En ce 19 mai, l’ONU nous invite à faire rayonner l’éthique du fair-play dans notre profession
Temps de lecture: 3 min | 19 mai 2025 à 07:00
Guy KAHN
Président @ Experts-comptables sans frontières | Administrateur @ Forum For the Future
Ce 19 mai, l’ONU célèbre la Journée internationale du fair-play. L’occasion nous est ainsi offerte de ne pas cantonner cette valeur aux terrains de sports, mais de le faire entrer dans nos bureaux, nos échanges, nos pratiques. Car, soyons honnêtes, dans notre métier aussi, les coups bas peuvent être tout aussi rugueux.
Et pourtant, le fair-play y a donc toute sa place.
Fair-play avec nos clients. Il commence parfois par un geste discret, presque invisible, celui d’aider à se relever, sans contrepartie, un client de longue date tombé bien bas à cause de la crise parce qu’un geste sincère, qui vient du cœur, vaut parfois davantage qu’un rappel d’honoraires.
Fair-play avec les collaborateurs : Pas de hors-jeu salarial ni de carton rouge pour une erreur excusable. L’essentiel est que chaque membre de l’équipe soit valorisé, écouté et trouve pleinement sa place. Miser sur la confiance et l’esprit collectif, c’est ouvrir la voie à un cabinet solidaire, serein… et terriblement efficace.
Fair-play entre confrères. Quand un client change de cabinet, la tentation est grande de se crisper. Mais le fair-play, c’est aussi accueillir la passation avec élégance, transmettre un dossier complet, sans rancune, et fort courtoisement. Car nous ne sommes pas en concurrence, mais praticiens d’un même métier de confiance.
Fair-play envers nos institutions. Il est courant d'invectiver l'ITAA comme on houspille un arbitre lors d’un match sous tension. Mais, au lieu d’en faire un punching-ball commode, faisons-en un partenaire certes parfois critiquable, mais que l’on se doit de respecter. Car le vrai fair-play, à son égard, c’est aussi admettre la difficulté d’assurer l’application de règles nombreuses, parfois jugées superfétatoires… mais bel et bien imposées par la loi.
Fair-play de l’Institution envers ses membres. Mais il y a, aussi, ce fair-play plus discret, plus intime : celui que « l’Institution » doit à ses membres. Un exemple parmi tant d’autres - et plus personnel : s’il arrive que l’un d’entre nous ose, lors de notre assemblée générale annuelle, annoncer qu’il va parler avec son cœur et ses tripes, il se fait aussitôt tacler. Et pourtant… l’écoute et le respect devraient être la norme à l’égard de tous les membres de l’Institut, qu’ils soient jeunes ou plus expérimentés, réservés ou passionnés. Le fair-play institutionnel, c’est aussi cela : accueillir, dans la vérité, chaque parole avec bienveillance, sans cynisme ni condescendance.
Et si le fair-play, c’était aussi avec nous-mêmes? Quand nous doutons, quand nous ne savons pas, le fair-play, c’est aussi oser dire à un client :« Je vais m’informer, je vais chercherou à défaut,je vous oriente vers un autre professionnel ». Ne pas tricher avec nos limites, c’est aussi du fair-play.
En cette journée symbolique, puissions-nous, chacun, nous demander:Ai-je été un arbitre juste dans ce conflit entre associés, un joueur loyal lors des élections institutionnelles, un coéquipier solidaireavec les consœurs et confrères de mon réseau ou de mon association professionnelle Car le match de la confiance se joue à chaque rendez-vous, chaque mail, chaque bilan. Et le fair-play, lui, ne coûte rien. Mais il vaut tout.