Réforme fiscale, de méprisables jeux tactiques

On se doute bien que la réforme fiscale, si elle advient un jour, constituera un problème très complexe pour le gouvernement, vu les divergences énormes de point de vue idéologique entre ses composantes. Cela pouvait évidemment se voir dès le début, et si on en avait tiré les conséquences, on se serait épargné des années d’errements.

On a déjà connu il y a quelques mois la note fantôme d’un comité fantôme, pourtant présidé par l’excellent professeur Delanote. Sans qu’on en produise le texte, on a déjà fait courir le bruit que ce comité ad hoc avait proposé, en toute prétendue innocence, des réformes fondamentales comme la taxation des plus‑values sur actions et sur immeubles, la taxation des loyers réels et peut‑être une petite réduction du taux d’impôt sur les revenus professionnels.

Aujourd’hui, c’est un tout aussi mystérieux rapport (préparatoire ?) du Conseil Supérieur des Finances, que l’on n’attendait plus, dont on parle, mais qui n’est pas publié non plus.

A l’adresse du Ministre des Finances, on peut déjà en tout cas constater qu’il manque de la plus singulière transparence, lui qui incite les contribuables à être transparents envers ses services. A chaque fois, on fait en sorte, évidemment, de manière volontaire, que des fuites aboutissent dans la presse, sans même dire quelle est la source réelle de ces révélations, et on se base sur des rapports que personne ne voit.

Il s’agit, faut‑il le dire, de très médiocres jeux politiciens. Au mieux, des ballons d’essais pour apprécier la réaction des adversaires. Au pire, on dit le faux pour connaître le vrai, à moins que ce soit l’inverse.

Il est toutefois très clair que les deux prétendus rapports ont les mêmes défauts. Tous deux, suivant une tradition bien belge, partent toujours du principe qu’il faut augmenter les impôts, ou en tout cas qu’il n’est pas question de les réduire. Ainsi, lorsqu’il ne s’agit pas de majorer la pression fiscale, il faut, chaque fois que l’on accorde ou fait semblant d’accorder une petite réduction d’impôt, que celle‑ci soit « compensée » par une augmentation de charges ailleurs.

C’est ainsi qu’on en arrive à proposer cette colossale aberration qui est d’augmenter le taux de la TVA en période d’inflation énorme. Ou encore que l’on envisage de réduire certains avantages au niveau de la taxation des rémunérations, comme chèques-repas, alors que l’on prétend combattre la taxation excessive des revenus du travail.

La seule conclusion à en tirer est que l’on n’a pas affaire à des gens sérieux.

Malheureusement.

Thierry Afschrift

Source : Afschrift Tax & Legal, 16 mai 2022

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