Bruxelles, 21 décembre 2021 - Les fêtes de fin d'année approchent et sont, pour de nombreux travailleurs, synonymes de repos plus que mérité après une année tumultueuse marquée par des mesures Covid-19 fluctuantes. Des mesures qui ont par ailleurs impacté la manière dont nous devions organiser notre travail (télétravail, travail avec des enfants à la maison, etc.).Une nouvelle étude menée par Securex, partenaire en matière d’emploi et d’entrepreneuriat, en septembre 2021 auprès de 1.509 travailleurs belges démontre que 15% d'entre eux boivent plus de 10 verres d'alcool par semaine. Ils dépassent ainsi la directive scientifique de la VAD, le centre d'expertise flamand pour l'alcool et autres drogues.Ce sont surtout des célibataires qui luttent contre l'insécurité de l'emploi et ont du mal à concilier leur vie privée et leur vie professionnelle, qui affichent ce comportement inquiétant.
Les comportements de consommation excessive d'alcool sont présents aux différents niveaux du marché du travail. Nous constatons néanmoins une plus forte propension parmi les cadres qui ont dû télétravailler au cours de ces derniers mois. Les différentes mesures pour lutter contre le Covid-19 sur le lieu de travail et la gestion d'une équipe à distance ne leur ont pas facilité la tâche. Lorsque les cadres télétravaillent, le risque de consommation excessive d'alcool est trois fois plus élevé que lorsqu'ils ne télétravaillent pas. Pour ceux qui n’ont pas de poste de cadre, le télétravail n'augmente pas le risque.Au moment de l'enquête (septembre 2021), un tiers des cadres ont indiqué avoir recours au télétravail, et pour les non-cadres, un cinquième d’entre eux y avaient recours.
« Après une lourde journée de réunions en ligne, l'apéritif quotidien assure une certaine convivialité et constitue également une forme de récompense et de relâchement après une journée difficile. On peut supposer qu'un grand nombre de cadres ont assez mal vécu le stress de devoir diriger et gérer une équipe à distance.En buvant quotidiennement et en ne se limitant pas toujours à l'apéritif, la barre des 10 verres d'alcool par semaine peut très vite être dépassée », déclare Heidi Verlinden, Research Project Manager chez Securex.
Les travailleurs qui craignent de perdre leur emploi sont également plus exposés à une consommation excessive d'alcool, d’autant plus lorsqu’ils font du télétravail. Dans ce cas, le risque est plus de deux fois plus élevé que lorsqu'ils ne télétravaillent pas. Au moment de l'enquête (septembre 2021), la crainte de perdre son emploi était assez répandue. Pas moins d'un travailleur sur trois, télétravailleurs et non-télétravailleurs, craignait pour son emploi à cette période. Il est probable que le télétravail diminue souvent la visibilité du travailleur dans l'organisation et le sentiment d’impact sur la maintien de son emploi. Ce résultat fait écho à d’autres études scientifiques qui ont démontré que ceux qui télétravaillent ont moins de chances d'être promus.
Dans le cas des travailleurs célibataires avec enfants (de tout âge), le risque d'abus d'alcool est toujours plus élevé. Le risque de consommation excessive d'alcool est même presque deux fois plus élevé par rapport aux travailleurs ayant un partenaire, ou aux travailleurs sans enfants (+91%). Cette catégorie de travailleurs a plus de mal que les autres travailleurs à supporter les confinements, le chômage temporaire, les quarantaines, la maladie et le télétravail en raison de leur situation personnelle.Gérer un ménage sans partenaire et s'occuper des enfants alors que ceux-ci sont sans arrêt à la maison, avec éventuellement du télétravail, n’est pas simple. En Belgique, près d'un travailleur sur dix est célibataire avec enfants.
« Il est absolument essentiel que les employeurs mettent en place une politique de ressources humaines flexible en matière de télétravail, de régime de travail et d'aménagement des congés. Nous constatons, en particulier dans le cas des personnes seules avec enfants, la nécessité d'une politique sur mesure. Une politique qui prendrait un maximum en compte les mesures en constante évolution des écoles et des crèches, afin que le parent puisse s'organiser.Il est important de faire preuve de transparence envers les collègues et d'avoir un impact positif ou au moins neutre sur le travail d'équipe. Il est impératif que les travailleurs parviennent encore à trouver un équilibre sain entre leur travail et leur vie privée », déclare Heidi Verlinden de Securex.
Ce sont principalement les hommes qui consomment beaucoup d'alcool, indépendamment du fait qu'ils fassent du télétravail ou non. Le risque qu’ils aient une consommation d'alcool excessive est 125% plus élevé que celui des femmes. Les femmes triplent leur risque lorsqu'elles font du télétravail.Le risque de consommation excessive d'alcool augmente également avec l'âge : un travailleur de 45 ans est 50% plus exposé au risque de consommation excessive d'alcool qu'un travailleur de 25 ans ; un travailleur de 65 ans est deux fois plus exposé (100% en plus).
« Cette étude démontre la nécessité d'instaurer un dialogue entre les travailleurs et les employeurs afin de voir comment appréhender ce phénomène de manière proactive.Il est conseillé aux employeurs de discuter ouvertement de ce problème, notamment pendant les dernières semaines de l'année.Même si le télétravail rend la prise de rendez-vous et la détection des signes plus difficiles que d'habitude, nous devons chercher collectivement des moyens pour lutter contre la consommation abusive d'alcool. Par ailleurs, il est également important de mettre l'accent sur la prévention grâce à une communication transparente, dans le but de supprimer toute insécurité professionnelle inutile, de soutenir les cadres et d’établir régulièrement des liens avec les groupes à haut risque tels que les personnes seules avec enfants », conseille Eva Praet, Senior Consultant Health & Safety chez Securex.
Les chiffres de cette étude proviennent d'une enquête réalisée par Securex en septembre 2021 dans différents domaines. L'échantillon, composé de 1509 travailleurs, est représentatif du marché du travail belge en termes de sexe, d'âge, de statut, de taille d'entreprise et de région.
Les différences de risque discutés dans cette étude concernent l'‘impact pur’ d'une variable, c'est-à-dire à l’exclusion de l’influence des autres variables pertinentes. Par exemple, le risque de consommation excessive d'alcool chez les cadres est un effet du management en soi, plus le télétravail, et ne s'explique pas par le fait que la majorité des cadres sont des hommes.Il convient d'admettre que la direction de la corrélation peut également être opposée puisqu'il s'agit d'une étude transversale et non longitudinale.