La décision de la Cour constitutionnelle qui devait se prononcer sur les sept requêtes en annulation introduites à l’encontre de la taxe compte-titres était très attendue. Au terme des 65 pages qui composent l’arrêt, la Cour constitutionnelle annule, pour l’avenir, la Taxe sur les comptes-titres.
L’Etat belge n’aura toutefois pas à rembourser les contribuables de la taxe due pour les périodes de référence clôturées avant le 30 septembre 2019.
HISTORIQUE - La taxe compte-titres de 0,15 % applicable dès une détention égale ou supérieure à 500.000 euros a été insérée dans le Code des droits et taxes divers par une loi du 7 février 2018. Au stade même de son adoption, de nombreuses critiques, notamment celles du Conseil d’Etat, avaient été émises sur cette nouvelle taxe : pourquoi viser certains instruments financiers et d’autres pas ? Pourquoi seuls les instruments inscrits en compte étaient-ils visés et non les titres nominatifs ? Pourquoi seules les personnes physiques étaient-elles visées ? Etc.
Autant de questions qui ont nourri les recours en annulation introduits auprès de la Cour constitutionnelle arguant d’une violation des principes constitutionnels d’égalité et de non-discrimination.
L’ARRÊT - Dans son arrêt, la Cour commence par rappeler, à juste titre, qu’il n’est pas de sa compétence ou de son pouvoir de sanctionner les choix politiques du législateur lorsqu’il adopte des mesures fiscales. En effet, comme elle le précise, son pouvoir se limite à sanctionner des lois qui reposent sur des motifs soit manifestement erronés, soit manifestement déraisonnables.
Les critiques de la Cour portent sur trois points :
Ces trois constatations poussent la Cour à déclarer la taxe nulle et à empêcher sa perception pour l’avenir (et oui, tant pis pour tous ceux qui ont payé le 31 août 2019 au plus tard…dommage que l’arrêt ne soit prononcé qu’en octobre…).
ET MAINTENANT ? Faut-il dès lors considérer la taxe compte-titres comme morte et enterrée ?
Il convient d’être prudent. Rien n’empêcherait en effet un futur gouvernement fédéral de « corriger » la version précédente. Toutefois, on ne peut que déconseiller le choix de ce type de mesure contre-productive et de nature souvent plus dogmatique qu’efficace. Une fiscalité plus juste passe aussi par une fiscalité réfléchie. Peut-être que c’est le meilleur conseil que l’on puisse donner au gouvernement (quand il existera).