Au lendemain du 9 juin, on pensait que l’électeur avait fourni aux politiciens une formule magique pour constituer rapidement des gouvernements cohérents et innovants.
La rapidité a été de mise en ce qui concerne la Région wallonne et la Fédération Wallonie-Bruxelles, dont le programme comprend certes quelques éléments réellement nouveaux, comme la réduction des droits d’enregistrement et la fin annoncée des “nominations” à vie dans la fonction publique. Mais aussi, le maintien, à peine camouflé, de nombreuses politiques d’inspiration socialiste, et une absence de volonté de réellement bouleverser les choses.
A cette déception s’ajoute celle du gouvernement fédéral, dont on peut dire, vu les manières suivies, que, quel que soit l’aboutissement final des pourparlers entre les cinq partis retenus initialement, c’est déjà raté. Cela fait déjà près de trois mois que les élections ont eu lieu. On a une vague idée d’une majorité, qui soutiendrait un gouvernement, mais des discussions pesantes, sans grande créativité, pour constituer celui-ci retardent toute décision.
Toujours les mêmes méthodes, consistant à discuter à l’abri des regards de petites concessions aux uns et aux autres, pour que personne ne perde la face, et que chacun puisse revendiquer de médiocres victoires à gauche ou à droite. Il est vrai qu’il ne fallait peut-être pas espérer autant qu’on l’a dit en juin, si l’on se rend compte que trois des cinq partis présents (cd&v, Vooruit et MR) faisaient déjà partie du gouvernement De Croo. Et que notre système électoral, qui assure certes la représentativité de groupes parfois très réduits, empêche la création de véritables majorités cohérentes.
SI L’ETAT PROVIDENCE DEMEURE UN OBJECTIF À MAINTENIR PAR-DESSUS TOUT, ON SE DEMANDE POURQUOI IL FAUT VOTER RÉGULIÈREMENT.
En Angleterre, il a suffi en juin au parti travailliste de gagner 2% des voix pour arriver à peine au-dessus de 30 % et réunir une majorité écrasante de près de trois quarts des députés. Parce que ce pays a choisi le système majoritaire à un tour, là où la Belgique, comme quelques autres pays, tels les Pays-Bas et Israël, s’obstine à maintenir un système proportionnel qui est la cause de toutes les difficultés à gouverner.
A cela s’ajoute le maintien systématique de tout refus d’un vrai changement. Constatons-le à propos de la réforme fiscale, dont on ne sait pas encore ce qui sera approuvé ou non. Cela dit, il faut constater que l’objectif était, comme sous le ministre Vincent Van Peteghem, de réduire quelques impôts, en faisant en sorte qu’on en augmente d’autres pour un montant pratiquement équivalent. En d’autres termes, toutes les réductions d’impôts sont “compensées”, et le pays le plus taxé au monde restera l’enfer fiscal qu’il est.
Toute l’ambition du formateur, c’est de faire payer certains impôts par d’autres personnes qu’actuellement. On ne peut pas appeler cela une réforme fiscale, et il est normal que cela dérive nécessairement vers une recherche de “trophées” par certains partis.
Tout cela parce qu’on considère qu’un certain nombre de dépenses publiques sont “taboues”. Tel est le cas des dépenses liées à la fonction publique et à la sécurité sociale. Comme si l’on pouvait retirer des droits aux contribuables, jamais aux allocataires sociaux et aux agents de l’Etat. Si l’Etat Providence demeure un objectif à maintenir par-dessus tout, on se demande pourquoi il faut voter régulièrement en sachant que, de toute façon, rien de substantiel ne changera.