Le marché automobile européen traverse une crise sans précédent, marquée par une transition énergétique exigeante et des bouleversements sociaux et industriels. Face à cette réalité, la fiscalité, en particulier en Belgique, pourrait s’enrichir des leçons tirées de ce secteur. Comment adapter nos modèles fiscaux pour allier innovation, emploi et durabilité ? Décodage.
Le marché automobile illustre les risques d’une politique uniforme : la transition vers l’électrique a été priorisée au détriment d’alternatives prometteuses. En Belgique, la fiscalité des voitures de société reflète cette tendance, favorisant l’électrique tout en délaissant d’autres technologies. Pourtant, l’innovation émerge rarement sous la contrainte, mais dans un climat propice à la diversité des solutions.
La crise actuelle souligne qu’une transition forcée, ignorant les réalités industrielles et économiques, peut l’impacter l’emploi (Audi Bruxelles en est la preuve) et brider la créativité. Le rôle de l’État devrait se limiter à celui de facilitateur, en encourageant la pluralité des approches plutôt qu’en imposant un modèle unique.
L’hydrogène illustre parfaitement la nécessité de solutions variées. Longtemps éclipsé par l’électrique, il regagne de l’intérêt grâce à des innovations majeures. Toyota, pionnier de l’hybride, propose désormais une cartouche portable d’hydrogène liquide, dévoilée lors du Japan Mobility Show 2024. Cette technologie révolutionnaire permet de transporter l’hydrogène facilement, répondant au défi de l’infrastructure de distribution.
L’histoire de Toyota rappelle que la diversification technologique est essentielle. Il y a 25 ans, l’hybride semblait irréaliste, elle le proposa pourtant avec le succès qu’on lui connait aujourd’hui. Aujourd’hui, l’hydrogène pourrait suivre le même chemin, soulignant l’importance de ne pas se limiter à une seule voie dans la transition énergétique.
Tout comme le secteur automobile doit embrasser la diversité, la fiscalité doit s’ouvrir à plusieurs solutions. Actuellement centrée sur l’électrique, elle gagnerait à soutenir également des alternatives comme l’hydrogène ou d’autres énergies renouvelables. Il y a quelques jours, BMW annonçait que ses nouveaux moteurs Diesel réduiront de 90% les émissions de CO2…
A défaut et en se focalisant uniquement sur un modèle, la fiscalité risque de créer des déséquilibres, tout comme une politique énergétique unilatérale peut nuire à l’innovation. L’évolution fiscale devrait accompagner les transitions, tout en tenant compte des impacts économiques et sociaux.
Le rôle de l’État est crucial, mais il doit être celui d’un soutien, et non d’un dirigeant omnipotent. La fiscalité peut devenir un levier puissant pour stimuler la recherche, encourager les partenariats public-privé et développer des infrastructures adaptées. Cela passe par une approche ouverte, incitative et diversifiée, permettant à chaque technologie de prouver sa valeur.
Ce repositionnement demande une coopération étroite avec les innovateurs et les acteurs économiques, ainsi qu’un dialogue permanent avec la société civile. L’objectif : construire un écosystème fiscal et énergétique propice à la prospérité collective.
La crise industrielle actuelle appelle à une réforme des approches politiques et fiscales. Plutôt que d’imposer des choix restreints, il est temps d’adopter une vision ouverte et diversifiée, tant dans l’énergie que dans la fiscalité. L’hydrogène, comme l’a démontré Toyota, incarne le potentiel de l’innovation lorsque celle-ci est soutenue plutôt que contrainte.
Face aux défis de l’emploi, de l’innovation et de la durabilité, une fiscalité agile et inclusive peut devenir un moteur de progrès. Le chemin est clair : c’est à la politique de s’adapter et non à l’innovation de se conformer. L’avenir nous dira si ce paradigme peut être transformé, mais l’urgence d’un nouveau cap est déjà évidente.
Cette chronique a également été publié dans la Libre Eco.