L'économie européenne continue de faire preuve de résilience dans un contexte mondial difficile. La baisse des prix de l'énergie, la réduction des contraintes d'approvisionnement et la vigueur du marché du travail ont soutenu une croissance modérée au premier trimestre 2023, dissipant ainsi les craintes d'une récession.
Ce début d'année plus favorable que prévu porte les perspectives de croissance de l'économie de l'UE à 1,0 % en 2023 et à 1,7 % en 2024 ((contre, respectivement, 0,8 % et 1,6 % dans les prévisions intermédiaires d'hiver). Une révision à la hausse de même ampleur s'applique à la zone euro, avec une croissance prévue du PIB s'établissant désormais à 1,1 % pour 2023 et 1,6 % pour 2024. En raison de tensions persistantes sur les prix à la consommation, l'inflation dans la zone euro a également été revue à la hausse par rapport aux prévisions d'hiver, à 5,8 % en 2023 et 2,8 % en 2024.
Ces prévisions reposent sur un ensemble d'hypothèses techniques – fondées sur des données arrêtées au 25 avril – relatives aux taux de change, aux taux d'intérêt et aux prix des matières premières. Pour toutes les autres données nécessaires, y compris les hypothèses relatives aux politiques publiques, les prévisions se fondent sur des informations allant jusqu'au 28 avril inclus. Sauf annonce crédible et suffisamment détaillée, les projections reposent sur une hypothèse de politiques inchangées.
La Commission européenne publie chaque année deux séries de prévisions complètes (printemps et automne) et deux séries intermédiaires (hiver et été). Les prévisions intermédiaires couvrent, pour l'année en cours et l'année suivante, le PIB et l'inflation annuels et trimestriels pour chaque État membre ainsi que pour l'ensemble de l'UE et l'ensemble de la zone euro.
Les prévisions économiques de l'été 2023 de la Commission européenne, qui actualiseront les projections en matière de PIB et d'inflation, devraient être présentées en juillet 2023.
Selon l'estimation rapide provisoire d'Eurostat, au premier trimestre de 2023, le PIB a augmenté de 0,3 % dans l'UE et de 0,1 % dans la zone euro. Selon les principaux indicateurs, la croissance devrait se poursuivre au deuxième trimestre.
L'économie européenne est parvenue à contenir les effets négatifs de la guerre d'agression menée par la Russie contre l'Ukraine et à faire face à la crise énergétique grâce à une diversification rapide de ses approvisionnements et à une réduction sensible de sa consommation de gaz. La nette baisse des prix de l'énergie se fait progressivement sentir dans l'économie, réduisant les coûts de production des entreprises. Les consommateurs bénéficient également d'une baisse de leur facture énergétique, mais la consommation privée devrait rester modérée, la croissance des salaires étant inférieure à l'inflation.
L'inflation restant élevée, les conditions de financement devraient encore se resserrer. Le cycle de relèvement des taux d'intérêt par la BCE et les autres banques centrales devrait toucher à sa fin, mais les turbulences récentes dans le secteur financier devraient accentuer la pression sur le coût du crédit et l'accès à celui-ci, entraînant un ralentissement de la croissance de l'investissement et, en particulier, de l'investissement résidentiel.
Après avoir culminé en 2022, l'inflation globale a continué de fléchir au premier trimestre 2023, dans un contexte de forte décélération des prix de l'énergie. L'inflation sous-jacente (inflation globale hors énergie et produits alimentaires non transformés) se révèle toutefois plus persistante. En mars, elle a atteint un pic historique de 7,6 %, mais elle devrait diminuer progressivement sur la période de prévision, à mesure que les marges bénéficiaires absorberont les pressions salariales accrues et que les conditions de financement se durciront. L'estimation rapide d'avril de l'indice des prix à la consommation harmonisé pour la zone euro, publiée après la date butoir des prévisions de printemps, fait apparaître un léger recul de l'inflation sous-jacente, ce qui donne à penser qu'elle pourrait avoir culminé au premier trimestre, comme prévu. Sur une base annuelle, l'inflation sous-jacente dans la zone euro devrait se situer en moyenne à 6,1 % en 2023, avant de retomber à 3,2 % en 2024, tout en restant supérieure à l'inflation globale sur les deux années couvertes par les prévisions.
Un marché du travail historiquement fort renforce la résilience de l'économie de l'UE. Le taux de chômage dans l'UE a atteint un nouveau plus bas historique, à 6,0 % en mars 2023, et les taux de participation et d'emploi ont atteint des niveaux record.
Le marché du travail de l'UE ne devrait réagir que modérément au ralentissement de l'expansion économique. Selon les prévisions, la croissance de l'emploi devrait s'élever à 0,5 % cette année, avant de retomber à 0,4 % en 2024. Le taux de chômage s'établirait ainsi juste au-dessus de 6 %. La croissance des salaires s'est accélérée depuis le début de 2022, mais elle est restée jusqu'ici nettement en-deçà de l'inflation. Les prévisions laissent présager une hausse plus soutenue des salaires en raison de l'étroitesse persistante des marchés du travail, du relèvement marqué des salaires minimaux dans plusieurs pays et, plus généralement, des pressions exercées par les travailleurs pour récupérer leur pouvoir d'achat.
En dépit de l'introduction de mesures de soutien visant à atténuer l'impact des prix élevés de l'énergie, la forte croissance nominale et le retrait des mesures résiduelles liées à la pandémie ont entraîné une nouvelle baisse du déficit public global dans l'UE en 2022, celui-ci tombant à 3,4 % du PIB. En 2023 et de façon plus marquée en 2024, la baisse des prix de l'énergie devrait permettre aux gouvernements de supprimer progressivement les mesures de soutien énergétique, ce qui devrait entraîner de nouvelles baisses du déficit, qui tomberait respectivement à 3,1 % et 2,4 % du PIB. Le ratio d'endettement global de l'UE devrait diminuer régulièrement pour passer sous la barre des 83 % en 2024 (90 % dans la zone euro), mais il restera au-dessus des niveaux antérieurs à la pandémie. Il existe une grande hétérogénéité entre les trajectoires budgétaires des différents États membres.
L'inflation pourrait certes améliorer la situation des finances publiques à court terme, mais cet effet se dissipera nécessairement au fil du temps, à mesure que le coût du remboursement de la dette augmentera et que les dépenses publiques intégreront la hausse des prix.
La persistance de l'inflation sous-jacente pourrait restreindre plus durablement le pouvoir d'achat des ménages et exiger des mesures de politique monétaire plus vigoureuses, avec de larges répercussions macrofinancières. De plus, de nouveaux épisodes de tensions financières pourraient entraîner une résurgence de l'aversion pour le risque et, par conséquent, un durcissement plus prononcé des conditions de prêt que ne le supposent les prévisions. Une politique budgétaire expansionniste alimenterait l'inflation, allant à l'encontre des mesures de politique monétaire. En outre, de nouveaux défis pourraient surgir pour l'économie mondiale à la suite des turbulences dans le secteur bancaire ou de tensions géopolitiques plus larges. Sur le plan positif, une évolution plus favorable des prix de l'énergie entraînerait un recul plus rapide de l'inflation globale, avec des retombées positives sur la demande intérieure. Enfin, l'invasion de l'Ukraine par la Russie fait peser des incertitudes persistantes.
La publication des prévisions comprend, pour la première fois, un aperçu des caractéristiques économiques structurelles, des résultats récents et des perspectives pour l'Ukraine, la Moldavie et la Bosnie-Herzégovine, auxquelles le Conseil a accordé le statut de pays candidats à l'adhésion à l'UE en juin et décembre 2022.
Document intégral: Prévisions économiques du printemps 2023
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Source : Commission Européenne, presse, mai 2023