Une récente publication de Bruegel met en évidence un constat paradoxal : la majorité des Européens soutiennent toujours des actions ambitieuses pour lutter contre le changement climatique, mais la confiance envers les gouvernements peine à suivre. Pourquoi ce décalage ? Comment s’explique cette méfiance ? Et surtout, quels leviers pourraient redonner un élan à la transition verte en Europe ?
• Une urgence ressentie
Les canicules successives, les inondations ou encore les sécheresses ont rendu la menace climatique concrète dans le quotidien des citoyens. La couverture médiatique et les rapports du GIEC renforcent cette prise de conscience.
• Des attentes claires
Beaucoup d’Européens plébiscitent des mesures concrètes : soutien à la rénovation énergétique, promotion des énergies renouvelables, encouragement des mobilités douces… Toutes visent à réduire l’empreinte carbone et à améliorer la qualité de vie.
• Un engagement local
Au-delà du grand discours, les citoyens comprennent de plus en plus que la lutte contre le réchauffement climatique commence dans leur voisinage. De nombreuses initiatives locales (ruches urbaines, circuits courts, plateformes de covoiturage, etc.) se développent pour agir à petite échelle.
• Des promesses trop souvent non tenues
Les grandes annonces politiques se heurtent parfois à la réalité administrative ou économique. À force de retards, de tergiversations et de compromis, les citoyens ont le sentiment que les projets ambitieux finissent édulcorés ou reportés.
• La crainte d’une injustice sociale
Les taxes sur l’énergie ou les coûts liés à la transition verte peuvent peser davantage sur les ménages les plus modestes. Sans mesures d’accompagnement suffisantes, cette disproportion alimente l’idée que les gouvernements ne protègent pas suffisamment les plus vulnérables.
• Un manque de transparence
Qu’il s’agisse de la répartition des financements, de l’évaluation de l’impact des politiques ou du calendrier des réformes, certains citoyens ont le sentiment de ne pas avoir une visibilité claire. Or, l’opacité alimente la suspicion et fragilise l’adhésion.
• Transparence et pédagogie
Communiquer sur les avancées concrètes, les impacts réels et les enjeux budgétaires peut contribuer à lever les doutes. Des bilans réguliers, faciles à comprendre, aident à suivre l’état d’avancement des projets et à valoriser les succès.
• Inclusion des citoyens
Inviter la société civile, les ONG et les collectifs locaux à participer à la conception et au suivi des politiques renforce le sentiment d’appropriation. Des dispositifs de consultation ou de budget participatif sont autant d’exemples qui favorisent le dialogue.
• Équité dans l’effort
Mettre en place des mécanismes de solidarité permet de s’assurer que la charge financière de la transition ne pèse pas sur les plus fragiles. Par exemple, des aides ciblées pour les rénovations thermiques ou des incitants fiscaux pour l’achat de véhicules moins polluants.
• Préserver l’élan populaire
Le soutien massif des Européens à la lutte contre le changement climatique est un atout considérable. Cette dynamique doit être soutenue par des politiques claires et courageuses.
• Éviter l’essoufflement
Si le sentiment de désillusion s’installe, les mobilisations citoyennes risquent de se tarir, mettant en péril la réalisation des objectifs climatiques. La crédibilité des gouvernements est donc essentielle pour maintenir l’adhésion populaire.
• Innover dans la gouvernance
Au-delà des mesures législatives ou réglementaires, il devient crucial d’expérimenter de nouvelles formes de gouvernance et de participation citoyenne. Mieux partager l’information, impliquer tous les acteurs et assurer un suivi rigoureux sont autant de leviers pour réussir la transition.
L’étude de Bruegel rappelle que la volonté des Européens de lutter contre le changement climatique reste bien réelle. Mais elle souligne également le besoin impératif de restaurer la confiance envers les gouvernements, notamment par la transparence, l’équité et la participation citoyenne. Le défi à relever n’est pas seulement écologique, il est aussi politique : réussir à concilier ambition climatique et adhésion populaire pour construire une Europe plus résiliente et solidaire.