Tout ce que Donald Trump avait annoncé était donc prévisible. Pourtant, par cécité ou naïveté, l’Europe n’a pas voulu comprendre que non seulement le régime politique avait changé aux États-Unis, mais que le contexte militaire et multilatéral était révolu.
Aujourd’hui, les Européens se réveillent avec des droits de douane prohibitifs sur leurs exportations, auxquels ils ne pourront pas répondre par des droits de douane européens, tout en étant incapables de réagir autrement, en raison de leur position de vassalité. Dans le même temps, les excédents de production chinois risquent d’inonder leur marché, aggravant encore la situation économique du continent.
Sur le plan militaire, là aussi, tout était évident. Ce sont les Européens, dont certains dirigeants en treillis militaire, qui clamaient la lutte jusqu’à la victoire, avec le soutien financier et militaire des États-Unis. Aujourd’hui, ils se retrouvent à quémander une place dans un nouveau "Yalta", en référence à la conférence de février 1945, qui vit Churchill, Roosevelt (qui décèdera quelques semaines plus tard) et Staline redessiner le monde – sans De Gaulle, à sa grande colère. Et pour ceux qui l’ignorent – ce qui ne s’invente pas –, Yalta se trouve en Crimée.
La Pax Americana est donc révolue, et l’Europe, mal dirigée, est abandonnée. Nous devrons assurer notre propre défense, ce dont nous sommes incapables, tout en payant cher un soutien américain déloyal. De plus, nous devrons participer à la reconstruction de l’Ukraine dans un contexte européen de croissance quasi nulle, d’endettement public exténuant et grevé par le vieillissement de la population.
Mais – et je l’écris souvent – il y a encore une surprise majeure qui viendra frapper nos économies : une crise monétaire et financière. Elle découlera de l’impossibilité pour le dollar de rester une devise forte, alors que la dette américaine devrait bientôt atteindre 40 % du PIB mondial. Le ratio de la dette publique américaine par rapport au PIB mondial est passé d'environ 10-12 % dans les années 1980 à environ 30 % en 2023. Cette augmentation reflète une croissance de la dette américaine plus rapide que celle de l'économie mondiale. De plus, l’inflation américaine sera alimentée par les mesures de stimulation économique de Trump, rendant le système encore plus instable.
Il y aura donc un choc négatif sur le dollar qui va foudroyer et transpercer tout le système financier occidental.
J’espère me tromper, mais j’ai une mauvaise intuition.
Nous ne sommes pas au bout de nos mauvaises surprises.