Dans le cadre de l'entrée en vigueur d'un nouveau cadre de gouvernance économique apte à répondre aux besoins futurs, la Commission Européenne balise la reflexion en proposant en ligne une série de questions et reponses pertinentes. Nous vous invitons à les parcourir et y réfléchir.
Les principaux objectifs du nouveau cadre de gouvernance économique consistent à renforcer la soutenabilité de la dette et à promouvoir une croissance durable et inclusive dans tous les États membres, moyennant des réformes et des investissements prioritaires propices à la croissance. Ce cadre contribuera à rendre l'UE plus compétitive et à mieux la préparer aux défis de l'avenir en favorisant les progrès vers une économie verte, numérique, inclusive et résiliente, tout en renforçant les capacités de sécurité de l'Europe.
Les réformes visent à rendre le cadre plus simple, plus transparent mais aussi plus efficace, en incitant les États membres à se l'approprier davantage et grâce à une application plus stricte des règles. Elles tiennent compte de la nécessité de réduire, de manière réaliste, progressive et durable, les dettes publiques qui se sont creusées, notamment en raison de la pandémie de COVID-19. Le nouveau cadre s'appuie également sur les enseignements tirés des mesures prises par l'UE en réaction à la crise financière, lorsque le manque d'investissements a empêché une reprise économique rapide.
Le nouveau cadre de gouvernance économique a été conçu pour aider l'UE à relever aussi bien les défis actuels que ceux qui vont émerger. Il reconnaît tant les stratégies budgétaires prudentes que les investissements et réformes qui stimulent une croissance durable comme des éléments qui non seulement sont indispensables mais qui se renforcent mutuellement.
Le cadre révisé de gouvernance économique de l'UE contribuera à rendre l'Europe plus résiliente, en ouvrant la voie à la fois à des investissements et des réformes stratégiques et à une réduction réaliste, progressive et durable des ratios d'endettement, qui sont actuellement élevés.
Le nouveau cadre de gouvernance économique vise à renforcer la soutenabilité de la dette publique, compte tenu de la nécessité de réduire des niveaux d'endettement public qui se sont considérablement accrus, et à favoriser, au moyen d'investissements et de réformes, une croissance durable et inclusive, tout en préservant l'appropriation des règles au niveau national. Le cadre sera simplifié et tiendra compte des défis budgétaires propres à chaque État membre.
Le nouveau cadre s'articule autour des éléments suivants:
L'instrument législatif a été formellement adopté par le Parlement européen et le Conseil en avril 2024. Le nouveau cadre est entré en vigueur le 30 avril 2024.
Le nouveau cadre a pour principal objectif de promouvoir une croissance économique durable et inclusive et de maintenir l'endettement à un niveau soutenable. Il reconnaît qu'outre l'assainissement budgétaire, les réformes et les investissements sont essentiels pour promouvoir la croissance et réduire la dette, et qu'ils sont nécessaires pour relever les défis communs, en particulier accomplir la transition écologique et numérique, renforcer la résilience sociale et économique, garantir la sécurité énergétique et accroître les capacités de défense.
Le nouveau cadre encourage la mise en œuvre d'investissements et de réformes de plusieurs manières:
Le nouveau cadre introduit une surveillance fondée sur les risques, qui opère une distinction entre les États membres en fonction de leur situation budgétaire individuelle. Cette approche s'inscrira dans un cadre commun transparent au niveau de l'UE, étayé par des mesures de sauvegarde visant, d'une part, à ce que la dette soit placée sur une trajectoire descendante (la sauvegarde de la soutenabilité de la dette) et d'autre part à ménager une marge de résilience sous la valeur de référence de 3 % du PIB fixée par le traité pour le déficit, dans le but de créer des réserves budgétaires (la sauvegarde de la résilience du déficit).
Pour chaque État membre dont le déficit public dépasse 3 % du PIB ou dont la dette publique dépasse 60 % du PIB, la Commission publiera une «trajectoire de référence». Ces trajectoires guideront les États membres dans la préparation de leurs plans et garantiront que leur dette suit une trajectoire descendante plausible ou se maintient à des niveaux prudents.
Pour les États membres dont le déficit public est inférieur à 3 % du PIB et dont la dette publique est inférieure à 60 % du PIB, la Commission fournira des informations techniques pour garantir que le déficit public est maintenu sous la valeur de référence de 3 % du PIB à moyen terme. Cela se fera à la demande de l'État membre.
Les valeurs de référence fixées dans le traité pour le déficit public (3 % du PIB) et pour la dette publique (60 % du PIB) demeureront inchangées.
Si le déficit public prévu ou observé dépasse la valeur de référence de 3 % du PIB, la Commission élaborera un rapport en application de l'article 126, paragraphe 3, du traité, sur lequel le Comité économique et financier rendra un avis en application de l'article 126, paragraphe 4, du traité.
En outre, le nouveau cadre vise à assurer une trajectoire réaliste, progressive et durable de désendettement lorsque la dette publique dépasse la valeur de référence de 60 % du PIB, tout en garantissant un cadre crédible et propice à une croissance durable.
La procédure concernant les déficits excessifs (PDE) pour les déficits publics dépassant la valeur de référence de 3 % du PIB reste inchangée. Comme elle l'a annoncé précédemment, la Commission proposera au Conseil d'engager, au printemps de cette année, des procédures concernant les déficits excessifs fondées sur le déficit. Dans un premier temps, et dans le cadre du paquet de printemps du Semestre européen prévu pour le 19 juin 2024, la Commission élaborera un rapport au titre de l'article 126, paragraphe 3 à l'intention des États membres concernés par ce dépassement.
La procédure concernant les déficits excessifs en cas de dette publique dépassant la valeur de référence de 60 % du PIB est renforcée, en ce qui concerne son activation et son abrogation. Elle se concentrera sur les écarts commis par les États membres dont la dette publique dépasse 60 % du PIB par rapport à la trajectoire des dépenses nettes qu'ils se sont engagés à respecter et qui a été approuvée par le Conseil dans le cadre du volet préventif du pacte de stabilité et de croissance. Lorsque le solde du compte de contrôle dépasse certains seuils numériques et que la dette de l'État membre est supérieure à 60 % du PIB, la Commission est tenue d'élaborer un rapport au titre de l'article 126, paragraphe 3, du TFUE afin d'évaluer s'il y a lieu d'ouvrir une procédure de déficit excessif fondée sur la dette, sauf si la position budgétaire est proche de l'équilibre ou excédentaire. Dans un tel rapport, les défis importants posés par la dette publique constitueraient un facteur pertinent essentiel.
Pour les États membres dont la dette publique dépasse la valeur de référence de 60 % du PIB ou dont le déficit public dépasse la valeur de référence de 3 % du PIB, la Commission définira une trajectoire de référence pour les dépenses nettes. Cette trajectoire de référence couvrira la période d'ajustement du plan budgétaire et structurel national à moyen terme, qui est par défaut de quatre ans, et son éventuelle prolongation de trois ans au maximum. Son objectif est de fournir aux États membres des orientations pour définir leur trajectoire des dépenses nettes à faire figurer dans leur plan budgétaire et structurel à moyen terme.
La trajectoire de référence sera propre à chaque État membre et tiendra compte des défis que pose sa dette publique. Elle garantira en particulier:
Pour les États membres qui présentent à la fois un déficit public inférieur à la valeur de référence de 3 % du PIB et une dette publique inférieure à la valeur de référence de 60 % du PIB, la Commission fournira des informations techniques sur le solde primaire structurel nécessaire pour garantir que le déficit public reste sous la valeur de référence de 3 % du PIB. Cela se fera à la demande de l'État membre.
La clause dérogatoire générale sera maintenue dans le nouveau cadre et activée en cas de grave ralentissement économique dans l'UE et/ou la zone euro.
Cette clause permet aux États membres de prendre des mesures pour faire face de manière adéquate à une crise, en dérogeant aux obligations budgétaires qui devraient normalement s'appliquer en vertu du cadre budgétaire européen.
La clause dérogatoire générale sera également renforcée, le Conseil décidant désormais, sur proposition de la Commission, s'il convient de déclencher ou de prolonger l'application de la clause et d'en fixer les limites temporelles.
Les nouveaux plans budgétaires et structurels à moyen terme sont au cœur du nouveau cadre. Les États membres élaboreront et présenteront des plans fixant leurs objectifs budgétaires, leurs réformes et investissements prioritaires, ainsi que des mesures visant à remédier aux éventuels déséquilibres macroéconomiques au cours d'une période d'ajustement budgétaire. La «période d'ajustement» désigne la période au cours de laquelle, par une combinaison d'ajustements budgétaires, de réformes et d'investissements, le niveau d'endettement d'un État membre est placé sur une trajectoire descendante durable et le déficit est ramené ou maintenu sous la valeur de référence.
Ces plans seront ensuite évalués par la Commission et approuvés par le Conseil sur la base de critères communs de l'UE.
L'intégration des objectifs en matière de politique budgétaire, de réformes et d'investissements dans un plan à moyen terme unique contribuera à instaurer un processus cohérent et rationalisé. Cela renforcera l'appropriation au niveau national en laissant aux États membres une plus grande marge de manœuvre pour définir leurs propres trajectoires d'ajustement budgétaire, ainsi que leurs engagements en matière de réformes et d'investissements. Les États membres présenteront des rapports d'avancement annuels afin de faciliter un suivi et un contrôle plus efficaces de la mise en œuvre de ces engagements.
Avant la présentation du plan, un dialogue technique approfondi aura lieu entre la Commission et l'État membre concerné. La Commission proposera également, pour les États membres dont la dette publique dépasse 60 % du PIB ou dont le déficit dépasse 3 % du PIB, une trajectoire d'ajustement pluriannuelle de référence en termes de dépenses primaires nettes.
La Commission évaluera le plan présenté par chaque État membre sur la base de méthodes communes et transparentes. Elle se réservera la possibilité de demander des informations complémentaires ou un plan révisé. Après l'évaluation du plan à moyen terme par la Commission, le Conseil pourra soit l'approuver, soit recommander que l'État membre le soumette à nouveau.
Une fois approuvé par le Conseil, le plan devrait engager l'État membre pour les budgets annuels qu'il adoptera pendant l'ensemble de la période couverte par le plan, qui est de quatre ou cinq ans en fonction de la durée de la législature au niveau national. Le plan ne peut être révisé que si des circonstances objectives empêchent sa mise en œuvre, ou dans le cas d'un gouvernement nouvellement nommé.
La nouvelle approche prévue par le nouveau cadre de gouvernance économique pour la mise en œuvre de la procédure concernant les déséquilibres macroéconomiques (PDM) ne requérait aucune modification législative. L'idée est de promouvoir une PDM fondée sur une approche plus fortement prospective.
Un premier objectif est de classer les déséquilibres de manière plus dynamique. En pratique, que ce soit pour statuer sur l'existence de déséquilibres ou pour évaluer si les déséquilibres constatés ont été corrigés ou non, on examinera avec une plus grande attention si les risques semblent croître ou décroître, et quelles politiques sont nécessaires pour corriger les déséquilibres constatés.
Le second objectif est de renforcer le rôle préventif de la PDM. Concrètement, une dimension plus prospective sera donnée tant au premier examen analytique des déséquilibres dans le rapport sur le mécanisme d'alerte (RMA) qu'à l'évaluation de l'existence de déséquilibres dans les bilans approfondis, afin de permettre une détection des déséquilibres émergents et leur correction à un stade précoce. Le RMA pourra proposer de réaliser davantage de bilans approfondis que cela n'a été le cas ces dernières années, si le premier examen analytique qu'il fournit laisse supposer l'existence de risques de déséquilibres.
Un dialogue renforcé entre la Commission et les États membres sur les défis macroéconomiques sera instauré. Ce dialogue visera à favoriser une appropriation plus poussée au niveau national grâce à une meilleure compréhension commune, entre les États membres et la Commission, des problèmes identifiés dans le cadre de la PDM et des politiques nécessaires pour y remédier. Cela devrait conduire les États membres à s'engager fermement à inclure dans leur plan budgétaire et structurel à moyen terme les mesures nécessaires pour prévenir ou corriger les déséquilibres. Dans le même temps, le caractère coercitif de l'exercice est renforcé, puisque l'absence de mise en œuvre des mesures annoncées dans les plans pourrait entraîner un passage au stade supérieur, à savoir l'ouverture de la procédure concernant les déséquilibres excessifs.
Enfin, le nouveau cadre vise à donner une plus grande visibilité aux dimensions «UE» et «zone euro» des déséquilibres. Un premier changement manifeste sera l'inclusion d'une lecture des déséquilibres affectant l'UE et la zone euro, pour tous les indicateurs du tableau de bord de la PDM. La plus grande visibilité conférée aux dimensions «UE» et «zone euro» des déséquilibres mettra en évidence les vulnérabilités qui touchent l'UE et la zone euro dans leur ensemble, ainsi que la contribution respective des différents États membres à ces problèmes.
Le réexamen de la gouvernance économique a montré que, si le cadre de la surveillance post-programme fonctionnait généralement bien, son application devrait être plus ciblée et rationalisée. En particulier, la surveillance post-programme devrait se concentrer sur les objectifs suivants:
Vu ces objectifs, l'intensité de la surveillance post-programme devrait évoluer au fil du temps et en fonction de l'évaluation des risques:
Le nouveau processus de surveillance budgétaire sera intégré au Semestre européen existant, qui restera le cadre central pour la coordination des politiques économiques et des politiques de l'emploi.
Tous les États membres seront tenus d'établir un plan budgétaire et structurel à moyen terme qui réponde aux priorités identifiées dans les recommandations par pays qui leur auront été adressées dans le cadre du Semestre européen. Ces plans fusionneront les programmes de stabilité et de convergence et les programmes nationaux de réforme actuels. Durant toute la durée de vie de la facilité pour la reprise et la résilience, ils devront tenir compte des plans nationaux pour la reprise et la résilience, afin de garantir la cohérence des politiques publiques.
Les États membres rendront compte chaque année des progrès accomplis dans la mise en œuvre de ces engagements et des mesures prises pour donner suite aux recommandations par pays. La Commission suivra de près le respect des engagements nationaux.
Les politiques budgétaires et structurelles présentées dans les plans budgétaires et structurels à moyen terme devraient être cohérentes avec les plans pour la reprise et la résilience des États membres. En particulier, les réformes structurelles et les investissements envisagés dans les plans pour la reprise et la résilience jusqu'en 2026 devraient faire partie intégrante des nouveaux plans.
Il sera tenu compte des engagements pris par les États membres dans le cadre de leurs plans pour la reprise et la résilience pour prolonger la période d'ajustement budgétaire au titre de la première édition des nouveaux plans.
Le nouveau cadre de gouvernance économique simplifiera les processus et les procédures de plusieurs manières:
Afin que les États membres s'approprient davantage le cadre de gouvernance économique, le nouveau cadre leur donne les moyens de concevoir et de présenter leur propre plan budgétaire et structurel à moyen terme, définissant leurs objectifs budgétaires, leurs priorités en matière de réformes et d'investissements, ainsi que les mesures prévues pour corriger leurs éventuels déséquilibres macroéconomiques sur une période minimale de quatre ans.
En outre, le nouveau cadre de surveillance fondé sur les risques laisse aux États membres une plus grande latitude pour définir leurs trajectoires d'ajustement.
Il prévoit également de conférer un rôle important aux institutions budgétaires indépendantes.
Le nouveau cadre de gouvernance économique est un moyen de parvenir à une fin. En définitive, il vise à soutenir l'emploi, la croissance, l'investissement, l'équité sociale et la stabilité macroéconomique, dans l'intérêt de tous les citoyens de l'UE.
Faciliter les réformes et les investissements tout en améliorant la soutenabilité de la dette mettra l'UE en état de relever les défis existants, comme les nouveaux défis. Il s'agit notamment de construire une économie verte, numérique, inclusive et résiliente qui offre une protection et des opportunités à chaque citoyen de l'UE.
Enfin, des finances publiques saines contribuent à maintenir les coûts de financement à un faible niveau, ce qui favorise l'investissement et la consommation privés, lesquels contribuent à leur tour à la croissance et à la création d'emplois.
La Commission présentera le 19 juin le paquet du printemps 2024 du Semestre européen. Dans le cadre de ce paquet, elle présentera des rapports au titre de l'article 126, paragraphe 3, du TFUE, indiquant pour quels États membres elle entend proposer au Conseil d'ouvrir une procédure concernant les déficits excessifs (PDE) fondée sur le déficit.
Elle donnera également aux États membres des orientations sur le contenu de leurs plans budgétaires et structurels à moyen terme et sur les rapports d'avancement annuels qu'ils devront présenter. Les dialogues techniques avec les États membres débuteront une fois que la Commission aura fourni ces contributions.
Les États membres doivent élaborer et soumettre leurs plans à moyen terme au plus tard le 20 septembre 2024, ceux-ci devant être mis en œuvre à partir de 2025. La Commission commencera à évaluer les plans dès qu'ils lui auront été soumis et devrait publier son évaluation dans un délai de six semaines à compter de la réception des plans. Ce délai pourra être prolongé de deux semaines si nécessaire.