Sommes-nous dans les années trente ? À Berlin en 1933 ou à Munich en 1938 ?

Ma mère, qui n’avait à l’époque que 4 ans, se souvient du regard épouvanté de ses parents et grands-parents, réunis en vacances, lors de l’invasion allemande de la Pologne. Quelques jours plus tard, la guerre serait déclarée à l’Allemagne. Pourtant, près d’un an plus tôt, les accords de Munich, qu’il est tellement facile de critiquer aujourd’hui, avaient rassuré des populations qui, au prix d’un abandon des Sudètes, ne voulaient pas, 20 ans plus tard, faire face à une nouvelle grande guerre qui avait tué, blessé, mutilé des dizaines de millions de citoyens.

Et aujourd’hui ?

Aujourd’hui, si nous ne comprenons pas que l’Europe file vers la guerre et qu’il faut donc chercher la paix, nous entrons dans une décennie de très grands malheurs.

Le monde s’est transformé. Le néolibéralisme anglo a sciemment émietté la solidarité sociale, en agrandissant la fissure, devenue désormais béante entre le capital et le travail. Nos sociétés ne sont plus homogènes, car le projet de solidarité s’est dissipé. Comme je l’ai souvent écrit : je pense que le populisme est l’enfant d’une putain néolibérale.

Au reste, c’est le pays de sa naissance qui est au bord d’une période fasciste dont les contours s’éclairent chaque jour un peu plus. Après avoir nimbé notre naïf, mais humaniste, continent dans une coupable vassalisation américaine, les États-Unis vont poursuivre leur repli, entamé depuis 1919, même si nous leur devons notre liberté au terme de deux guerres.

Animée par des pulsions totalitaires, et peut-être messianique, la Russie continuera son expansion et démontrera que, comme en 1939 avec la Pologne que nous avons trahie, l’Europe occidentale et, bien sûr, les États-Unis, ne viendront pas contrarier leurs aventures militaires, plongeant nos pays sous un ciel bas, noir et anxiogène, pendant que d’autres menaces intérieures nous guettent.

Cherchons la paix !

Alors, il faut chercher la paix. Car, quand bien même nous mettrions nos pays sur pied de guerre, nous n’en aurions pas le temps. Et puis, le monde de 2024, surpeuplé et toxique de ses excès environnementaux, est beaucoup plus dangereux. Les guerres possibles sont multiples : cybernétiques, idéologiques, nucléaires avec un environnement qui ne nous fera plus crédit

​Je pense que dans un délire médiatique, nos dirigeants n’ont pas pris la mesure du contexte global. Napoléon avait écrit que l’homme (de guerre) doit être capable de considérer fortement et longtemps les mêmes objets sans être fatigué.

​Nos dirigeants ne l’ont pas fait, et l’histoire leur en tiendra rigueur.

Mais si on ne veut pas faire la paix, alors il faut se préparer à la guerre. Et nous ne le faisons pas. Et cela, c’est être munichois.

Être munichois, en 2024, ce n’est pas chercher la paix à tout prix.

C’est d’être indécis, pusillanime et velléitaire.​​​​​

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