Guerre en Ukraine : conséquences économiques et sociales et implications pour les politiques publiques

La guerre menée par la Russie en Ukraine est une catastrophe humanitaire. En outre, ses répercussions économiques négatives se font déjà sentir dans le monde entier et risquent de s’aggraver et de s’inscrire dans la durée. L’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février a remis en question le redressement de la croissance consécutif à la pandémie de COVID-19 et semé le chaos dans la région, détruisant des vies, des habitations et des infrastructures. Ses retombées sont tangibles à l’échelle mondiale.

Les 3  principaux messages de ces Perspectives économiques intermédiaires sont les suivants  :

>La nécessité de soutenir les réfugiés

> Une croissance économique affaiblie, une inflation renforcée

> Des hausses des prix de l’énergie et des produits alimentaires dont les pauvres seront les premiers à pâtir

La nécessité de soutenir les réfugiés

Plus de 3 millions de personnes ont déjà fui l’Ukraine, et de nouvelles vagues de réfugiés sont attendues au cours des semaines à venir. Jusqu’ici, les réfugiés se sont principalement rendus dans un petit nombre de pays voisins. Un partage de la charge et une aide de l’Union européenne (UE) aux principaux pays d’accueil seront nécessaires pour apporter un soutien plus efficace et durable.


Une croissance économique affaiblie, une inflation renforcée

Dans un contexte d’incertitude, l’OCDE estime que la croissance économique mondiale pourrait être inférieure de plus de 1 point de pourcentage cette année à la projection établie avant le conflit, tandis que l’inflation, déjà élevée au début de l’année, pourrait être globalement supérieure, dans l’ensemble des pays, d’au moins 2.5 points au niveau qu’elle aurait atteint sans cette guerre.

Le graphique illustre l’impact potentiel du conflit sur le PIB et l’inflation.


Des hausses des prix de l’énergie et des produits alimentaires dont les pauvres seront les premiers à pâtir

Dans la mesure où la Russie représente environ 19 % des approvisionnements mondiaux en gaz naturel et 11 % pour le pétrole, les prix de l’énergie ont bondi de manière alarmante. L’Europe, en particulier, est fortement dépendante du gaz et du pétrole russes. Les prix au comptant du gaz sont maintenant plus de 10 fois supérieurs à leur niveau un an auparavant en Europe, tandis que le coût du pétrole a presque doublé au cours de la même période. Ce choc sur les prix risque d’accroître la pauvreté et de désorganiser la production de biens et de services dans le monde entier


Les cours des matières premières ont fortement augmenté. La Russie et l’Ukraine sont d’importants producteurs de blé, d’engrais et de métaux utilisés dans l’industrie, comme le nickel et le palladium. Les perturbations de la production de blé, de maïs et d’engrais risquent d’aggraver la faim et l’insécurité alimentaire à l’échelle mondiale, en particulier dans les économies de marché émergentes et les pays à faible revenu. L’envolée des prix des métaux pourrait se répercuter sur un large éventail de secteurs tels que l’aéronautique, l'automobile et les semi-conducteurs.


Que peuvent faire les pouvoirs publics ?

Aider et protéger les réfugiés

  • apporter une aide humanitaire d’urgence,

  • fournir des hébergements,

  • offrir des soins médicaux et scolariser les enfants.

Atténuer l’impact des hausses de prix sur les consommateurs

  • Les pays et les ménages les plus pauvres sont ceux qui consacrent la part la plus importante de leur revenu à l’énergie et à l’alimentation.

  • Des aides ciblées, temporaires et sous conditions de ressources sont nécessaires pour soutenir les personnes vulnérables. Il pourrait être envisagé de financer ces mesures à l’aide d’impôts sur les bénéfices exceptionnels des entreprises du secteur énergétique.

  • Il faut veiller à maintenir les courants d’échanges et les flux agricoles à destination des économies émergentes et des pays à faible revenu.

Diversifier les approvisionnements énergétiques et investir dans la sécurité énergétique

  • Réduire la dépendance à l’égard des combustibles fossiles et diversifier les fournisseurs.

  • Maximiser l’utilisation des ressources existantes, en particulier de l’énergie nucléaire.

  • Accroître les importations de gaz naturel liquéfié (GNL).

  • Accélérer l’investissement dans les énergies vertes en consacrant davantage de fonds à l’innovation.


Source : OCDE, mars 2022

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