
L’un des plus gros enjeux de la COP30 sera pour les États de relever l’ambition collective à travers la soumission de leurs contributions nationales (CDN) révisées, c’est-à-dire des plans destinés principalement à réduire les émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2035, et accélérer la transition énergétique. L’analyse commune des plans doit aider à mesurer le réchauffement actuel et à envisager son évolution à moyen terme. L’Accord de Paris prévoit une révision tous les cinq ans des CDNs, ainsi qu’une obligation d’ambition plus élevée à chaque fois.
Une deuxième thématique d’importance est celle de l’adaptation, qui reste une priorité majeure pour les pays en développement et a été identifiée comme sujet d’importance par la présidence brésilienne. Il s’agira, entre autres, d’adopter pour la première fois une liste d’indicateurs destinés à suivre les progrès en matière d’adaptation au niveau mondial, et à orienter l’action climatique et le soutien.
Dans un contexte international marqué par des tensions géopolitiques et un ralentissement des engagements financiers, la question du financement climatique restera également d’importance. Dans le cadre du suivi du nouvel objectif collectif chiffré tel qu’établi à la COP de Bakou, ainsi que l’élaboration d’une feuille de route visant à mobiliser 1 300 milliards de dollars de financement climatique en 2035, les pays en développement appellent à des engagements accrus pour soutenir tant les efforts d’atténuation que d’adaptation.
Un dernier sujet d’importance au Brésil est celui de la transition juste, c’est-à-dire la transition vers une économie neutre en carbone qui protège les travailleurs, soutient les communautés affectées et veille à ce que les changements nécessaires pour le climat soient socialement équitables et inclusifs. Ces discussions incluent aussi des considérations sur les dynamiques commerciales et les protections environnementales en matière d’échanges commerciaux, un sujet brûlant et sensible pour de nombreux pays.
Outre les négociations, le Brésil s’est également engagé dans l’élaboration de « points d’actions » spécifiques, couplés à des objectifs larges décidés dans le contexte du « Global Stocktake » en 2023, et entend mener des discussions multi-acteurs pour avancer sur ces différents points. Cela concerne par exemple la restauration des terres, la sortie des combustibles fossiles, ou les liens entre climat et santé.
Finalement, la présidence brésilienne entend placer la préservation des forêts tropicales et la protection des écosystèmes au centre des débats, notamment à travers l’initiative “Tropical Forest Forever Facility”, destinée à financer durablement la conservation des forêts. Le pays souhaite également promouvoir des échanges sur les synergies entre climat, biodiversité et développement durable.
La délégation belge, approuvée par le Comité de coordination de la politique internationale de l’environnement (CCPIE), rassemble des représentants gouvernementaux — ministres, diplomates, administrations et agences publiques — ainsi que des acteurs de la société civile – chercheurs, ONGs, entreprises et représentants de la jeunesse.
La Belgique sera représentée à Belém par la Ministre wallonne Cécile Neven ainsi que le Ministre fédéral Jean-Luc Crucke. Chacun sera accompagné de collaborateurs proches et actifs sur les questions climatiques. La position belge pour la COP sera quant à elle préparée en amont, en concertation avec tous les niveaux concernés.
Au niveau de l’équipe technique, 20 personnes ont été sélectionnées pour assurer le suivi des négociations. Cette équipe est composée d'experts de l'administration fédérale et de représentants régionaux. Elle comprend notamment 11 experts du SPF Santé publique, dont le responsable de la délégation technique. Parmi eux, un grand nombre prend aussi à charge des responsabilités officielles au niveau de l’équipe de négociation de l’Union Européenne, prouvant leur expertise et la reconnaissance internationale dont ils jouissent.
Dans la tradition des délégations belges aux sommets climatiques de l'ONU, une importante représentation non gouvernementale est intégrée à la délégation. Conformément à un accord pris entre les cabinets fédéraux et régionaux, la désignation des délégués des parties prenantes a été confiée au Conseil fédéral du développement durable (CFDD). Ces représentants sont divers : les fédérations d'entreprises et des entreprises privées, les organisations environnementales, les mouvements Nord-Sud et les organisations de jeunesse notamment. Le président du Conseil ainsi que le président de son groupe de travail "énergie et climat" sont également présents.
Tous les participants non gouvernementaux prennent part à la COP de leur propre initiative et à leurs propres frais. Le Service Changements climatiques du SPF Santé publique, en tant que Point focal national de la CCNUCC pour la Belgique, gère uniquement la procédure d'inscription, permettant ainsi une participation transparente de la société civile aux négociations et aux nombreuses activités parallèles. Ces participants ne sont pas mandatés pour s'exprimer au nom de la Belgique pendant les négociations.
Le « Rapport de progrès 2025 sur la politique climatique fédérale », couvrant la période du 1er juillet 2024 au 1er mars 2025, dresse un constat contrasté. Par exemple, si des progrès peuvent être constatés dans les domaines de l’énergie et de la fiscalité, les émissions du secteur des transports rebondissent de manière significative. Dans d’autres secteurs, le bilan est plus contrasté. Le rapport souligne que, si des progrès sont bien réalisés, la politique actuelle reste insuffisante pour réduire les émissions de manière significative. Pour que la Belgique puisse contribuer pleinement à l’atteinte des objectifs climatiques européens fixés pour 2030, il est impératif de renforcer les mesures existantes et d’en accélérer la mise en œuvre.
Dix ans après la signature de l’Accord de Paris, les effets du changement climatique se manifestent plus clairement que jamais, y compris en Belgique. Notre pays s’est engagé à réduire ses émissions de 47 % d’ici 2030 par rapport au niveau de 2005. Dans ce cadre, l’autorité fédérale intervient en complément des politiques régionales, au travers de ses propres compétences. Chaque année, le rapport de progrès dresse un état des lieux destiné à informer à la fois le Parlement et l’ensemble de la population de l’avancée des mesures prévues au niveau fédéral.
Des leviers importants en matière de fiscalité et de politique énergétique
Une fiscalité plus verte demeure l’un des leviers fédéraux principaux pour réussir la transition climatique et énergétique. Depuis le début de l’année, les entreprises bénéficient d’une déduction fiscale renforcée pour leurs investissements en efficacité énergétique et en énergies renouvelables. Parallèlement, des avancées ont été réalisées dans la réforme de la fiscalité des voitures de société ainsi que dans l’adaptation du budget mobilité. Des mesures concrètes, telles que la révision des accises sur l’électricité, sont de nature à accélérer le passage vers une économie bas carbone.
Dans la zone Princesse Élisabeth, un permis environnemental a été obtenu pour le développement d’un premier parc d’éoliennes en mer du Nord. En revanche, le projet d’île énergétique, destiné à acheminer l’électricité vers la terre ferme, subit des retards. Quant à la loi fédérale sur l’hydrogène, adoptée l’an dernier et désormais mise en œuvre, elle a résisté aux contestations judiciaires, ouvrant la voie à la concrétisation des projets d’infrastructures de transport d’hydrogène.
La mobilité reste à la traîne
Le secteur des transports demeure l’un des principaux points faibles. Les mesures actuellement en place en Belgique ne suffisent pas à enrayer la hausse continue des émissions liées au transport intérieur. Le fret routier poursuit sa progression, tandis que le report à 2027 de l’extension de l’offre ferroviaire, dû à un manque de personnel à la SNCB, compromet l’ambition de transférer davantage de voyageurs vers le train.
Un accent renforcé sur l’adaptation
Des progrès ont été réalisés en matière d’adaptation, avec le lancement de nouvelles formations, d’actions de sensibilisation et une meilleure intégration des risques climatiques dans les processus fédéraux de décision. De nouvelles feuilles de route, portant notamment sur la protection des travailleurs, la résilience du milieu marin et l’élaboration de normes de produits plus résistantes aux effets du climat, visent à consolider la place de l’adaptation dans le cycle politique.
Autres domaines
Le plan d’action Économie circulaire 2021–2024 est arrivé à son terme. Une nouvelle loi, axée sur la réparabilité et la durée de vie prolongée des produits, doit inciter consommateurs et entreprises à adopter des choix plus durables. À l’échelle européenne, la révision de la réglementation sur les batteries et la réglementation « Écodesign for sustainable products » redéfinissent également l’espace d’action.
La rénovation énergétique du parc immobilier fédéral progresse trop lentement, freinée par des contraintes budgétaires et des pénuries de personnel.
Le renforcement du CERAC doit permettre d’améliorer les analyses de risques pour orienter plus efficacement la politique fédérale. La création du Conseil scientifique pour le climat constitue une avancée majeure en termes d’assise scientifique, bien que la désignation de ses membres reste en suspens.
Les nouveaux domaines Santé et Politique sociale sont désormais intégrés dans le cycle politique, avec l’élaboration de feuilles de route visant une santé neutre en carbone d’ici 2050, ainsi que le suivi des politiques fédérales relatives à la précarité énergétique et aux dimensions sociales des risques environnementaux et climatiques.
Un déficit d’émissions persistant
Malgré des progrès dans certains secteurs, le rapport souligne que les mesures fédérales ne permettent encore que partiellement de combler l’écart pour atteindre les objectifs énergétiques et climatiques de 2030. Un renforcement significatif de la politique climatique s’impose. La réduction des émissions de 47 % d’ici 2030 par rapport à 2005, dans les secteurs non couverts par le système européen d’échange de quotas d’émission, représente toujours un défi de taille. Une coordination étroite entre les niveaux fédéral et régional demeure essentielle pour garantir la cohérence et la transparence de l’action climatique en Belgique.