Au cours des dix dernières années, le prix du coût total de possession (TCO) d’un véhicule a connu une augmentation constante et modérée, en phase avec les taux d’inflation.
Le CTP d’un véhicule est influencé par nombre de facteurs tels que le prix catalogue net, les coûts d’entretien préventif et des réparations mécaniques, le coût de main-d’œuvre, les taxes, les prix des assurances, les taux de financement et les prix du marché de l’occasion.
Les sociétés de leasing parviennent à limiter sans cesse ces évolutions de coûts en négociant par exemple le coût du financement, en concluant des accords spéciaux et préférentiels avec les constructeurs et les fournisseurs, et en partageant les bonnes pratiques en matière de gestion de flotte pour aider leurs clients à maîtriser le CPT de cette dernière.
Récemment, un certain nombre de ces facteurs ont été fortement impactés sur tous les marchés. Le niveau d’incertitude augmente considérablement en raison de l’évolution des nombreux facteurs de coût non prévus ou anticipés. Les pénuries de matières premières et de semi-conducteurs et la situation géopolitique mondiale au lendemain de la pandémie de COVID-19 donnent lieu à de nouvelles contraintes au sein de la chaîne d’approvisionnement. Et tout cela alors que les constructeurs automobiles étaient tenus de modifier leur modèle commercial afin de répondre aux préoccupations environnementales liées à la qualité de l’air et au réchauffement climatique.
Ces défis affectent rapidement et de manière significative l’économie mondiale et le paysage automobile.
Le CTP d’une flotte et d’un véhicule retrouvera-t-il les niveaux de stabilité d’autrefois ? Va-t-il diminuer ou au contraire augmenter ? Il s’agit là d’une question à laquelle bon nombre d’entreprises cherchent une réponse. Afin de leur permettre d’anticiper au mieux les mesures à mettre en œuvre pour maîtriser leur budget de flotte et de mobilité.
Cet article vise à attirer l’attention des lecteurs sur les différents éléments inhérents au CTP d’un véhicule et les facteurs qui les influencent. Il entend ensuite proposer des actions que les entreprises peuvent entreprendre afin d’atténuer ces effets au maximum.
Pour rappel, le coût total de possession d’un véhicule est, en moyenne, ventilé comme suit : 40 % à 60 % de coût de financement, 15 % à 30 % de coût énergétique (consommation de carburant ou d’électricité), 10 % d’entretien, 10 % d’assurance et environ 5 % à 10 % de taxes supplémentaires (taxes de propriété ou d’utilisation).
Les coûts de financement représentent 40 à 60 % du CTP d’un véhicule, et parmi les facteurs qui influencent ces coûts, on retrouve le prix catalogue du véhicule, le marché de l’occasion et les coûts de financement.
Le coût de production d’un véhicule est basé sur un certain nombre de facteurs tels que le prix des matières premières et les coûts de main-d’œuvre. Dès lors, toute fluctuation de l’un de ces éléments affecte le prix de vente du véhicule. Si l’on regarde l’évolution du prix catalogue net des voitures particulières au cours des 10 dernières années, on observe une augmentation moyenne de l’ordre de 7 000 €. Dans quelques cas extrêmes, on constate que pour certains modèles, les prix catalogue ont augmenté de plus de 45 % entre 2019 et 2021.
Nous avons vu les constructeurs modifier leur stratégie commerciale et de production, se concentrant davantage sur la production de véhicules à forte valeur ajoutée tels que les modèles premium ou électrifiés. Des volumes moins importants, des politiques de réduction de coûts de grande envergure et une production orientée vers des produits offrant une plus grande valeur ajoutée ont permis aux constructeurs d’afficher des résultats financiers exceptionnels en 2021 par rapport à 2019 (avant la pandémie de COVID-19). Entre 2019 et 2021, la production et le volume de vente des véhicules ont diminué d’environ 20 % alors que les bénéfices de certains constructeurs ont augmenté de 30 %.
Les conditions du marché d’occasion influencent les valeurs résiduelles fixées par les bailleurs, qui affectent à leur tour le coût du financement. Il est important de noter ici que dans le cadre d’un leasing opérationnel, l’impact d’une variation de la valeur résiduelle sur le coût du financement est 3 fois moindre que dans le cas d’un changement similaire au niveau du prix catalogue net du véhicule. Récemment, nous avons constaté une hausse des prix des voitures d’occasion à un niveau jamais atteint auparavant. En effet, les constructeurs automobiles ont dû réduire leur production en raison de facteurs tels que la récente crise des semi-conducteurs. Le prix des véhicules d’occasion est en hausse en raison de la disponibilité très limitée et des délais de livraison prolongés des véhicules neufs.
Les valeurs résiduelles fixées aujourd’hui pour les véhicules de location dont le contrat expirera dans trois à cinq ans suivront-elles la même tendance ? Rien n’est plus VICA (volatile, incertain, complexe et ambigu).
Enfin, l’un des facteurs qui influencent le coût de financement d’un véhicule est le taux de financement. L’impact d’un changement du taux de financement sur le CTP d’un véhicule est moindre que celui des variations du prix catalogue net ou de la valeur résiduelle. Lorsque le prix catalogue net augmente de 10 %, le CTP augmente de 7 %. Pour un changement du taux d’intérêt d’un pourcentage identique, le changement du CTP est de 0,3 % (27 fois moindre).
Depuis plus d’une décennie, les taux d’intérêt à court terme en Europe se situent à un niveau historiquement bas et leur évolution d’une année à l’autre est restée stable (jamais plus de 2 % et jamais moins de -0,50 %). Les experts de BNP Paribas prévoient une première hausse du taux de dépôt de 25 points de base en décembre 2022 ; deux autres hausses de 25 points ont été prévues en 2023. Toutefois, selon l’OCDE, les taux d’intérêt à court terme resteront bas et stables au sein de l’Union européenne, mais devraient augmenter au cours des deux prochaines années aux États-Unis et en Orient.
Environ 10 % du CTP d’une flotte est lié à la prime d’assurance qui est déterminée en fonction de la catégorie d’assurance, du kilométrage moyen et de l’historique des sinistres des véhicules de la flotte. Les primes et le coût des réparations augmentent de manière régulière (env. 2 % par an pour les primes et env. 5 % pour les réparations). La partie « Dégâts matériels » de la prime d’assurance automobile est également impactée par l’évolution du prix des matières premières, de la main-d’œuvre et des pièces détachées.
Les prix du marché des matières premières sont sujets à des fluctuations en fonction des niveaux d’offre et de demande, et des volumes commerciaux. Cette fluctuation aura à son tour une incidence directe sur les coûts du véhicule, pièces de rechange, de l’entretien et des réparations mécaniques. Les pénuries de matières premières pour les composants essentiels à la production de véhicules, telles que l’aluminium, le cuivre et l’acier affectent encore un peu plus la productivité de la chaîne d’approvisionnement, entraînant une hausse des prix. Pour pallier cette situation, il convient d’abord de comprendre que le prix des matières premières influence de nombreux aspects du CTP d’un véhicule, mais avec un impact limité.
D’autre part, 15 % à 30 % du CTP sont déterminés par les prix de l’énergie, qui sont influencés par de multiples facteurs. Tout d’abord, le marché des matières premières et les annonces officielles de sanctions d’un pays à l’égard d’un autre peuvent entraîner des fluctuations de prix. Dernièrement, nous avons observé d’importantes variations du WTI (West Texas Intermediate) et du BRENT (USD/BBL), qui ont eu un impact direct sur les prix à la pompe. Récemment, les prix de l’électricité ont augmenté en raison de l’indexation, notamment, des hydrocarbures (gaz et essence).
Dès lors, compte tenu des conditions récentes, les coûts de l’énergie ont atteint des niveaux historiquement hauts et affectent fortement le coût total de possession des véhicules.
Les coûts de main-d’œuvre, affectés par l’inflation, sont restés stables au cours des dernières années. Les taux d’inflation actuels qui augmentent en raison de la pandémie de COVID-19 et d’autres défis socio-économiques pourraient compromettre cette stabilité plus tôt que prévu.
L’inflation est le facteur qui affecte toutes les composantes du CTP. Depuis 2015, le taux d’inflation est resté relativement stable à raison d’environ 2 % par an. Depuis 2020, le taux d’inflation a enregistré une « hausse plus importante » d’environ 5 % en 2021 au sein de l’Europe. En raison de la pandémie de COVID-19 et des politiques monétaires mises en œuvre pour en limiter l’impact économique, les taux de change ont augmenté, donnant lieu à une vague inflationniste dans le monde. En mars 2022, par exemple, l’OCDE a enregistré un taux d’inflation de 5,1 % en Europe et de 6,5 % au sein des pays membres du G20. Source : Inflation des prix (IPC)- Données OCDE
En 2022, la plate-forme Arval Mobility Observatory a publié une synthèse des changements en matière de fiscalité statutaire et des évolutions des mécanismes y afférentes en Europe.
En raison de l’urgence climatique, les gouvernements du monde entier ont émis de nouveaux incitants tels que des subventions, des primes, des bonus ainsi que de nouveaux régimes fiscaux pour encourager la transition vers les véhicules zéro émission et l’installation d’infrastructures de recharge pour véhicules électriques.
Dans le même temps, les gouvernements ont également introduit des régimes fiscaux et des pénalités spécifiques pour les véhicules à moteur à combustion interne (MCI) afin de réduire leur part de marché.
Ces subventions ont un impact significatif sur le CTP d’un véhicule, rendant les VE aussi compétitives sinon plus que les véhicules à MCI.
Pour plus d’informations sur la mise en œuvre du dernier régime gouvernemental, consultez le lien suivant :Tax evolution for 2022 | Arval Mobility Observatory
La situation en Russie et en Ukraine a entraîné une hausse des prix du gaz naturel et du pétrole. Les prix de l’électricité, qui sont étroitement liés aux prix du pétrole, augmentent également. Ce conflit, qui a fortement perturbé la chaîne d’approvisionnement, a mis en lumière la dépendance de l’Europe à l’égard de la chaîne d’approvisionnement mondiale. Les dirigeants politiques et économiques européens se sont attaqués au problème en encourageant la transition vers une chaîne d’approvisionnement européenne locale caractérisée notamment par des investissements massifs dans la construction de giga-usines de production de batteries en Europe.
Compte tenu des facteurs susmentionnés qui affectent la situation mondiale, on ne peut qu’admettre qu’en raison du niveau incertain de l’impact sur le coût total de possession d’un véhicule, il est très difficile d’établir une prévision des prix d’un leasing opérationnel.
Cependant, nous pouvons nous risquer à quelques prédictions en étudiant d’abord le futur des facteurs clés que nous avons identifiés dans cet article. En ce qui concerne l’évolution des facteurs mentionnés et de la situation mondiale actuelle, nous pouvons escompter un CTP sensiblement plus élevé que celui que nous avons connu jusqu’à présent.
Par ailleurs, les acteurs du leasing opérationnel ainsi que les responsables de la mobilité peuvent prendre des mesures afin de réduire l’ampleur de cette hausse des prix. Plusieurs mesures existent afin de limiter l’augmentation attendue du CTP.
En voici une liste non exhaustive :
Conjointement, ces mesures peuvent compenser intégralement l’augmentation attendue du CTP du véhicule.
Source : Arval Mobility Observatory, juin 2022