« De grâce, dites aux entrepreneurs de ne pas attendre la cessation de paiement ! ». Cette mise en garde, c’est celle du nouveau président du tribunal de l’entreprise francophone de Bruxelles, Paul Dhaeyer, dont le propos a été résumé dans La Libre le 14 avril dernier.
Quel message livre-t-il ? Le tribunal de l’entreprise n’a pas vocation à prononcer des faillites. A cet égard, rappelons qu’un arrêté royal suspend provisoirement le prononcé de celles-ci dans certains cas jusqu’au 17 mai. Non, au contraire, le tribunal travaille à mettre en place des systèmes afin d’éviter au maximum les faillites. Car oui, les entreprises (déjà en difficultés et celles qui le seront prochainement) disposent d’outils pour surmonter la crise. Elles doivent aujourd’hui faire un « état des lieux » concernant leur continuité et les mesures à mettre en place.
Dès qu’une simple menace à la continuité de l’entreprise intervient, il y a lieu de réagir. Voici quelques illustrations quant aux « outils » existants :
Voici un scénario classique : je suis entrepreneur ou bien dirigeant de PME, je suis confrontée à un client qui ne paie plus. Ma créance est plus ou moins importante et je crains la faillite de mon client.
En cas de faillite, je sais que je ne récupère rien car ma créance n’est pas privilégiée …
Je peux tenter de négocier un « accord amiable » comprenant un étalement ou un abattement partiel de ma créance. Je tente de la sorte d’obtenir à tout le moins la récupération partielle de celle-ci (plutôt que nulle en cas de faillite).En bref, une application pratique de l’adage « un tiens vaut mieux que deux tu l’auras »…
Moyennant le respect de certaines formalités, l’exécution de l’accord amiable conclu avec une entreprise en difficulté ne pourra être remise en question en cas de faillite subséquente.Cela permet donc de « sécuriser » un paiement effectué en période suspecte (avant une éventuelle faillite de votre débiteur). Il ne pourra pas être remis en question par le curateur ultérieurement.Cet avantage peut naturellement servir de levier important afin que les parties s’accordent.
Nous plaidons donc clairement pour « sortir des sentiers battus » (soit la faillite ou la procédure judiciaire) et d’actionner avec pragmatisme l’outil le plus approprié en fonction du cas concret rencontré.Les outils doivent donc tout d’abord être connus, ensuite maîtrisés et enfin utilisés à bon escient (et avant qu’il ne soit trop tard).