La Belgique maîtrise moins bien ses dépenses de pensions que d’autres pays européens

La Belgique est l’un des pays de la zone euro où les coûts liés aux pensions augmenteront le plus vite. Quelles options politiques a-t-on pour maintenir ces dépenses sous contrôle ?

Éléments de réponse dans une nouvelle publication (Revue Economique, novembre 2023 Deroose, M. / Melyn, W. / Stinglhamber, P. / Van Parys, S.)




Comme d’autres pays européens, la Belgique se trouve actuellement au cœur d’une vague de vieillissement de sa population. La proportion de retraités dans la population totale continuera d’augmenter au fil des prochaines décennies, tandis que la part de la population en âge de travailler diminue.

Soutenabilité

Cette évolution met les finances publiques sous pression et pose la question de la soutenabilité des dépenses publiques de la Belgique en matière de pensions.

Les dépenses de pensions (attendues) sont-elles plus élevées en Belgique que dans d’autres pays de la zone euro ? Quels sont les facteurs à épingler ? Quelles sont les options politiques qui permettraient d’améliorer la soutenabilité financière des dépenses de pensions ? Comment la Belgique se positionne-t-elle par rapport à d’autres pays sur les plans de la soutenabilité sociale des dépenses de pensions ?

D’après le dernier rapport de la Commission européenne sur le vieillissement, la Belgique est l’un des pays de la zone euro où les coûts des pensions augmenteront le plus rapidement dans les prochaines décennies. En effet, l’âge moyen auquel nous cessons de travailler est généralement plus bas, notre taux d’emploi est plus faible et notre pension moyenne est relativement plus élevée.

La Belgique, comme d’autres pays européens, est actuellement confrontée à une vague de vieillissement. Une proportion croissante de la population est à la retraite, tandis que la population en âge de travailler, qui finance potentiellement les dépenses de pensions, s’amenuise. Cette tendance est appelée à s’accentuer dans les prochaines décennies. Selon le rapport 2023 du Comité d’étude sur le vieillissement, les dépenses publiques en matière de pensions se chiffreraient à 11,5 % du PIB en 2023 et grimperaient pour avoisiner 13,5 % du PIB à partir de 2050.

En outre, selon le dernier Ageing Report de la Commission européenne (2021), les dépenses de pensions en Belgique dépasseront en 2070 celles des pays voisins que sont les Pays-Bas, l’Allemagne et la France, et celles d’autres pays lourdement endettés, comme l’Espagne et l’Italie. L’article montre que ce phénomène n’est pas dû à un vieillissement plus marqué de la population belge. De fait, le rapport entre la pension et la rémunération moyenne des personnes occupées serait plus élevé que celui des pays voisins et de l’Espagne et que la moyenne de la zone euro. De surcroît, les travailleurs quitteraient en moyenne le marché du travail plus tôt que dans les pays de référence retenus, à l’exception de la France. Parallèlement, l’emploi resterait à la traîne au regard des pays voisins et de la moyenne de la zone euro. Il convient toutefois de noter que les estimations de la Commission européenne en matière d’emploi pour la Belgique étaient beaucoup plus conservatrices que les dernières projections du Comité d’étude sur le vieillissement. Par ailleurs, le rapport 2021 de la Commission européenne ne tenait pas encore compte de l’augmentation supplémentaire attendue des dépenses de pensions induites par les mesures adoptées en la matière par le gouvernement fédéral actuel.

Options politiques

L’élévation des coûts liés au vieillissement, y compris les dépenses de pensions, pèse sur la soutenabilité des finances publiques belges en général. La dette publique du pays, qui se monte actuellement à 104 % du PIB, continuera de se creuser de façon continue dans les prochaines années, sous l’effet d’un déficit budgétaire structurel se rapprochant de 5 % du PIB. Pour endiguer l’accroissement de la dette, il sera nécessaire de réduire le déficit budgétaire. Or, cette tâche semble impossible sans freiner significativement la hausse attendue des dépenses de pensions par rapport au PIB.

Nos simulations techniques montrent qu’une diminution substantielle (de la progression) du ratio des dépenses de pensions est possible en combinant différentes options politiques qui amènent les facteurs sous-jacents de ce ratio à converger vers ceux des pays de référence.

L’option politique la plus favorable au bien-être consiste à doper l’emploi des seniors, car cela permet à la fois de comprimer les dépenses de pensions, d’augmenter le PIB et d’atténuer le risque de pauvreté. Les mesures de nature à gonfler le PIB, que ce soit par le biais de l’emploi ou de la productivité, présentent l’avantage d’alléger non seulement le ratio des dépenses de pensions, mais aussi celui des dépenses globales des administrations publiques. Cependant, le renforcement de la productivité n’entraîne le ratio des dépenses de pensions à la baisse que si les pensions des personnes déjà retraitées ne sont pas majorées dans la même proportion. Enfin, toute réduction (de l’accroissement) de la pension moyenne devrait de préférence s’effectuer au détriment des pensions les plus élevées, afin de ne pas accentuer le risque de pauvreté.

En ce qui concerne la soutenabilité sociale du système de pension, une brève analyse descriptive montre que si les dépenses de pensions par retraité sont plus élevées en Belgique que dans les pays voisins, cela n’implique pas nécessairement un moindre risque de pauvreté pour les personnes âgées en Belgique.

Source : Banque Nationale de Belgique, novembre 2023​​

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