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Un milliard pour Amazon, mais que reçoit la PME flamande ?

Commander un colis aujourd'hui pour être livré le jour même devient le nouvel adagio d'Amazon, dans le sillage de bol.com. Et pour y parvenir, Amazon prévoit un investissement logistique d'un milliard d'euros dans notre pays. Le consommateur en profite. Mais la PME est-elle aussi gagnante ?

L'annonce de l'investissement gigantesque d'Amazon dans notre pays peut compter sur l'approbation de nombreux acteurs. Le consommateur peut, depuis son canapé, commander des produits du monde entier, et le jour même, une camionnette – le plus souvent avec une plaque d'immatriculation néerlandaise – se trouve devant sa porte. C'est un luxe, non ?

Et oui, Amazon peut aussi aider les PME à vendre leurs produits au-delà des frontières, leur donnant ainsi accès à un marché gigantesque. En effet, les PME flamandes réalisent déjà en moyenne 16% de leur chiffre d'affaires via les ventes en ligne, une part qui est structurellement supérieure à la moyenne européenne.

Plus de 1.400 PME belges vendent via Amazon et réalisent un chiffre d'affaires annuel à l'exportation de 350 millions d'euros. C'est considérable mais cela ne représente qu'une PME sur mille. Pour les 99% autres PME, surtout les plus petites, le commerce international en ligne est plutôt néfaste.


Les PME flamandes et leurs boutiques en ligne

Chaque PME qui propose des biens ou des services est presque obligée d'avoir aussi une boutique en ligne. Les boutiques en ligne sont en effet la vitrine d'une PME dynamique. Ce n'est souvent rien de plus qu'un prolongement numérique du magasin physique. Les coûts de mise en place et d'entretien de la boutique en ligne dépassent souvent les bénéfices des ventes. Seules quatre boutiques en ligne sur dix parviennent à générer des profits grâce aux activités d'e-commerce. Il n'est donc pas étonnant que, bien que 73% des PME belges soient présentes en ligne, seules 28% disposent d'une boutique en ligne.


« Pour 62% des détaillants indépendants, les géants d'Internet tels qu'Amazon, Bol.com, Shein et Temu constituent la plus grande menace »


Et en effet, l'une des principales raisons de cette rentabilité faible ou négative est la concurrence féroce des boutiques en ligne internationales. Pour 62% des détaillants indépendants, les géants d'Internet tels qu'Amazon, Bol.com, Shein et Temu constituent la plus grande menace. Grâce à leur pouvoir de marché, ces plateformes peuvent pratiquer des prix avec lesquels les PME locales ne peuvent absolument pas rivaliser. L'intelligence artificielle et la robotisation feront encore baisser le prix de revient des produits en ligne. Et étant donné les volumes énormes, les entreprises peuvent se permettre de vendre avec des marges extrêmement faibles. En parlant de volumes, 3 millions de colis arrivent quotidiennement de Chine, un triplement en un an. Ce tsunami de produits bon marché – aucun produit n'est plus cher que 150 euros – crée une concurrence déloyale.


Vacance commerciale

L'engouement pour le commerce en ligne entraîne également que les magasins physiques réalisent moins de chiffre d'affaires et, par conséquent, deviennent moins rentables. C'est bien sûr néfaste pour les PME concernées, mais aussi pour l'écosystème d'une ville. La vacance commerciale est monnaie courante dans de nombreuses villes. Ce ne sont pas tant les zones commerciales périphériques qui concurrencent les magasins des villages et des villes, mais plutôt les ventes en ligne internationales.

L'impact des géants internationaux du e-commerce tels qu'Amazon et Alibaba sur la rentabilité des PME est majoritairement négatif. Saluer sans réserve l'investissement d'Amazon me semble alors quelque peu exagéré. Oui, l'impact pour le consommateur et pour l'emploi est positif. Mais l'impact pour les PME n'est pas entièrement positif et pour l'écrasante majorité des PME, il est carrément négatif. Et pour l'environnement aussi, l'impact est négatif. Le modèle économique des géants internationaux du e-commerce repose en effet sur le transport de biens et services du monde entier via des avions et d'innombrables camionnettes. Peut-être que les consommateurs soucieux de l'environnement devraient intégrer cet élément dans leur comportement d'achat. Après tout, manifester pour le climat n'est pas vraiment cohérent avec un comportement d'achat en ligne international. Personnellement, je privilégie autant que possible les produits fabriqués en Flandre ou, à tout le moins, fabriqués en Europe.

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