Depuis l’Antiquité, l’or est le refuge naturel des crises financières.
La thésaurisation d’or répond à un réflexe millénaire : le manque de confiance envers la monnaie fiduciaire, c’est-à-dire la monnaie émise par les États, non adossée à une valeur intrinsèque.
Ce fut le cas lors des grandes crises monétaires, comme celle des assignats pendant la Révolution française, ou l’hyperinflation allemande de 1923-24.
Les systèmes monétaires les plus stables furent longtemps ceux convertibles en or, comme le franc-or, ou franc germinal, instauré en 1803 et maintenu jusqu’en 1928.
Le système de Bretton Woods, imaginé en 1944, reposait sur la convertibilité des principales devises en or.
Il fallut attendre 1971, et la décision du président Nixon de suspendre la convertibilité du dollar, pour que l’or perde son rôle central.
Cette évolution fut entérinée en 1976, lors des Accords de Kingston, qui retirèrent à l’or son rôle légal dans le système monétaire international.
Faut-il regretter l’époque des monnaies métalliques et des références aurifères ? Probablement pas.
L’étalon-or limite la masse monétaire aux capacités minières, ce qui freine mécaniquement la croissance et contraint l’expansion du crédit.
Progressivement, la monnaie s’est détachée des stocks métalliques pour reposer sur la création monétaire bancaire.
Comme le disait Keynes, l’étalon-or est devenu une « relique barbare ».
Ce qui est troublant, c’est que l’or demeure, encore aujourd’hui, un refuge ultime.
Non seulement pour les épargnants, mais aussi pour les institutions garantes de la stabilité monétaire, comme les banques centrales.
L’histoire financière regorge de manipulations étatiques, souvent au détriment des citoyens.
La frappe de monnaie était donc réservée aux souverains.
Au Moyen Âge, Philippe le Bel (1268–1314) fut l’un des plus célèbres faux-monnayeurs officiels : accusé par le pape Boniface VIII, il modifiait les parités à sa guise, en fonction de ses besoins.
Acculé financièrement, Philippe le Bel obtint l’accord du pape Clément V pour déclarer les Templiers hérétiques et s’emparer de leurs biens.
Huit siècles plus tard, on cherche toujours le trésor des Templiers.
Mais une chose ne change pas : lorsque la confiance monétaire s’effondre, les sociétés se tournent vers l’or.
Les injections de liquidités, les plans de relance et les déficits budgétaires auront un prix, un jour.
C’est sans doute ce qui explique le réflexe aurifère.