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​Belgique: l'agonie du projet de société

Chaque jour, je rencontre des Belges, issus de tous les angles de l'échiquier politique, et donc des personnes ayant voté pour les deux partis francophones du gouvernement. Ces personnes, d'abord de manière silencieuse, puis aujourd'hui de manière ouverte, voire en colère, ne comprennent plus la marche à suivre du pays, ni les projets de l’opposition.

À cet égard, il n’y a aucun projet de société, sauf la contraction des déficits budgétaires, ce qui est, on l’admettra, désolant.

Le débat politique n’existe plus (depuis longtemps) au Parlement, qui est pourtant le cénacle où les représentants du peuple sont censés s’exprimer sur l’avenir du pays.
Pendant ce temps, le débat médiatique, incompréhensible, se déploie sur les plateaux de télévision, après lesquels il faut démêler les fake news.

Le personnel politique a commis et commet d’invraisemblables actes de népotisme ou de bafouement de la loi, et certains croient qu’en criant plus fort, ils ont plus raison. Là aussi, c’est le cas depuis longtemps et non lié au gouvernement actuel.

Certains ont promis des baisses d’impôts, alors qu’en vérité, ces derniers augmentent mécaniquement. D’autres, à la fibre plus sociale, réalisent que le pays perd sa bienveillance, qui est pourtant son ciment depuis des décennies.
Des manifestations, avec certes des violences inacceptables, sont écartées au motif que cela suscite des ferments de contestation qu’il faut étouffer, tandis qu’un ministre préconise l’idée de balles en caoutchouc contre des manifestants et qu’un autre veut militariser les rues de certains quartiers de Bruxelles.

Et pendant ce temps, les hôpitaux sont au bord de l’exténuation financière, l’enseignement est en désarroi et dans des dispositions incapables de repenser l’enseignement à l’ère de l’IA. La pauvreté et la précarité gangrènent le pays, tandis que la justice souffre d’un déficit de financement, tout comme les prisons.

Mais alors, que faire ? Il faut avoir un personnel politique posé, érudit et structuré dans l'élaboration d'un nouveau pacte social et fiscal, organiser des consultations citoyennes sur la base, non pas d'un programme politique, mais d'un programme de gouvernement et en assurer le débat ouvert au Parlement, structurer une fiscalité intelligente, sur la base d'une globalisation des revenus et d'une modulation des prestations sociales en fonction de ces mêmes revenus. Nous avons la chance d'être un pays riche. C'est maintenant qu'il faut avoir la lucidité de repenser les choses plutôt que de s'enliser. Et, en lisant les commentaires de cette note, faisons attention à ce que tout cela ne tombe pas dans un populisme généralisé qui, lui, sera incapable de gouverner dans l'intelligence collective. Car nous sommes peut-être près d’un printemps des peuples, comme en 1848.

Et une question subsiste : que se passe-t-il en Belgique ?

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