La situation budgétaire belge ou française, comme celle de nombreux autres pays dont le déficit budgétaire est considéré comme excessif, est l’aboutissement de décennies d’égarement et d’une mauvaise gestion publique.
Nous sommes entrés dans le « coût » du vieillissement de la population, qui entraîne des dépenses sociales croissantes, mais aussi une moindre croissance. Il y a donc une évidente divergence entre les recettes et les dépenses publiques.
Pourquoi cette réalité n’a-t-elle pas été intégrée alors qu’elle était prévue, donc prévisible ?
Parce que la tempérance de la gestion publique s’est dissipée au profit d’un individualisme et, je crois, d’un report de l’impôt et des cotisations sociales vers le travail, tandis que certaines poches de capital ont été détaxées (amnisties fiscales, possibilité de transmettre un patrimoine par donation avec quasi-exonération d’impôts, etc.).
En même temps, les contraintes liées à l’Union européenne et à l’euro ont conduit des pays, dont la Belgique, à diminuer les investissements publics pour respecter (vaguement) des critères d’endettement.
Quelle responsabilité coupable de nos anciens dirigeants qui savaient que les dépenses sociales allaient augmenter.
En vérité, l’euro portait en lui la déconstruction des modèles sociaux, seule garantie de pouvoir à la fois respecter les contraintes d’endettement et effectuer les investissements publics.
L’euro était donc un pur choix néolibéral, destiné à vulnérabiliser le travail au profit du capital qui devait « circuler ».
Aujourd’hui, nous sommes des populations surtaxées, et nous voulons bénéficier des avantages sociaux pour lesquels nous avons cotisé.
Mais cela ne se passera pas ainsi : nous allons subir un choc d’appauvrissement collectif.
Croire que la solution se situe uniquement dans la croissance de demain est une illusion, de même que les « effets-retours » positifs des politiques publiques : ces effets sont tellement « retours » qu’ils ne reviennent jamais.