Il y a 30 ans, je m’en souviens, c’était un honneur que d’intervenir comme orateur pour une association professionnelle prestigieuse. Il n’était jamais question de rémunérer l’orateur, car on était si fier d'être invité . C’était une une autre époque.
Aujourd'hui, les temps ont changé et les pratiques aussi heureusement
Au nom du principe que tout travail mérite salaire, la plupart des associations professionnelles et autres organismes rémunèrent dignement leur orateur.
À titre d’exemple, notre ASBL ADFPC se fait un point d’honneur de rémunérer à hauteur d’au moins 500 € (max possible pour équilibre du budget) tout orateur qui vient faire un séminaire de 3 h. Je ne m’en vante nullement car ça me paraît être normal, vu les immenses efforts déployés par le conférencier : donner une conférence, c’est consacrer des heures à rédiger un support ou des slides, c’est préparer et étudier l’exposé, c’est pfs dormir difficilement la veille en raison du stress qu’une telle formation peut occasionner, c’est se déplacer (avec pfs des bouchons ) vers la salle de conférence, c’est la présentation elle-même , c’est répondre à des questions pfs difficiles posées à cette occasion, etc. .. Bref c'est svt une journée facturable à laquelle il est renoncé.
Certains orateurs sont de vrais héros : je me souviens d’un confrère il y a un mois assez malade qui est parvenu pdt 3h à assurer la prestation de manière remarquable, avant de s’effondrer.
Rémunérer un orateur pour le temps et les efforts fournis est une question de dignité et de respect.
J’invite les membres du Conseil de l'ITAA à réfléchir à une recommandation imposant tous opérateurs de formation à signer une Charte actant le principe d’une rémunération décente aux orateurs (tenant compte bien sûr des capacités financières de chaque ASBL). Cela évitera aussi les distorsions de concurrence.
Chaque orateur qui accepte les formations ou anime un débat à titre gratuit doit aussi se demander s’il agit dans son intérêt (augmentation de sa « visibilité ») , ou dans l’intérêt de l’organisateur. Si c'est gratuit, quelqu’un vous exploite.
Cette petite chronique me fait penser à la théorie des avantages anormaux bénévoles de l’art. 26 du CIR. Un avantage anormal est un avantage qui est contraire à l’ordre habituel des choses, aux usages commerciaux établis . Un avantage bénévole est un avantage accordé sans qu’il constitue l’exécution d’une obligation ou qui est accordé sans contrepartie.
Le droit fiscal n’est jamais loin pour nous éclairer, même sur cette question.
Belle année 2024 à celles et ceux qui, courageusement , consacreront encore du temps et de l’énergie à former des milliers de professionnels dans vos matières favorites . Mais de grâce, n’oubliez pas d’être payés pour le job!