut garder l’État social, il faut augmenter les impôts.
Et croire que la croissance future apportera une solution est une ineptie intellectuelle : en effet, une population vieillissante génère une faible croissance.
Voilà, en deux mots, la crue vérité.
Et je crains que ce soit déjà le cas.