L’inflation totale a atteint en 2021 son niveau le plus élevé depuis dix ans, poussée par la flambée des prix de l’énergie. Pour tous les autres groupes de produits, l’inflation est restée limitée mais a néanmoins augmenté en fin d’année. L’écart d’inflation avec nos voisins a quant à lui été très prononcé au dernier trimestre, en défaveur de notre pays.
C’est ce qu’il ressort du Rapport annuel 2021 de l’Observatoire des prix du SPF Economie.
Un chapitre spécifique examine plus en détail la récente flambée des prix à la consommation de l'électricité et du gaz naturel en Belgique, avec une comparaison par rapport à nos pays voisins. Cette forte inflation s'explique par les prix particulièrement bas de l'énergie en 2020, mais aussi par la reprise économique et d'autres facteurs qui ont fait grimper les prix de gros.
Une attention particulière est également accordée à l'augmentation des prix des produits alimentaires de base et à son impact sur les secteurs en aval. Cette étude se concentre en particulier sur l'évolution des prix des filières alimentaires dont les prix des matières premières ont le plus augmenté. Il s'agit des filières des céréales, des produits laitiers, des huiles et du café.
Enfin, un chapitre distinct est consacré à l'évolution des prix à la consommation des services et des biens industriels. Avec la réouverture progressive de l'économie, l'inflation en 2021 est repartie à la hausse pour les deux groupes de produits. Au quatrième trimestre 2021, elle a même dépassé l'inflation moyenne pour la période 2015-2019. L’étude se penche sur les produits dont les prix ont le plus augmenté et en identifie la cause.
En 2021, l’inflation totale en Belgique, mesurée sur la base de l’indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH), a fortement augmenté pour s’établir à 3,2 % en moyenne (0,4 % en 2020). Il s’agit de son niveau le plus élevé depuis 2011.
Au cours de l’année 2021, l’inflation totale a continuellement progressé, passant de 0,8 % au premier trimestre à 6,4 % au quatrième trimestre, atteignant ainsi son niveau le plus haut depuis 1997, année des premiers calculs d’inflation sur la base de l’IPCH.
L’inflation élevée en 2021 s’explique par la flambée des prix des produits énergétiques (+22,4 % en moyenne sur un an, et même +47,7 % en moyenne au quatrième trimestre). Cela, alors que ceux-ci avaient fortement chuté en 2020 (-11,0 %), et n’affichaient encore qu’une faible inflation au premier trimestre 2021 (+0,4 %). Les deux tiers de l'inflation totale en Belgique en 2021 sont donc dus à l'inflation énergétique.
L’écart d’inflation totale entre la Belgique et les pays voisins, qui était quasi nul en moyenne pour les trois premiers trimestres (0,04 point de pourcentage), a atteint 1,7 point de pourcentage en défaveur de la Belgique au quatrième trimestre, en raison d’une inflation largement supérieure en Belgique pour les produits énergétiques. Par ailleurs, l’inflation des produits alimentaires et des biens industriels non énergétiques s’est avérée légèrement moins élevée en Belgique et de même niveau concernant les services.
Les prix de l’énergie ont connu une très forte hausse en 2021 (+22,4 %), sous l’influence de la reprise économique et d’une combinaison de facteurs ayant influencé les prix de gros sur les marchés des matières premières énergétiques.
À la suite de cette progression du cours moyen du pétrole en euro (+63,7 %), la hausse des prix sur un an des carburants et du mazout de chauffage a atteint respectivement 15,2 % et 36,4 % en moyenne en 2021 (contre respectivement -8,5 % et -28,2 % en 2020). Au quatrième trimestre, les prix de ces produits ont même enregistré une hausse en glissement annuel de respectivement 27,3 % et 68,2 %.
Le prix à la consommation du gaz naturel a lui aussi fortement augmenté en 2021. L’inflation pour le gaz est ainsi passée de 3,2 % au premier trimestre à 94,5 % au dernier trimestre de l’année. Plus précisément, l’augmentation du prix du gaz sur les marchés de gros s’explique principalement par la forte demande mondiale de gaz naturel en raison, entre autres, de la reprise économique, par de faibles stocks européens de gaz en raison d’un hiver et un printemps plutôt froid, et par l’augmentation du prix du CO2 en Europe qui a provoqué une hausse de la demande de gaz naturel, au détriment du charbon, dans le cadre de la production d’électricité.
Le prix de l’électricité a quant à lui connu une augmentation en 2021 de 16,2 % en moyenne (contre -6,4 % en 2020). L’inflation pour l’électricité a même atteint 37,2 % au quatrième trimestre. L’augmentation du prix de l’électricité sur les marchés de gros s’explique également par une forte demande liée à la reprise économique et par la hausse du coût de production à la suite de la forte augmentation des prix des matières premières (gaz naturel, charbon) et des certificats CO2.
Dans les pays voisins, les prix à un an d’écart pour l’énergie ont augmenté de 10,9 % en moyenne (+10,1 % pour l’Allemagne, +10,6 % pour la France et +17,3 % pour les Pays-Bas) tandis qu’en Belgique les prix ont progressé en moyenne deux fois plus rapidement, soit de 22,4 %.
Cette inflation de l’énergie plus prononcée en Belgique s’explique par la forte chute des prix des matières premières énergétiques au second trimestre 2020, ainsi que par leur forte remontée en 2021 (reprise économique et facteurs externes), et la répercussion plus rapide de ces évolutions sur les prix à la consommation dans notre pays. En effet, la hausse ou la baisse des prix de gros se répercute plus rapidement sur la facture belge d’électricité et de gaz en raison de la part plus importante des contrats variables, avec des ajustements de prix intermédiaires, alors que dans les pays voisins, ce sont principalement des contrats fixes (et donc pas d'indexations intermédiaires) qui sont proposés. De plus, le poids de la composante variable, à savoir la composante énergétique, dans la facture de gaz et dans les prix des combustibles liquides (en raison du faible niveau des taxes, et pour le gaz aussi des tarifs de réseaux plus bas) est plus importante en Belgique. Ces prix réagissent donc plus rapidement aux évolutions des prix des matières premières.
Les prix des produits alimentaires transformés (hors alcool et tabac) sont restés quasiment stables sur un an (+0,2 %). L’inflation de ces produits devient toutefois plus importante en fin d’année (novembre et surtout décembre, voir point suivant). En revanche, l'inflation des produits alimentaires non transformés a chuté sur un an (de 4,7 % à -2,2 %). Les prix ont en effet diminué sur un an pour les légumes (-2,1 %), et encore plus fortement pour les fruits (-6,5 %), ce qui s’explique par des prix en 2020 particulièrement élevés.
Outre l'énergie, l'inflation a également augmenté pour tous les autres groupes de produits vers la fin de l'année. En décembre, l'inflation des produits alimentaires transformés (hors alcool et tabac) s'est établie à 1,6 % (0,2 % pour toute l’année), celle des services à 2,3 % (1,6 % pour toute l’année) et celle des biens industriels à 2,1 % (0,8 % pour toute l’année).
Ces niveaux d’inflation sont systématiquement plus élevés que l’inflation moyenne observée entre 2015 et 2020. L’accélération de l’inflation des produits alimentaires transformés est liée à la flambée du prix de certaines matières premières agricoles sur les marchés mondiaux et européens (surtout pour les céréales, les produits laitiers, les huiles et le café).
En ce qui concerne les services, la réouverture de certains services après différents lockdowns s’est accompagnée d’une hausse de leurs prix (par exemple pour les restaurants et hôtels, la hausse des prix s’explique par la nécessité de couvrir les pertes engendrées par les diverses fermetures et les coûts supplémentaires dus aux mesures sanitaires).
La hausse de l'inflation pour les biens industriels résulte principalement d'un déséquilibre entre l'augmentation de la demande et les perturbations dans la chaîne d'approvisionnement mondiale (pénuries de main-d'œuvre dues aux épidémies de coronavirus ou aux mesures sanitaires dans les ports maritimes mondiaux et chez les producteurs, perturbation de la chaîne logistique, augmentation des tarifs pour les conteneurs). À titre d’exemple, l’inflation des voitures neuves a atteint 2,5 % au quatrième trimestre 2021 en raison entre autres de la pénurie de puces électroniques.
Source : SPF Economie, nouveautés, février 2022