La Confédération européenne des syndicats (CES) vient de publier un communiqué de presse sur l'évolution des salaires entre 2010 et 2019. Cette Brève de l'IDD vise à contextualiser les conclusions de ce communiqué de presse.
Le salaire réel moyen belge a (effectivement) augmenté de 1,5% entre 2010 et 2019 ; l'augmentation moyenne au niveau européen (hors le Royaume-Uni) est de 6,6%.
Il y a plusieurs indicateurs permettant de décrire l'évolution des salaires. Le salaire moyen calculé à partir des données macroéconomiques de la masse salariale et de l'emploi (nombre de personnes ou heures travaillées) est un indicateur aussi légitime que d'autres, à condition d'avoir en tête ce que ce choix implique. Voici à cet égard quatre observations essentielles :
cet indicateur mélange personnes à temps plein et à temps partiel ;
cet indicateur est impacté par les glissements structurels de l'emploi ; illustration : toutes choses égales par ailleurs, le développement d'un secteur à faibles salaries – par exemple les titres-services – presse les salaires à la baisse sans qu'aucun travailleur individuel n'ait vu sa rémunération diminuer ;
le coût salarial moyen et le salaire brut moyen peuvent enregistrer des évolutions différentes en fonction de l'évolution des cotisations sociales patronales ; c'est le cas de la Belgique au cours de cette dernière décennie ;
enfin, le choix de l'indicateur des prix pour calculer les évolutions réelles n'est pas neutre.
Regardons maintenant les données d'un peu plus près :
A la hausse réelle du coût salarial de 1,5% avancée par la Confédération correspond une hausse de 4,1% du salaire brut moyen ; la différence s'explique la baisse relative des cotisations sociales patronales.
La hausse du salaire brut moyen se réduit à 2,3% si on utilise l'indice des prix à la consommation pour calculer les évolutions réelles.
Le salaire brut moyen réel par heure de travail évolue de 3,4% (+4,1% par emploi).
Une explication à cette faible hausse – outre bien sûr le saut d'index de 2015 – est à trouver dans les glissements sectoriels de l'emploi. 85% des créations d'emploi salarié entre 2010 et 2018 ont pris place dans des secteurs où le coût salarial moyen moyen est inférieur au coût salarial moyen global. A structure sectorielle constante (celle de 2010), la hausse réelle du salaire brut moyen aurait été d'environ 7,0%. Notons aussi qu'il y a eu perte de 61.000 emplois dans des secteurs qui paient relativement bien.
Enfin, le pouvoir d'achat du salarié moyen a augmenté plus que le salaire brut au vu des réductions de l'IPP intervenues ces dernières années.