La rotation du personnel a encore diminué en 2021 (-16%)
Alors que les experts du marché du travail parlent depuis des mois d'une "grande démission" (ou ‘Great Resignation’ aux USA – à savoir des travailleurs quittant leur emploi en masse) qui se propagerait également au-delà des États-Unis, la rotation du personnel en Belgique a continué de baisser l'année dernière. En effet, en 2021, la rotation totale du personnel dans notre pays a atteint un niveau historiquement bas avec seulement 8,1% de rotation. Telle est la conclusion de Securex, partenaire en matière d'emploi et d'entrepreneuriat. « La Belgique connaît depuis des années une très faible rotation du personnel mais, en 2021, les mesures liées au coronavirus ont encore fait baisser ce chiffre à un niveau record », explique Frank Vander Sijpe, Director HR Trends & Insights chez Securex. « Cependant, la rotation du personnel est positive car elle apporte la dynamique nécessaire au marché du travail et crée de nouveaux emplois, mais de nombreux travailleurs belges se sentent en sécurité dans leur cage dorée. »
Le nombre de travailleurs ayant volontairement démissionné est resté stable à environ 5% l'année dernière par rapport à 2020. Il n'est donc pas (encore) question d'une "grande démission" dans notre pays. Les travailleurs plus âgés en particulier sont moins enclins à changer d'emploi : seuls 1,9% des travailleurs de plus de 55 ans ont volontairement quitté leur emploi l'année dernière. Pour les travailleurs de moins de 25 ans, ce chiffre est de 11,9% ; entre 25 et 29 ans, 11,1% et pour les 30 ans et plus, 6,8%. Le taux de départ volontaire diffère également entre les employés et les ouvriers : en 2021, 4,6% des ouvriers ont démissionné contre 5,5% des employés.
En raison de la crise liée au coronavirus, le taux de départ involontaire a également atteint un niveau historiquement bas l'année dernière : seuls 3% des travailleurs ont été licenciés par leur employeur l'année dernière. Après une augmentation assez faible entre 2018 et 2020, le taux s'est effondré depuis la crise liée au coronavirus. L'application du chômage temporaire a joué un rôle crucial à cet égard. De cette manière, le gouvernement a pu éviter des pertes d'emplois massives ainsi que des faillites en 2020 et 2021.
« En Belgique, les travailleurs sont beaucoup moins nombreux à démissionner que dans d'autres pays. Les travailleurs plus âgés en particulier ont tendance à conserver leur emploi et ils constituent une grande partie de notre main-d'œuvre en raison du fort vieillissement de la population. Plus qu'ailleurs en Europe, la Belgique compte un grand nombre de contrats de travail à durée indéterminée (89%). Ils offrent au salarié de nombreux avantages liés à l'ancienneté et font du licenciement, après des années de service, une affaire coûteuse. Les Belges ont également une aversion générale pour le risque. Les travailleurs âgés en particulier restent donc dans leur cage dorée, et les jeunes travailleurs sont toujours, eux aussi, prompts à s'accrocher à leur employeur lorsqu'ils parviennent à décrocher un CDI. », explique Frank Vander Sijpe, Director HR Trends & Insights chez Securex.
« Il y a eu beaucoup moins de licenciements l'année dernière, tout comme en 2020. Les mesures gouvernementales ont évité les faillites et permis aux entreprises de conserver leurs travailleurs compétents. Il s'agit, bien entendu, d'une très bonne chose pour laquelle le gouvernement mérite d’être salué. Il reste à savoir comment les départs involontaires vont maintenant évoluer une fois que les mesures de soutien auront disparu. Dans tous les cas, le gouvernement peut encore apporter une dynamique positive au marché du travail en encourageant les gens à quitter leur cage dorée. En effet, il y a actuellement beaucoup d'offres d'emploi pour peu de candidats, ce qui entraîne une stagnation dans de nombreux secteurs », conclut Frank Vander Sijpe.