Raymond Krockaert reçoit le deuxième grand prix de la profession. Un hommage justifié!

Mesdames et Messieurs, notre lauréat du jour est un personnage d'exception. Et comme dirait l'humoriste français Philippe Bouvard, Monsieur Raymond Krockaert a fait HEC - non pas le HEC que tout le monde connait, mais HEC pour Hautes Études Communales, car effectivement, ce qui est exceptionnel dans le parcours de M. Krockaert, c'est ce que c'est le parcours d'un autodidacte de talent !

Il s'est construit au fur et à mesure du temps avec en mémoire une seule devise, une devise qu'il a hérité de son grand-père qui au sortir du parlement, face au parc de Bruxelles, lui montrait tous ces députés et lui disait à l'oreille :" tu vois Raymond ces messieurs qui sortent du Parlement ? Eh bien, sache qu'is ont compris qu'en Belgique, il y a seulement deux partis. Celui des emmerdeurs et celui... des emmerdés ! Et donc, très tôt, notre ami et éternel président Krockaert a fait son choix, et je vous laisse deviner lequel !

Faut-il le dire, tout au long de sa vie professionnelle, Raymond Krockaert a travaillé en collaboration avec les meilleurs avocats fiscalistes du pays, que ce soit Marc Baltus ou Thierry Afschrift. Il a défendu énormément de clients, certains inconnus et d'autres plus célèbres comme feu l'ancien premier ministre et homme d'affaires, Paul Vanden Boyenants.

Il est également l'un des rares à disposer d'une véritable renommée au sein de l'administration fiscale, ceux qui ont pu l'accompagner, par le passé, dans ses démarches pour ses clients, savent qu'il pouvait s'arrêter quasi à chaque porte d'un couloir de l'administration pour saluer tel ou tel contrôleur. Non seulement il était et reste respecté par les agents du fisc, mais il fut une époque où il connaissait les plus importants d'entre eux, au point que certains n'ont pas hésité à le surnommer...le Kissinger du fisc belge !

Raymond Krockaert est donc le meilleur exemple de l'intérêt de valoriser l'expérience professionnelle pour porter un titre avec allant.

Aussi étonnant que cela puisse paraître, notre lauréat de ce soir semble avoir pris ses responsabilités associatives un peu par hasard. Il se plait en effet à rappeler que son mentor, le regretté Joseph Colley, l'a un jour appelé à jouer un rôle de premier plan, sans autre préavis. Il s'est vu confier le premier rôle d'une pièce théâtrale où il se découvrit de formidables talents d'acteur. Il s'est sans doute alors dit qu'il devait marquer son temps. Ce rôle de primus inter pares il y a pris goût. D'une pièce a priori limitée dans le temps, il finit par en jouer plusieurs séries dans lesquelles, il tient bien entendu le rôle principal. Devenant lui-même une grande personnalité du secteur et un mentor à son tour pour tant d'autres qui se reconnaitront dans la salle.

Cette histoire très particulière explique sans doute aussi l'origine d'une autorité naturelle et qu'il aima développer. Mais de là à dire qu'il est autoritaire, c'est un pas que certains peuvent franchir aisément. Mais n'est-ce pas l'ADN des vrais chefs ? Je pose juste la question. Parmi ses autres traits de caractère, il semblerait que notre ami Raymond Krockaert n'aime pas trop déléguer. Sans doute par peur de voir un résultat qui ne serait pas conforme à ses attentes, mais je le soupçonne aussi de l'avoir fait, parce que notre ami Raymond Krockaert n'aime qu'une seule chose : le travail, le travail et encore le travail. Ceux qui le connaissent savent qu'aujourd'hui encore, à un âge respectable, il passe plusieurs heures à son bureau le dimanche. J'en profite pour rendre hommage à son épouse Ninette qui sait à quel point son mari est un workaholic comme disent les Anglo-saxons !

Aimant rappeler qu'un patron est un chef, Raymond Kroackert a pris plaisir à faire parfois trembler son entourage. Ses collaborateurs gardent de lui des souvenirs marqués, parfois de petits coups de coude ou de coup de pied pour les rappeler à l'ordre au cours d'une réunion ! mais Raymond Krockaert a surtout marqué ses collaborateurs par ses qualités de leaders et de digne représentant de la profession. Ils se souviennent les fréquentes réécritures des courriers ou projets de textes qui lui étaient soumis, car notre homme voulait que les choses soient parfaites à ses yeux.

Notre orateur a pris goût à plaider, expliquer et déclamer. C'est un tribun hors pair et dans les deux langues, svp. C'est aussi conférencier hors pair. Avec un sens aigu de la synthèse et une mémoire d'éléphant. Il aime notamment être l'orateur et l'animateur des fameux mercredis de la comptabilité.

Faut-il le préciser, notre lauréat est un épicurien moderne. Il aime les grandes tables et les grands vins. Son souci du détail et son besoin d'être acteur l'ont aussi amené à dépasser le rôle de simple habitué des grandes maisons. Il fut ainsi un père de l'écailler ou de la Villa Loraine. Il peut ainsi vous raconter inlassablement ses mémoires et ses plaisirs partagés avec son ami Marcel Kreuz, avec qu'il y dessina quelques bonnes idées et belles cartes, notamment au retour d'un voyage mémorable à Londres qui était le prélude à la création de l'Ecailler du Palais Royal. À l'époque, Raymond ne croyait pas en la réussite d'un restaurant à poissons à Bruxelles, persuadé que les habitants de Bruxelles étaient d'irrémédiables carnivores. Le temps lui a donné tort. Cela arrive parfois, cher Raymond.

Parlons de la mémoire de Raymond Krockaert. Je vous ai déjà dit qu'il en a une immense, colossale. Et elle est ineffaçable si vous voyez ce que je veux dire. Mais sa mémoire lui sert avant tout à récolter des informations et des anecdotes sur un nombre incalculable de choses, car notre lauréat a une culture générale impressionnante qui fait partie de son personnage tout entier. Et c'est vrai que passer une soirée avec lui change des problèmes quotidiens de la profession. Il est capable de vous parler d'histoire, de littérature, d'économie ou de vous déclamer un poème d'un auteur flamand du 18ème siècle que même les Flamands de souche ne connaissent pas ! C'est la raison pour laquelle, il a noué autant de sympathies au sein de la profession, mais également hors de la profession. Passer une soirée avec lui, c'est assister à un one man show d'enfer, et donc, c'est le gage d'une soirée bien réussie.

Raymond Krockaert est un personnage qui crée et suscite des sentiments tranchés. Ces amis vous parleront de lui avec émotion, car il est fidèle en amitié et toujours prêt à soutenir ceux qu'ils considèrent même s'ils ne sont pas très nombreux. Il fut étonnamment d'ailleurs pour sa génération un des premiers à "embrasser" ses proches amis et connaissances, une tendance qui depuis s'est largement répandue dans les générations qui suivent.

Notre homme est quelque peu théâtral dans sa démarche et il en impose à ses interlocuteurs, un peu comme l'était dans un autre registre, Guy Spitaels que Raymond Krockaert a d'ailleurs accueilli à sa tribune de l'Ordre ! Mais ce n'est pas le seul homme célèbre à avoir pris la parole dans le cadre de l'assemblée générale de l'Ordre. Quittant les traditionnels orateurs de la profession, Raymond n'a pas hésité à faire venir à sa tribune des personnages très en vue à Paris : je cite, par exemple, Ignacio Ramonet, le directeur du Monde Diplomatique qui a en quelque sorte annoncé la crise bien avant qu'elle ne se produise, il a aussi invité Eric Izraelewicz, l'ancien directeur du journal Le Monde qui hélas nous a quittés très jeune l'an dernier. Bref, curieux de tout, lecteur insatiable, notre ami Raymond Krockaert a voulu aussi ouvrir la profession à d'autres horizons, et notamment en invitant des personnalités étrangères de renom.

Sur le plan des anecdotes, mes informateurs me disent qu'il disposait toujours d'une voiture, d'un costume et de chaussures de rechange.La raison de cela ? Pour lui chaque interlocuteur a besoin d'être rassuré. Et donc, la présentation doit être de circonstance. En l'occurrence, plutôt sobre et austère pour l'administration fiscale. Une administration avec laquelle il partagea de nombreux amis, de l'inspection spéciale des impôts à la police judiciaire, sans oublier les juges d'instruction, surtout quand ils sont aussi romanciers, je vise évidemment le juge Michel Claise, bien entendu.

Et donc, oui, c'est vrai, notre homme aime le beau monde, car il a besoin d'interlocuteurs de niveau. C'est cette facette d'homme instruit dans une personnalité tonique et déterminée qui aura probablement fait de l'homme cet immense professionnel de notre secteur.

Mesdames et Monsieur, j'invite Monsieur Raymond Krokaert a venir chercher le deuxième grand prix de la profession.


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