L’Institut économique Molinari publie la 3ème édition de l’indicateur des États moralisateurs au sein de l’Union européenne (UE).
Ce classement présente la spécificité de prendre le pouls de l’inflation réglementaire sur le tabac, les cigarettes électroniques, l’alcool, l’alimentation et les boissons, avec 1 000 mesures dans l’UE.
Il permet de suivre l’évolution des interdits et des fiscalités particulières destinées à réduire la consommation en imposant des contraintes et des coûts aux consommateurs.
Sont appelés « États moralisateurs » les États qui incitent à mettre en place des cadres législatifs visant à réglementer de très nombreux aspects de la vie privée des citoyens, notamment les comportements jugés « à vice » (tabac, alimentation et boissons, alcool…)
LA FRANCE, EN 10ème POSITION, FIGURE PARMI LES PAYS PLUS MORALISATEURS
La France se place en 10ème position, un score indiquant un niveau de tolérance faible à l’égard des produits dits « à vice ». L’écart est grand entre l’aphorisme lancé par Jean Yanne « Il est interdit d’interdire ! », devenu un des slogans de Mai 68, et la tendance réglementaire actuelle.
La réglementation française est particulièrement contraignante en matière de tabac (3ème position sur 28), d’alimentation et boissons (5ème position) et d’alcool (8ème position).
LE NIVEAU DE TOLÉRANCE À L’ÉGARD DES MODES DE VIE DIFFÉRENTS DIMINUE DANS L’UE
Qu’il s’agisse d’alimentation, de cigarettes électroniques ou de tabac, les réglementations comportementales ont le vent en poupe. Si certaines réglementations ont été assouplies depuis la précédente édition, on assiste globalement à une inflation de réglementations visant les comportements jugés « à vice ». Cette dynamique vient plus des gouvernements nationaux que de l’Union européenne.
UNE RÉGLEMENTATION GÉNÉRATRICE D’EFFETS PERVERS
Les réglementations et taxes « comportementales », loin d’être neutres, créent des distorsions et des surcoûts. Les taxes sur les « vices » augmentent le coût de la vie ce qui pénalise particulièrement les plus pauvres. Des règles trop drastiques et des prix trop élevés alimentent le marché noir et la corruption. Les interdictions favorisent la croissance de la bureaucratie et consomment des ressources administratives. Dans le même temps, elles restreignent la concurrence et étouffent l’innovation.
Ces effets pervers sont parfois reconnus, mais certains considèrent qu’ils sont un moindre mal compte tenu des enjeux. Les bénéfices des mesures comportementales seraient supérieurs à leurs coûts. Il n’y a cependant pas de preuve claire que cela soit le cas. D’une part, l’expérience montre que les mesures paternalistes ne sont jamais assez efficaces, ce qui alimente une surenchère réglementaire. D’autre part, les pays les plus paternalistes n’affichent pas nécessairement les meilleurs scores en longévité ou prévalence. On observe notamment :
À PROPOS DE L’AUTEUR ET DE LA MÉTHODE
Avec plus de 40 notations pour les 28 pays de l’Union européenne, soit plus de 1 000 points de comparaison, l’indicateur des Etats moralisateurs est un baromètre particulièrement utile pour suivre, d’année en année, l’évolution des politiques comportementales dans l’UE. Il est le plus exhaustif en la matière.
Cette étude a été réalisée par Christopher Snowdon. Christopher est Directeur de la division économie des modes de vie à l’Institute of Economic Affairs (Londres). Il est spécialiste des questions réglementaires liées aux modes de vie. Son travail a été réalisé en partenariat avec plusieurs think tank européens, dont l’Institut économique Molinari.
L’Institut économique Molinari (Paris-Bruxelles) est un organisme de recherche et d’éducation indépendant. Il vise à stimuler l’approche économique dans l’analyse des politiques publiques, en proposant des solutions alternatives et innovantes favorables à la prospérité de l’ensemble des individus composant la société.
Cécile Philippe, présidente de l’Institut économique Molinari (Paris-Bruxelles) :
« L’élargissement du champ d’application des réglementations comportementales est une tendance de fond inquiétante. Les pouvoirs publics ne se contentent plus d’encadrer le tabac ou l’alcool. Ils développent de plus en plus de réglementations particulières dans l’alimentaire, les boissons ou la cigarette électronique.
Pourtant l’analyse montre que ces interventions sont loin de produire systématiquement les effets escomptés. On sait que la réglementation est de nature à favoriser l’essor du marché parallèle. Il s’agit d’un phénomène bien documenté dans les domaines où l’interventionnisme public est ancien, tel le tabac ou l’alcool.
Mais les effets pervers des réglementations comportementales ne s’arrêtent pas là. Un nombre croissant de recherches montre que l’essor des réglementations comportementales ne réduit pas nécessairement les risques encourus par les consommateurs. L’interventionnisme peut dans certains cas favoriser ou retarder de façon contreproductive les phénomènes de substitution. »
Christopher Snowdon, directeur de la division économie des modes de vie à l’Institute of Economic Affairs (Londres) :
« Il n’y a pas de gloire à être parmi les pays les plus moralisateurs de l’UE. Trop de politiciens semblent convaincus qu’il faut traiter les citoyens comme des enfants.
L’indicateur des États moralisateurs montre d’importantes différences entre les pays les plus tolérants comme l’Allemagne et la République Tchèque et les pays les plus moralisateurs comme la Finlande et la Lituanie. Pour autant, la tendance est au durcissement. C’est regrettable, car ces politiques moralisatrices réduisent drastiquement nos libertés individuelles sans montrer une réelle efficacité. »
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