Donald Trump impose des droits d’importation colossaux à ses trois principaux partenaires économiques. Est-ce une mesure définitive ou simplement un instrument de négociation ? Nul ne le sait.
Mais imaginons que ces droits soient pérennisés. Cela entraînera immanquablement une inflation importée aux États-Unis, couplée à une perte d’efficacité et de compétitivité. De plus, pour les biens substituables, cela conduira à moins d’importations américaines, ce qui devrait renforcer le dollar.
Pourquoi ? Parce que si les États-Unis importent moins, ils auront moins besoin de devises étrangères, ce qui réduira la demande pour ces devises et, par conséquent, fera monter la valeur du dollar. Vu autrement, si moins de dollars sont envoyés à l’étranger pour payer des importations, l’offre de dollars sur le marché mondial diminue, rendant la devise plus rare et donc plus chère.
Or, ce renforcement du dollar n’est pas favorable aux exportations américaines, que Donald Trump prétend pourtant encourager. Alors, comment comprendre ce qui se passe ? Est-ce une erreur de stratégie ou un calcul machiavélique ?
Toutes les mesures économiques de Trump conduisent à de l’inflation et à une augmentation de la dette publique américaine, notamment à travers les allègements fiscaux qu’il envisage. Normalement, une dette qui enfle, combinée à de l’inflation, devrait pousser à une hausse des taux d’intérêt – soit pour contrer l’inflation via une action de la Banque centrale américaine (Federal Reserve), soit pour compenser la perte de pouvoir d’achat associée à des placements en dollars, soit encore parce que la dette publique américaine apparaîtrait plus risquée. Mais cela renforcerait encore le dollar, ce qui est une nouvelle fois contraire à l’objectif de Donald Trump d’un dollar faible.
Sauf si Donald Trump force la Réserve fédérale à acheter massivement des obligations d’État américaines émises à un taux artificiellement bas, ou encore à baisser drastiquement ses taux d’intérêt. Cela supposerait bien sûr une perte d’indépendance de la Federal Reserve, ce qui n’est pas totalement improbable.
Dans ce cas, on obtiendrait une combinaison dangereuse : une inflation non compensée par des taux d’intérêt élevés, ce qui finirait par affaiblir le dollar. Quelle en serait la conséquence ? Le reste du monde, qui détient des dettes américaines, verrait leur valeur chuter graduellement, ce qui provoquerait un choc financier de grande ampleur.
Est-ce un scénario de science-fiction ? Peut-être. Peut-être me trompé-je, ou peut-être espéré-je me tromper. Mais une chose est certaine : ce scénario n’est pas impossible. Et il me trotte en tête depuis des trimestres.